« Travail, résilience, humilité, solidarité, partage. Cette saison n'aura jamais aussi bien illustré nos valeurs ». L’intitulé du tweet de l’ASSE qui se voulait un résumé de la saison de l’équipe de Laurent Batlles, même agrémenté d’un petit cœur vert a fait soulever celui de Patrick Guillou et de bien des supporters. A trop vouloir en faire, on oublie parfois l’essentiel et le sens des mots. D’accord, la deuxième partie de la saison à été satisfaisante sur un plan comptable et même dans le jeu, si on oublie les trous de la défense. Mais une saison débute en août, pas en février et l’omettre, c’est zapper la souffrance endurée dans les gradins comme sur le terrain, par les acteurs de tout bord.
Travail ? On veut bien pour ce qui est de la progression du groupe, fruit de l’obstination de Batlles qui n’a pratiquement pas dévié de ses principes quant au système adopté dès le début de la saison. Par contre, il a dû rebattre les cartes de son effectif lors du mercato hivernal et si on peut alors mettre en avant le travail de la cellule de recrutement du mois de janvier, et le sien, c’est qu’il y avait eu fiasco l’été dernier. Ceci appelle à plus de modestie.
Résilience? Le mot est à la mode. Oui, les quelques Verts qui sont restés titulaires après les arrivées massives destinées à redresser le navire, ont montré leur capacité à surmonter le choc traumatique des matches allers. Mais le mérite en revient d’abord au sang frais injecté et à l’apport technique l’efficacité et l’état d’esprit des Charbonnier, Larsonneur, Appiah, N’Koukou. La résilience, c’était plus de la providence.
"Mettre en avant son humilité, c’est quand même un comble !"
Humilité ? C’était la qualité la moins discutable… jusqu’à cette communication du club. Mettre en avant son humilité, c’est plutôt un comble, style emballages de papillotes. Restons donc sur l’attitude des vrais acteurs pour en développer le bien fondé. Batlles a fait preuve de cette humilité, trop même en suscitant quelques interrogations quand il a avoué ne plus trop savoir quoi faire. Mais au moins ses joueurs ne risquaient-ils pas l’excès de confiance. Tout au plus auraient-ils pu parfois se montrer un peu plus sérieux, plus concentrés dans les deux surfaces, et d’abord la leur.
Solidarité? Oui bien sûr mais elle s’est surtout manifesté quand l’équipe s’est redressée, pas avant et c’était bien là le gros problème. Aucune couverture, aucun soutien au copain en difficulté, aucune solution proposée. On a souvent été loin de cet altruisme prôné dans la longue descente automnale de l’équipe. Et si on doit parler solidarité, c’est du côté des tribunes qu’elle a été constante en dehors de quelques rares slogans d’humeur pour réclamer une équipe digne de son public. Voir autant de vert à l’extérieur et de monde à Geoffroy-Guichard se passe de tout autre commentaire. Les supporters ont toujours soutenu le maillot, les joueurs. Moins les dirigeants, pas du tout les actionnaires, mais on ne peut pas trop leur demander.
Partage? Cela a été vrai dans les bons moments, mais il est facile de venir devant les kops chanter la victoire, comme on l’a vu faire à la télé des Lensois chicotant à Bollaert. En fait, c’est aussi la misère qui a été partagée, celle des trois points de pénalité qui ont tellement pesé dans les têtes qu’ils ont été démultipliés au classement. Celle des gradins déserts qui ont aussi vidé les esprits de celui de conquête. Sur un plan purement matériel il y a eu partage (on ne dira pas des richesses) dans la pratique des tarifs de certains matches. Mais plus philosophiquement et humainement, il a fallu attendre trop longtemps pour voir les portes des entraînements s’ouvrir et ne parlons pas de celles qui donnent accès aux joueurs en dehors des rendez-vous imposés et bien sûr des dirigeants. Mais promis, ça ira mieux demain et on veut croire que ce n’est pas une huitième place qui fera pousser des cocoricos verts sur Twitter en juin 2024. Mais la montée. »
Didier Bigard