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Ligue 2

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « La formation, une question ou une solution ? »

Cette semaine, Didier Bigard évoque la formation mais aussi le Mercato de l’ASSE avec un départ de taille, celui de Jean-Philippe Krasso…

La formation à la française a fait ses preuves. On la doit à des vieux sages dont seuls les bien plus de cinquante ans ont gardé des images. Henri Guerin, Georges Boulogne et plus près de chez nous Jean Snella, Robert Herbin, Pierre Garonnaire mais aussi le parfois oublié Robert Philippe. Avec bien sûr Roger Rocher pour orchestrer. C’était avant-hier mais les fruits continuent de mûrir sur les arbres greffés à Rennes, Lyon ou Monaco les trois meilleurs clubs formateurs de Ligue 1 selon la FFF. Après demain, on fera une nouvelle récolte de lauriers ou d’espoirs avec l’équipe de France éponyme. Les Lukeba, Caqueret, Cherki, Barcola et Lepenant montrent surtout la prédominance de l’OL, arbre cachant la forêt, comme les  jeunes pousses cultivées au PSG à l’ombre des stars et écloses en Allemagne où on sait traduire la notion de patience.

L’ASSE ne joue plus dans la même cour, plutôt dans celle de Laval, Grenoble, Nîmes ou Dijon et si on évoque ces clubs, c’est parce que nos confrères de L’Equipe les ont cités dans différents sujets consacrés à la problématique des dirigeants face à la formation, à ses coûts, à ses incertitudes. Une question qui peut également se poser à Saint-Étienne où on a certes réalisé de belles affaires budgétaires avec Saliba et Fofana, mais peut-être perdu beaucoup plus sportivement, philosophiquement et en définitive financièrement avec des ambitions rangées au fond du tiroir de l’intéressement, une descente inexorable jusqu’au grand plongeon en Ligue 2.

 

Le comble du trading, voir un joueur partir libre comme Krasso

 

Michel Platini dont personne ne pourra nier la vision du jeu, même s’il a pu se laisser entraîner sur une fausse piste pour la Coupe du monde, s’interroge dans La Tribune-Le Progres sur la possibilité pour les Verts de revenir au premier plan. Après avoir balayé l’espoir de revenir rapidement au premier plan « Sauf à ce qu’on trouve du pétrole dans les mines… », il ne croit pas trop à une réécriture de l’Histoire avec le même crayon qu’il y a un demi-siècle. Quand notre confrère lui demande si « la formation peut être la voie possible d’un retour au premier plan », la réponse cingle, réaliste, froide comme l’économie du ballon, la perte des valeurs qu’il a longtemps défendues « Maintenant, tu formes un gamin de 16 ans, à 17 ans il est parti. C’est l’argent qui fait la différence. Quand tu as de l’argent, tu as de bons joueurs ». À Sainté, les bons s’en vont. Saliba et Fofana certes mais la liste est longue de Zouma à Raveyre qui quitte le club sans même un match en pro, et libre, en passant par les Guilavogui, Ghoulam, Camara et autres, moins cotés. Beaucoup ont permis de respecter la règle vertueuse des actionnaires devant la DNCG. Ces derniers avaient-ils d’autres choix? Si oui (on le pense) ils l’auront de moins en moins. « A la fin de chaque contrat (aspirant, élite, stagiaire) il y a danger » constatait  Christophe Point, directeur du centre de formation de Dijon, dans L’Equipe, et la menace ne vient pas toujours de loin. « Avant, les clubs français entre eux ne se piquaient pas les joueurs en cours de formation », regrette, toujours dans L’Equipe, Bernard Blaquart, formateur et ancien directeur des centres de Grenoble, Tours et Nîmes. Aujourd'hui, il me semble que c'est la jungle». De quoi remettre en question une politique de formation qui coûte entre 1,3 et 7 millions selon la catégorie du centre ? C’est ce que suggère Laurent Lairy, le président de Laval qui veut faire payer les parents et ce qu’avait fait Rani Assaf, le président de Nîmes en fermant boutique. Moins expéditif, le directeur général de Grenoble, Max Marty, se dit soucieux d’une évolution que beaucoup devancent déjà comme le note Point dans la même enquête de notre confrère « Tout le monde fait en sorte de verrouiller », c’est à dire signer des joueurs de plus en plus jeunes, comme à l’ASSE. Une autre voie est celle des férus du trading, dénicher des joueurs prometteurs, les faire progresser et les revendre. Le comble est alors de ne pas laisser partir le joyau sans anneau. Comme Krasso qui s’en va libre… »

Didier Bigard 

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