Ligue 2
RC Lens : comment Blanchard a remis la main sur le Mercato
A l’époque d’Antoine Koumbouaré, Jocelyn Blanchard n’avait absolument plus voix au chapitre au niveau de l’équipe première et en matière de recrutement.
Mais depuis l'arrivée d'Alain Casanova au RC Lens, il semble avoir repris ses fonctions. Décryptage.
Jocelyn Blanchard avait disparu des écrans radars depuis de nombreuses années ! En tout cas, aux yeux du grand public et des observateurs”¦ La raison ? Antoine Koumbouaré était un entraà®neur solitaire. En tout cas, il n'était pas du tout du genre à partager le pouvoir sportif avec d'autres. Et surtout pas avec un directeur sportif. Dès l'arrivée du Kanak à la tàªte des Sang et Or en juillet 2013, Jocelyn Blanchard avait donc été prié d'aller voir ailleurs”¦ et màªme s'il effectuait tous les déplacements avec l'équipe première. Si les premiers mois avaient màªme été houleux entre les deux hommes, l'indifférence la plus totale s'était ensuite installée au fil du temps, au premier étage de La Gaillette. Pour le directeur sportif, il n'y avait alors plus d'autres choix que de se la jouer discret face à l'omniprésence de Kombouaré, patienter et attendre son heure… Car à l'époque, Gervais Martel avait tranché, cédant à tous les désirs de son entraà®neur sur les choix sportifs et la gestion de l'équipe première. En confiant les clés du secteur sportif à Antoine Kombouaré, Martel avait donc imposé, sans forcément le formuler, le silence à Blanchard. Une longue traversée du désert, en tout cas sur le plan médiatique, avait alors rythmé le quotidien du directeur sportif, durant trois ans, se contentant de chapoter Pascal Plancque puis Hervé Arsène. Tout au long de cette période, « Joce », comme l'appelle ses anciens partenaires et beaucoup de gens à La Gaillette, a donc concentré son énergie sur les jeunes pépites lensoises. Et sans rechigner semble-t-il. Car l'homme a un penchant affiché pour la formation et apprécie imaginer l'avenir sang et or sur le long terme”¦ Mais dernièrement, il est subitement réapparu en plein lumière, à l'occasion de la présentation de Kevin Fortune et Teddy Chevalier, les deux attaquants recrutés par le RC Lens. Si ce jour-là , Alain Casanova avait dû s'absenter pour raisons personnelles, Blanchard a semblé très à son affaire d'avoir enfin de nouveau son mot à dire. On sentait màªme un directeur sportif soulagé. D'autant plus que dès son arrivée au club, le nouvel entraà®neur avait clairement formulé son intention de travailler étroitement avec le directeur sportif en place. « Nous sommes très heureux d'accueillir Kévin Fortune et Teddy Chevalier », annonà§ait donc ce jour-là le directeur sportif revenu en grâce. « Car c'est bien ce qui nous a manqué par le passé : pouvoir inscrire des buts ! »
Pour le moment, Jocelyn Blanchard semble néanmoins y aller sur la pointe des pieds. En revanche, il insiste fortement sur les décisions redevenues enfin collégiales au Racing club de Lens. Et on le croit sur paroles ! « Le coach a été très heureux de pouvoir faire ces deux recrues, désirées par tous », répondait-il à une question d'un journaliste. « Ils sont parfaitement dans les profils de joueurs que l'on souhaitait recruter ». Visiblement, il y a donc de nouveau une politique sportive globale au RC Lens. Et aussi un état d'esprit, selon Jocelyn Blanchard : « En plus, ce sont deux joueurs qui ont manifesté une grosse envie de rejoindre le club. Et ce sont des valeurs très importantes pour nous ». En résumé, Jocelyn Blanchard semble avoir de nouveau une politique des ressources humaines à mettre en place, ou tout au moins à mener, dans le domaine sportif”¦ C'est sûr que à§a doit le changer de l'omniprésence à la Kombouaré, où màªme le recrutement ne concernait que le coach et ses réseaux ! Bref. La question qui se pose aujourd'hui au directeur sportif est simple. Avec l'arrivée de deux attaquants de métier, le potentiel offensif du Racing club de Lens est-il suffisant pour atteindre les objectifs fixés par le club ? « Non ! », répond-il sans sourciller. « Aujourd'hui, notre recrutement dans le domaine offensif n'est pas finalisé. Il nous faut au moins un attaquant supplémentaire pour pouvoir les appuyer ». Et quel profil devra avoir le candidat idéal ? « Celui d'un attaquant pur ». Au passage, on notera que Jonathan Nanizayamo et Simon Banza ne semble pas àªtre les appoints suffisant dans l'esprit du directeur sportif.
