Ligue 1
FC Nantes – Girard : "Notre championnat n'est pas si bidon que à§a !"
En 2012, René Girard avait créé la sensation en emmenant Montpellier jusqu'au titre de champion de France.
Aujourd'hui à Nantes, l'entraà®neur pose un regard épaté sur le sans-faute de l'OGC Nice, qui suit une trajectoire similaire. Un Gym chez qui les Canaris ont rendez-vous en cette fin du mois d'octobre”¦
But! Nantes : René, que vous inspire l'actuel parcours de l'OGC Nice ?René GIRARD”ˆ: Je suis assez bluffé par la qualité de cette équipe qui, en 2015-16, avait déjà fait une grosse saison (ndlr : Nice avait fini 4e), ne l'oublions pas. Une équipe qui, en plus, a perdu Ben Arfa, Germain et Mendy au milieu. On pouvait donc penser que ce serait compliqué pour eux car c'étaient des garà§ons décisifs. Mais avec Dante, Balotelli et Belhanda, ils ont remplacé poste par poste avec des joueurs de grande qualité. Là où cette équipe est surprenante, c'est qu'elle a continué avec une dynamique très positive dans le jeu et les résultats. Claude (Puel) avait fait un beau travail et Lucien Favre le prolonge. Il y a vraiment de la qualité. En plus, ils ont cette réussite de l'équipe partie pour faire une grosse saison. Il y a une dynamique très positive. Par exemple, le match de Lorient, que j'avais bien regardé car on jouait les Merlus juste après : cette fois-là , les Nià§ois ne méritaient pas forcément de l'emporter mais ils ont gagné quand màªme (2-1) grâce à leur efficacité.
“On a vécu quatre saisons où c'était quasiment bouclé avant de commencer. Et là , tout le monde reprend un peu confiance. On a notre mot à dire !”
Après un tiers de la saison, a-t-on le droit de ràªver au titre ? Vous-màªmes à Montpellier, y songiez-vous en 2011/12 ?à‡a va venir ! La presse et les gens vont y venir, et nous aussi on se pose la question : sont-ils capables d'aller au bout ? Tiendront-ils ? La différence, c'est qu'ils ont fait une belle saison l'an dernier et aujourd'hui, ils vont avoir la meute à leur trousse régulièrement. Il ne faut pas oublier qu'ils jouent l'Europe aussi. Je crois qu'il leur faudra une part de réussite mais aussi espérer que l'usure ne sera pas trop grande pour entamer la deuxième partie et aller jusqu'au bout. Car durant la première partie, on monte le col et dans la deuxième, on le descend. C'est tout aussi dangereux d'un côté comme de l'autre. Il ne faut pas àªtre trop usé pour manquer les virages. Aujourd'hui, avec ce que j'ai vécu, je ne peux pas dire que c'est impossible de vivre un truc comme à§a mais je sais que à§a ne sera pas simple. Il faudra que tout s'enclenche bien ! Sur le début de saison, en tout cas, il semblerait qu'ils en soient capables ! Nous, quand nous étions 2es voire 3es, on n'a pas visé cette 1ère place devant Paris, qui semblait intouchable, mais au fond de nous, on y a toujours cru. La preuve, on n'a jamais lâché. On est toujours resté à portée de fusil pour, à la fin, avoir la capacité mentale de passer devant. Les Nià§ois n'ont personne devant en ce moment mais Monaco, Paris voire Lyon sont derrière et vont vouloir grignoter. Ils vont avoir de gros matches à jouer. C'est excitant, ce bonheur d'àªtre devant et d'avoir à préparer tous les matches pour les gagner, sans la possibilité de se relâcher. Pour le public, pour tout le monde, ce sont des moments géniaux !
Le tout c'est donc d'y croire sans l'exprimer publiquement ! Il ne faut jamais dire jamais en somme”¦Non, puisque c'est arrivé ! On a vécu quatre saisons où c'était quasiment bouclé avant de commencer, où Paris a dominé le championnat en ayant dix points d'avance au bout de dix journées, pour ensuite dérouler jusqu'au bout. Et là , tout le monde reprend un peu confiance. On a notre mot à dire ! A mon avis, Monaco est supérieur aux autres années. De son côté, Paris a pas mal chamboulé de choses et Nice s'exprime pleinement. Les Aiglons ont quatre points d'avance sur le 2e (ndlr : l'ASM), c'est un peu un départ à la parisienne, c'est énorme ! Il faut croire que notre football ne se porte pas aussi mal que à§a. Notre championnat n'est pas si bidon que à§a !
“C'est excitant, ce bonheur d'àªtre devant et d'avoir à préparer tous les matches pour les gagner, sans la possibilité de se relâcher. Pour le public, pour tout le monde, ce sont des moments géniaux !”
Tout cela doit vous rappeler de bons souvenirs avec ce que vous avez vécu à Montpellier !Ah oui, complètement. Et c'est bien ! En début de saison, je disais qu'il faudra respecter cette équipe de Paris qui peut nous représenter à merveille en Ligue des champions. Mais pour notre championnat, respecter le PSG c'est aussi lui donner du fil à retordre. Et Nice est en train de faire tout à§a ! à‡a amène une fraà®cheur au niveau du championnat.
Quel est le piège ? Celui de tomber dans l'euphorie, l'excès de confiance ?Je crois qu'ils ont des gens d'expérience qui sont là pour dire “Attention, il ne faut pas s'enflammer”. Ils le savent ! Que ce soit leur coach ou alors Dante, qui disputait la Ligue des champions avec le Bayern Munich. L'autre devant (ndlr : Balotelli), c'est pareil ! Et je trouve qu'ils ont aussi de jeunes joueurs de grande qualité qui s'adaptent bien à la situation. Mais c'est une évidence, il ne faut pas se croire déjà arrivé car le chemin est encore long, avec un calendrier assez chargé. Il y a la Coupe de la Ligue, la Coupe de France et l'Europa League. Si à§a permet de faire tourner l'effectif, tout cela mange physiquement et psychologiquement avec les nombreux déplacements. à‡a doit entrer en ligne de compte !
Quel conseil adresseriez-vous à Lucien Favre ?Il n'a pas besoin de conseil, je crois qu'il a déjà vécu de très bons moments dans le championnat allemand. Il connaà®t bien son métier, il sait où il va et les embûches qu'il peut rencontrer d'ici la fin de la saison.
Younès Belhanda, qui a vécu à§a avec Montpellier, peut àªtre un atout pour Nice aujourd'hui ?Je pense qu'il va faire passer un message positif à ses copains. Leur dire d'y croire, que tout est faisable !
Charles GUYARD