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ASSE : Laurent Lachand, réalisateur au coeur Vert

Réalisateur reconnu, qui officie à Canal Plus et qui était aux manettes lors de la dernière finale de la Coupe du monde France-Argentine, Laurent Lachand est un Stéphanois resté amoureux des Verts. Et forcément, lorsqu’on évoque l’ASSE d’hier et d’aujourd’hui, les souvenirs remontent. Entretien.

Au travers d'un article qui vous était consacré dans le quotidien l'Equipe avant la dernière finale de la Coupe du monde, vos années stéphanoises étaient évoquées sans que l'on parle de l'ASSE. Vous n'étiez pas un spectateur assidu de Geoffroy-Guichard ?

Laurent Lachand. Bien sûr que si. Et même si le temps passe, que je n'habite plus Saint-Etienne et que je suis moins les résultats, certains souvenirs sont à jamais gravés dans la mémoire. Les Verts, je les ai connus bien avant l'épopée, bien avant le phénomène. Je suis allé à Geoffroy-Guichard très jeune, avec mon père, connaissant donc la période Bosquier-Carnus et en voyant même des matches de Robert Herbin joueur !

Vous étiez donc aux premières loges pour assister aux matches mémorables face au Dinamo Kiev ou au PSV Eindhoven ?

L.L. De cette magnifique période, ce sont surtout des images qui me restent. Celle du stade notamment, d'un puits de lumière que je voyais du haut de ma colline, là ou on habitait. Geoffroy-Guichard était une lumière ainsi qu'un bruit car vous pouvez le croire ou non, mais on entendait parfaitement les clameurs du chaudron. On arrivait presque à savoir quand l'ASSE marquait rien qu'au bruit.

 

"La seule chose avérée, à cette époque, c'est qu'on ne s'imaginait jamais perdre"

A la différence des joueurs de l'époque, qui se sont rendus compte de la folie verte quelques années plus tard, aviez-vous conscience du phénomène populaire que l'ASSE représentait ?

L.L. Difficile de s'en rendre compte lorsque vous habitez dans cette ville, justement. Saint-Etienne était connue pour ses Verts, c'est une évidence, et on savait que le club avait des supporters dans tout le pays, mais de là à parler de phénomène, non. La seule chose avérée, à cette époque, c'est qu'on ne s'imaginait jamais perdre. L'ASSE gagnait tout, c'était presque devenu une habitude pour nous, les suiveurs plus ou moins assidus.

Ce qui a vite changé au début des années 80 avec l'affaire dite de la Caisse Noire….

L.L. Les résultats, les victoires ou les défaites, ça parle à ceux qui sont résolument supporters. Moi, j'ai aimé et je continue d'aimer le football pour ce qu'il véhicule, pour ce qu'il est et pour les souvenirs procurés. Au sujet de l'ASSE, la fin des belles années correspond à celles de Michel Platini chez nous par exemple. Pour moi, ce n'est déjà plus le même jeu, déjà plus les mêmes règles par rapport à ce que j'avais connu dans les années 60 et 70. 

C'est à dire ?

L.L. Lorsque je vous parle de souvenirs forts, me vient un exemple : j'ai eu la chance, lorsque j'étais à TF1 de travailler avec Jean-Michel Larqué. Pour moi, Larqué, ça reste une émotion, une image, celle de son but fabuleux en finale de la Coupe de France contre le Racing Club de Lens en 1975. C'est même le plus beau but de l'histoire de la Coupe. D'avoir pu échanger avec lui sur ce but, c'était extraordinaire car c'était le foot de mon enfance.

On imagine qu'en devenant réalisateur, vous avez eu l'occasion de couvrir de nombreux matches des Verts dans le chaudron ?

L.L. Je peux même vous dire qu'avec Jean-Jacques Amsellem, lorsque Canal Plus retransmettait toute la Ligue 1, on avait une règle tacite : à lui les PSG-OM au Parc des Princes, à moi les derbys ASSE-OL à Geoffroy-Guichard. C'était toujours un immense plaisir de couvrir ces matches car mes connaissances du club, su stade, des supporters m'aidaient dans mon travail. Je m'imposais bien entendu de faire abstraction de mon penchant pour les Verts.

Avec le temps qui passe, et les résultats si décevants ces dernières années, avez-vous l'impression qu'on associe toujours autant Sainté à ses Verts ?

L.L. En ce qui me concerne, on me parle toujours autant des Verts lorsque je dis que je suis Stéphanois. C'est une évidence. Mais cela reste tout de même générationnel et il est acquis que le Sainté des belles années est aujourd'hui à ranger au rayon des souvenirs pour les gamins de 20 ans. L'épopée, les titres, tout ça commence à parler à de moins en moins de monde.

Suivez-vous encore les résultats de l'ASSE ?

L.L. J'ai été comme tout le monde attristé par la descente, même si, encore une fois, je suis un peu ça de loin. Le club vit à l'heure actuelle une sale période, une galère de plus dans sa riche histoire. Mais rien n'effacera jamais ce qui a été accompli. C'est comme pour mes souvenirs personnels avec l'ASSE, ça reste gravé éternellement.

Recueilli par B.D.

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