Comment se fait-il que Fortune et Chevalier soient arrivés si tard et que le club peine visiblement à trouver le renfort supplémentaire ? « On a recruté dans les secteurs importants pour nous », détaille Jocelyn Blanchard. « Mais on savait que le secteur le plus difficile à renforcer serait le front de l'attaque ». Et pourquoi ? « On a reà§u une pléthore de CV. Sauf que des attaquants capables de marquer des buts mais à des tarifs et des montants de transferts qui puissent nous correspondre, à§a ne tombe pas comme à§a ». Et le directeur sportif insiste sur la nécessité d'avancer sur ce dossier”¦ « Si vous vous souvenez bien », rappelle-t-il, « les dernières années où nous avions pu recruter des attaquants, c'était l'année de la montée avec Pablo Chavarria, Daniel Ljuboja ou encore Yohan Touzghar. Nous avions un secteur offensif très fourni. Or depuis quelques années, il l'est beaucoup moins. Ce qui a permis à nos jeunes joueurs de jouer. Mais de là à marquer des buts, c'est une étape supérieure ». Quand la situation va-t-elle se décanter ? « Nous sommes très impatients dans ce domaine-là », admet Blanchard. « La fin du marché a lieu le 31 août. Je pense que pas beaucoup de clubs peuvent se targuer de dire que leur recrutement était terminé avant la première journée. Donc personne ne fait le malin et nous non plus. Nous gardons les yeux et les oreilles très ouvert pour voir aussi un peu ce qui se passe dans les clubs de Ligue 1. On veut se laisser des opportunités jusqu'à la fin du Mercato ». Cette situation est-elle de nature à perturber le début de saison des Sang et Or ? « Aujourd'hui, il y a des joueurs en place qui doivent prouver plein de choses », précise Jocelyn Blanchard. « Mais ce qui compte pour nous est d'avoir le meilleur groupe possible tout au long de l'année. Donc s'il faut àªtre capable de l'améliorer jusqu'à la fin du Mercato, on doit àªtre capable de le faire ». Parallèlement, d'autres départs sont-ils à envisager ? Jocelyn Blanchard ne ferme pas la porte : « Les principes du Racing club de Lens sont simples. Il faut un prix correct pour pouvoir se libérer de certains joueurs ».
Enfin, tout le monde a noté que les matches amicaux n'avaient pas attiré la grande foule du côté du Touquet, de Boulogne ou encore de Douai. Seule la rencontre à Bollaert face aux Gunners a fait le plein. Oui, mais c'était Arsenal ! « Le public lensois est généreux et exigeant », explique le directeur sportif des Sang et Or. « Nos supporters sont en demande. Ils ont entendu des discours différents depuis des années. Chose que nous n'avons pas toujours pu maà®triser. Aujourd'hui, ils veulent donc voir. Et comme on dit, ils payent pour voir. Aujourd'hui, ils attendent donc qu'une équipe se bâtisse. Qu'elle se construise. Une équipe qui travaille ». Et comme voit-il la situation évoluer au cours des prochaines semaines ? « Dès l'instant où ils vont sentir que ce groupe fait les efforts et travaille, va vers l'avant et à des objectifs d'essayer de remporter tous ses matches en faisant du mieux possible, je n'ai aucun souci », se montre-t-il confiant. Avant d'appeler de tous ses vÅ“ux : « Ils vont nous suivre et àªtre encore plus nombreux que les années précédentes ! » Comme quoi”¦ on peut passer trois ans au fond du placard du groupe « pro » et ne jamais perdre son optimisme !
Notre correspondant à Lens, Benoà®t Dequevauviller
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