« C’est un paradoxe. Alors que Didier Deschamps avait couché sur sa dernière liste les noms de William Saliba et Wesley Fofana, association qui, sans leur forfait pour blessure, aurait mis en évidence le travail de la formation à Saint-Étienne, Laurent Batlles n’aligne plus de joueurs issus du centre (à l'exception de Saïdou Sow, au Havre). On l’a déjà écrit, la situation l’exige sans doute et on nous rétorquera qu’il y a quand même Léo Petrot recalé à l’ASSE avant d’y revenir et qu’Aïmen Moueffek aurait été aligné au Havre s’il avait été opérationnel. N’empêche que cela ne fait pas beaucoup pour un club dont l’essence et l’histoire reposent sur sa capacité à sortir de jeunes talents. En fait, essence est un mot juste car ces dernières années les bons éléments issus de l’Etrat ont surtout servi de carburant pour renflouer les caisses.
Il nous revient une réflexion de Stéphane Guy avant un match à Monaco retransmis par Canal. S’adressant à Bernard Caïazzo qui vantait la politique de trading, notre confrère releva que si tous les clubs voulaient en faire, tous n’allaient pas gagner de l’argent. Disons que les dirigeants stéphanois ne s’en sont pas trop mal sortis depuis, sur un plan purement économique. Former, acheter, faire progresser des joueurs et les vendre : ils ont su faire. Sportivement, c’est autre chose. A ce jeu du « qui gagne perd », ils ont en effet beaucoup perdu. Est-ce fini d’ailleurs ? En décembre, on a tous eu peur du pire, du côté du Forez et de ses ramifications hexagonales avant le redressement amorcé sur 2023 qui n’est pas pour autant certitudes de lendemains qui chanteront.
Pression et fatigue mentale
Même en restant invaincus sur les trois dernières journées, les Verts n’ont pas assis leur position et ont même vu les équipes de derrière revenir. Deux points d’avance seulement sur le premier relégable, ce n’est pas une marge suffisante pour commencer à regarder vers le haut, comme l’espérait Laurent Batlles avant la réception d’Amiens « On est sur un chemin de croissance et il faut y rester. Je regarde les équipes devant nous pour les dépasser et avancer dans le classement ».
Problème, le bouillon pris, jusqu’à la goutte d’eau de trop à Bastia, a été tel qu’aujourd’hui, il est impossible de s’arrêter de ramer et même de souquer très fort. A tel point que les deux belles prestations à Bordeaux et au Havre n’ont pas suffi à faire monter la ligne de flottaison, pour cause de semi-échec devant Amiens.
Christophe Galtier avait pour coutume d’expliquer que les nuls permettaient de faire tourner le compteur avant de l’emballer avec une victoire. L’expression a été en partie reprise par Kader Bamba en Normandie, mais chacun a bien conscience que rien n’est acquis dans cette lutte pour le maintien à laquelle Anthony Briançon expliquait samedi dernier dans La Tribune-Le Progrès que les joueurs pris l’été dernier n’y étaient pas préparées « On nous a pas recrutés pour ça ». Avant de relever « On a eu un déclic, peut-être un peu tard mais on l’a eu grâce à des valeurs de solidarité et de battant. Tout cela et les arrivées du mercato de l’hiver font que la dynamique est aujourd’hui meilleure ».
La réaction de l’équipe au Havre, l’a encore confirmé mais le capitaine devenu exemplaire sait aussi compter « Il faut continuer de prendre des points ». Tous ont deux semaines pour s’y préparer, « une trêve qui tombe à pic » relève l’ancien Nîmois «On va récupérer. Il y a une fatigue mentale, on a joué des matchs à pression ». Ce n’est pas fini et il faut encore garder un œil dans le rétro. »=
Didier Bigard