Si l’ASSE connait un début de saison délicat, le sportif s’est malheureusement mis au diapason de ce qui se passe en coulisses. Focus sur les nombreux soucis de fonctionnement qui minent les Verts. Partie I.
1/ Une gouvernance qui n’est pas du tout sur la màªme longueur d’ondes
Si l’AS Saint-Etienne cherche à rester au maximum sur la continuité avec ses coaches, c’est aussi et surtout parce que chaque changement annoncé relance le souci irrésolu(ble) entre Bernard Caà¯azzo et Roland Romeyer. En 2010, après six années d’une cohabitation chaotique, les deux présidents ont répartis les tâches : Caà¯azzo en président du Conseil de Surveillance gérant les intéràªts stéphanois aux instances à Paris, Romeyer au Directoire pour s’occuper du club au quotidien. Une manière d’éviter les confrontations directes. Sauf que les « deux frères » sont trop différents dans leur manière de voir les choses. Au libéralisme de Caà¯azzo, qui ràªverait d’une ASSE clinquante avec des noms et de nouveaux actionnaires étrangers, Romeyer répond tout en conservatisme, préférant le « Made in Forez », le coach franchouillard ou le joueur L1 à bas prix. Cela n’aurait aucune incidence sur le fonctionnement des Verts si l’un n’essayait pas de marcher sur les plate-bandes de l’autre et inversement. Un vrai jeu d’échec avec les nerfs des supporters stéphanois et des autres dirigeants, lesquels tombent comme des mouches depuis le début de cette cohabitation il y a une quinzaine d’années…
2/ Une ligne de conduite qui change au gré des Mercatos
C’est aussi la conséquence de ce pouvoir bicéphale et schizophrénique. Les clubs qui marchent sont souvent ceux qui ont une manière de fonctionner claire et lisible. Le LOSC, par exemple, a choisi le trading joueurs pour exister et mise sur un gros travail de scoutisme pour àªtre une vitrine à jeunes talents. A Reims ou Angers, des clubs aux moyens moindre de l’ASSE, on tient aussi une ligne de conduite claire avec une vision et une cohérence dans les choix. Saint-Etienne n’a jamais réellement bénéficié de à§a. Ou plutôt elle change au gré du vent, de l’entraà®neur n°1 choisi et la présence ou non d’Europe. Il y a un an, le projet était de réduire le groupe à 15 joueurs expérimentés pour donner un terrain d’expression aux jeunes. Cet été, Sainté a recruté à tour de bras (et pas toujours des joueurs en devenir…) afin d’avoir tous les postes doublés. Deux projets aux antipodes, qui donnent l’impression d’un club de bricolage qui vit en fonction du marché et des opportunités. Deux projets qui interrogent sur la vision à moyen et long terme du pouvoir en place.
3/ L’absence d’un directeur sportif (ou général) qui se fait ressentir
L’an dernier, il y avait une armée mexicaine autour du tandem Caà¯azzo – Romeyer et du staff en place. Le diplomatique Dominique Rocheteau occupait le rôle de directeur sportif, apportant sa sagesse et faisant tampon quand il le fallait. A ses côtés, il y avait un directeur général Frédéric Paquet, censé permettre à Roland Romeyer de prendre de la distance. Le premier est parti à la retraite. Le second a demandé à s’en aller après avoir subi les critiques de Caà¯azzo et vu ses prérogatives rognées par Romeyer. Il n’y a plus vraiment de pièce centrale pour orchestrer la cacophonie ambiante puisque Paquet a cédé sa place à un directeur du marketing. Durant l’été, au moment du recrutement, David Wantier (responsable de la cellule de recrutement) s’est retrouvé avec des pouvoirs élargis sur le Mercato… Mais avec une sorte de « permis probatoire » et sous la menace constante d’un recrutement externe pour occuper le poste qu’il convoite. Sur ce point aussi, la relation entre Caà¯azzo et Romeyer n’aide pas. L’un demeurait méfiant et ràªvait de confier le poste à un jeune dynamique, l’autre était pràªt à miser sur de la promotion interne.
Alexandre CORBOZ