« ASSE 1 – Bordeaux 1, Camara sorti pour deux cartons, Kolo averti. Koscielny à peine jauni pour un tacle dangereux sur Bouanga : c'était le 8 mars. Thomas Léonard ne songeait certainement pas qu'on reparlerait en début d'été de son arbitrage contesté à la sortie de l'hiver. En d'autres temps, on aurait dit « la saison dernière » mais le Covid a fait son tour du monde. Si la L1 a tourné la page avec une queue de poisson dont les arràªtes ont fait s'étrangler Lyonnais, Amiénois et Toulousains, il reste deux finales à jouer, la dernière de l'Histoire pour ce qui est de la Coupe de la Ligue. Et la plus belle, la vraie, celle avec laquelle les Verts fantasment de s'enivrer depuis 1982, un des plus douloureux échecs de la légende de cette coupe de France qui est le plus beau des trophées pour un footballeur.
Une finale à§a se gagne, à§a ne se joue pas, écrivent les apprentis psy de vestiaires en recherche de source de motivation. Lopez et tous les Verts d'hier, défaits au Parc des Princes par Rocheteau, ne diront pas le contraire. Mais leur chef de bande, Platini, devenu président, s'est aussi rappelé du bonheur d'àªtre sur le terrain et de l'intéràªt du spectateur, quand il a fait changer les règlements de l'UEFA, pour limiter les suspensions lors d'une finale.
Cette apothéose, on en ràªve. Qu'on ait 21 ans comme Mahdi Camara ou 28 comme Timothée Kolodziejczak, qu'on ne se soit jamais éloigné du Forez ou qu'on ait traversé l'Atlantique. Quand on en est dépossédé, c'est un cauchemar, pour le gamin comme pour le vieux briscard. C'est ce que vivent les deux joueurs de Claude Puel qui a évoqué le sujet, pas seulement parce qu'il sera privé de deux éléments majeurs, le 24 juillet face aux Parisiens. « La particularité de la situation, c'est de finir une saison au-delà du 30 juin avec des suspendus durant le championnat qui devront purger leur match lors de la finale, ce que je trouve dommage. Je regrette très fortement qu'on n'ait pas considéré ces cas comme exceptionnels. Après une telle coupure, pour moi, à§a l'était ».
Dix matches sans jouer, n'est-ce pas suffisant comme sanction?
Il y a un facteur humain qui a échappé – pour l'heure – aux dirigeants de la Ligue, sans doute trop absorbés, entre les contrats télé renégociés, les pertes financières à combler, les relégations discutées sur les bords de la Garonne comme en Picardie, et bien sûr Jean-Michel Aulas… Passé ce coup de feu, nous allons faire confiance aux censeurs pour qu'ils se transforment en penseurs, qu'en l'espace d'une visioconférence, ils réfléchissent à l'application bàªte et aveugle de règles d'un temps sans virus, sans confinement, sans privation de football, sans suspension pour tous. Dix matches sans jouer, n'est-ce ce pas suffisant comme sanction? Si, bien sûr, selon le CNOSF saisi par l'AS Monaco sur le cas de Gelson Martins (six mois pour avoir bousculé un arbitre). Les sages du Comité olympique ont suggéré à la FFF de revenir sur sa décision de ne pas prendre en compte la période allant du 13 mars au 30 juin dans la purge de cette suspension à temps.
Mais comment procéder pour revenir sur des suspensions à match? On entend déjà les pères la rigueur, les petits juges de la discipline parler de risque de précédant, se cachant derrière la poussière des règlements. Mais s'ils ont été assez ingénieux pour tenter de rallonger la suspension de Gelson Martins, ils sauront bien trouver comment voter une petite loi d'amnistie. »
Didier BIGARD