Ligue 1
FC Nantes : la science au service des Canaris
De la gélule connectée à la cryothérapie en passant par les balises GPS : aujourd’hui, les joueurs du FC Nantes sont plongés dans une révolution technologique au service de la performance.
Premier volet de notre dossier sur les techniques d’entraà®nement des Canaris.
Demain, ce ne sont peut-àªtre plus (seulement) les millions investis sur tel ou tel crack qui feront gagner des titres, à l'image du PSG ou du Real Madrid, mais une meilleure connaissance des joueurs et, surtout, la capacité d'optimiser exactement leur rendement individuel sur le terrain en fonction de leur physiologie. Dans un sport de haut niveau, la recherche de la performance, du reste, a toujours été au centre des préoccupations, ce qui, dans le football notamment, a largement étoffé les staffs techniques rendant obsolète l'image traditionnelle d'un entraà®neur entouré simplement d'un adjoint et du doc. Aujourd'hui, sur la photo officielle d'une équipe, outre les joueurs eux-màªmes, c'est toute une armée d'intendants, de préparateurs physiques, de médecins ou de kinés qui s'est ajoutée. Demain, sans doute y verrons-nous aussi quelques blouses blanches apparaà®tre le temps du cliché ? “Nous ne sommes pas un laboratoire”, nuance Stéphane Wiertelak, le prépa physique des Canaris. Pas encore du moins”¦
Le FCN pionnier en matière de cryothérapie
Car le FC Nantes vient bel et bien d'inaugurer ce qui pourrait devenir une tendance dans les prochaines années : le joueur connecté ! Fin septembre, avant les matches face à Rennes et au PSG, dix Canaris ont en effet été invités à ingérer une pilule dissimulant un mini capteur servant à mesurer leur température interne avant, pendant et après la rencontre. Une manière de savoir comment les corps réagissent aux efforts et quel protocole engager pour faciliter ensuite la récupération. Développée par la société BodyCap, cette gélule vient compléter une panoplie déjà bien fournie au service de la performance et dont le FCN peut parfois en revendiquer la paternité. Ainsi la cryothérapie, qui consiste à provoquer un choc thermique par le froid pour accélérer la récupération et soigner les petits bobos : c'est Philippe Daguillon, l'historique kiné du club, qui a installé en 2009 à la Jonelière ce système aujourd'hui très répandu en Ligue 1.
Et quand un nouveau joueur débarque, il est par ailleurs soumis depuis plus d'une décennie au Cybex, un test d'effort pour calculer la force musculaire, déceler d'éventuels soucis d'équilibre avant d'établir un programme spécifique d'entraà®nement si besoin. Enfin, depuis cinq ans, les Jaune et Vert sont également munis d'un GPS, non pas pour retrouver le chemin de l'entraà®nement, mais pour étudier leurs mouvements sur le rectangle vert. Cet été, la FIFA ayant validé son utilisation en match, le FCN a équipé tous ses joueurs de ce petit boà®tier qui se porte dans le haut du dos.
‘La vérité, c'est la manière dont on travaille’
Formé à l'ancienne école, Michel Der Zakarian n'est toutefois pas si déboussolé que cela par tout cet attirail. “C'est comme à§a avec les technologies, à§a va très vite, il y a des données beaucoup plus pointues qu'à l'époque, observe le coach. Mais la vérité, c'est la manière dont on travaille. Certains fournissent toujours de gros volumes d'effort mais sont incapables d'accélérer, n'ont pas de qualité de vitesse, et ne pourront pas monter leur régime à haute intensité. Chacun est constitué différemment.” Le métier d'entraà®neur est-il en train de glisser sur un terrain plus scientifique ? Pas forcément selon Der Zakarian qui, au-delà de tous ces chiffres et courbes de températures, ne jure que par l'observation pure.
“Ces informations sont importantes pour les joueurs qui peuvent voir jusqu'où ils peuvent aller. Mais moi, je n'ai pas forcément besoin d'avoir toutes ces données quand je revois les matches. Je vois tout de suite si le mec a couru ou pas. Après, le gars peut courir très vite, mais s'il ne court pas au bon endroit ou au bon moment, à§a ne fonctionne pas non plus. Il faut avoir de bons pieds, une bonne tàªte, un bon physique. On peut se servir de la vidéo, du GPS, mais à§a reste un sport collectif dans lequel il y a des individualités et il faut des profils différents pour pouvoir avoir une bonne complémentarité.” Le coach en blouse blanche, ce n'est donc pas (encore ?) pour demain au FC Nantes où seul le compte le fameux bleu de chauffe.
Charles GUYARD
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