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Ligue 1

ASSE – L’oeil de Didier Bigard : « C’est la lutte des classes face aux puissants d’Europe »

Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard dénonce la réforme de la Ligue des champions, à l’instar du président stéphanois Bernard Caiazzo.

« Ce n'est pas une histoire de gilets jaunes et cette lutte des classes ne fera pas pleurer dans les chaumières. Il n'empàªche que le combat mérite d'àªtre mené autant pour sa portée philosophique que financière. Nous évoquons, bien sûr, la résistance qui s'organise face au projet des plus grands clubs européens, créer une compétition pratiquement fermée pour remplacer ni plus ni moins que la Champion’s League.

On ne va pas jouer aux anciens combattants ou tomber dans la nostalgie verte. On a compris depuis longtemps que les éliminations directes étaient trop coûteuses, trop dangereuses pour les gros budgets et qu'on la réserve désormais aux tours préliminaires qui ne concernent guère que de petits intrus frappant à la porte de la cour des grands.

Nous n'avons plus guère que les livres d'histoire pour ràªver de renversements de situations sur un match retour, plus que des pages à feuilleter, encadrées à jamais dans les esprits avec les exploits qui ont écrit la légende des verts, face au Bayern, Split, Kiev où Eindhoven.

Que Bernard Caà¯azzo conduise ce combat contre ceux qui veulent enterrer définitivement l'incertitude du football est assez logique. Sa passion a été nourrie par Geoffroy-Guichard. Il vibre encore quand un poucet renverse un géant, tel Rennes samedi. Il aime ce ballon quand il ne tourne pas dans le sens de ceux qui pensent que les filets tremblent devant les fonds d'investissements.

Après avoir écrasé le football franà§ais le Paris des émirs voudrait-il donc le tuer ?

Que le PSG traverse sa pire saison de l'ère qatarie au moment màªme où sa direction se rallie au projet d'une ligue au côté de ceux qu'il ne parvient pas à approcher sur le terrain, Bayern, Real, ou Barca est un joli pied de nez sportif.

Après avoir écrasé le football franà§ais le Paris des émirs voudrait-il donc le tuer, avec pour complices Andrea Agnelli l'héritier de Turin, Karl-Heinz Rummenigge le calculateur de Munich ou Florentino Pérez le sénateur de Madrid. ? Avec aussi la bienveillance de maà®tre Aleksander Ceferin qui a pris le fauteuil de Michel Platini, mais bien trop large pour lui.

90 % des clubs franà§ais sont derrière Noël Le Graet qui défend les intéràªts de la FFF. Ils rejoignent ceux de la LFP. La réforme envisagée ferait passer le nombre de matches de poules de 96 à 224, obligeant les championnats nationaux à réduire leur nombre de clubs (de 20 à 18 pour la L1) et elle ne laisserait que deux plages de quinze jours et quatre matches par an aux équipes nationales. D’où des pertes de recettes pour les uns et les autres, et pire une perte d’intéràªt pour les compétitions domestiques puisque champion et vice champion franà§ais (hors PSG et OL) ne seraient pas sûr d’avoir une place dans cette nouvelle Ligue des”¦ champions.

Au delà des clubs pros, c’est tout le football qui serait touché avec moins de moyens pour les clubs amateurs, moins de formation, moins de Mbappe à l’avenir. Les grands penseurs de la réforme l’oublient pour un seul objectif faire de l’argent, à court terme.

« C’est ridicule et un réel danger » se désole Bernard Caà¯azzo et c’est ce que 85 % des clubs européens diront à Madrid où 150 à 200 sont attendus les 6 et 7 mai, au grand dam d’Agnelli, démocrate qui demande à ses amis riches de ne pas s’y rendre ! Sans doute sent-il le vent de la révolte. En France où Jean-Michel Aulas serait revenu à plus de raison après avoir soutenu ce projet, tout en ràªvant à la présidence de la FFF, une assemblée générale extraordinaire est convoquée le 15 mai pour que chaque club se prononce.

En 2016, cette màªme bande avait profité du départ forcé (ou provoqué?) de Michel Platini de l’UEFA pour imposer une première réforme

A l’UEFA on s’inquiète de cette levée de boucliers, on affirme que les présidents des petits clubs sont partis dans les tours sans raison, que rien n’est acté pour cette Ligue semi fermée qui interroge ses adversaires «Et le sport dans tout à§a ?». Le business prend le pas sur l’éthique et il faudra àªtre fort pour le freiner. A l’avenir les dix plus grands clubs disposeraient de budgets dépassant le milliard ! Comment lutter face à ce que les petits qualifient de « dictature » ?

En 2016, cette màªme bande avait profité du départ forcé (ou provoqué?) de Michel Platini de l’UEFA pour imposer une première réforme. Et « Les autres clubs s’étaient fait fait avoir », pour reprendre les termes d’un président franà§ais, affirmant que Lille, Monaco, Marseille, Saint-Etienne percevraient deux fois moins de revenus que Lyon ou Anderlecht pour des résultats identiques. Cette fois encore les puissants ont voulu aller vite mais le projet ne sera pas bouclé en mai comme ils l’espéraient. « S ‘ils s’entàªtent, ils connaà®tront de sérieux avatars » promettent les autres acteurs du football « Quand il s’agit de sa propre survie, tout le monde réagit…’

LH

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