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Ballon d’or : Ronaldo couronné, Ribéry snobé, faut-il s’en offusquer ?

Il y a six mois, pas grand-monde n’aurait parié sur une victoire de Cristiano Ronaldo à l’élection du Ballon d’or 2013.

La saison venait de s’achever et il s’agissait, pour le Real Madrid, d’une des pires de la décennie : nettement distancés par leur rival barcelonais en Liga (15 points d’écart à l’arrivée), éliminés en demi-finale de la Ligue des Champions, les hommes de José Mourinho avaient aggravé leur cas en s’inclinant face à voisin, l’Atlético Madrid, en finale de la Coupe du Roi. Autant d’échecs dont les votants ont fait abstraction au moment d’offrir le trophée à CR7, homme de statistiques. C’est tout l’enjeu de ce Ballon d’or 2013 : fallait-il récompenser l’exploit individuel ou la performance collective ?

Ronaldo, une anomalie de l’histoire

Face au Portugais se dressaient Lionel Messi, champion d’Espagne avec le FC Barcelone, et surtout Franck Ribéry, auteur du triplé championnat-coupe-Ligue des Champions avec le Bayern Munich. Réaliser le triplé ne constitue pas une garantie de succès au Ballon d’or : sur les sept équipes ayant réussi pareil exploit (le Celtic en 1967, l’Ajax Amsterdam en 1972, le PSV Eindhoven en 1988, Manchester United en 1999, le FC Barcelone en 2009, l’Inter de 2010 et, donc, le Bayern), une seule a vu l’un de ses joueurs remporter la plus haute distinction européenne : le Barà§a, avec Messi en 2009 (l’impact des triplés de 1972 et 1988 avait toutefois été atténué par la présence d’un Euro la màªme année).

Reste qu’au regard de l’histoire du Ballon d’or, la victoire de CR7 en 2013 constitue une rareté. Sur les 58 trophées décernés depuis 1956, cinq seulement l’ont été à des joueurs n’ayant pas remporté le moindre titre durant les douze mois précédents : Stanley Matthews (Blackpool) en 1956, Dennis Law (Manchester United) en 1964, Gerd Müller (Bayern Munich) en 1970, Kevin Keagan (Hambourg SV) en 1978, ainsi qu’un autre Portugais, Luis Figo (FC Barcelone / Real Madrid), en 2000.

Ribéry, tout simplement moins fort

S’il fallait récompenser le meilleur joueur de la màªme équipe, comme ce fut longtemps la règle officieuse, Franck Ribéry aurait donc aujourd’hui un Ballon d’or au-dessus de sa cheminée. Mais la valeur intrinsèque des nommés prend aujourd’hui le pas sur les succès collectifs. Faut-il le déplorer ? Pas forcément. Longtemps, le Ballon d’or a versé dans l’excès inverse : Fabio Cannavaro, auteur d’une année 2006 moyenne avec la Juve puis le Real, n’avait dû son trophée qu’au succès de l’Italie à la Coupe du monde. L’importance donnée au palmarès des candidats semblait alors trop importante.

De màªme, si le Ballon d’or a pour vocation de récompenser le meilleur joueur du monde, alors l’international tricolore a encore du chemin à faire pour égaler le niveau de Messi et Ronaldo, comme en témoigne cette statistique.

Bref, entre deux ‘monstres’ individuels et un joueur moins épatant mais plus titré, il n’y avait pas de vainqueur idéal en 2013. Chacun jugera donc de la pertinence d’élire Ronaldo selon ses propres considérations.

L’ère des ‘franchise players’

Ce que traduit, finalement, l’élection du Portugais, c’est cette starification nouvelle, outrancière, qui voudrait qu’une équipe soit identifiée à un joueur, et non plus l’inverse. De la màªme manière que les franchises NBA s’appuient sur un ‘franchise player’ entouré de lieutenants, certains clubs européens sont devenus des monarchies dépendantes d’un seul homme : Ronaldo règne à Madrid, Messi incarne le Barà§a, Ibrahimovic dicte sa loi au PSG. À l’inverse, les résultats du Bayern, aux pouvoirs mieux répartis, reposent presque autant sur Thomas Müller, Bastian Schweinsteiger, Manuel Neuer ou Philip Lahm que sur Franck Ribéry. En ce sens, les principaux adversaires de l’ancien Marseillais pour le Ballon d'or n'étaient-ils pas ses coéquipiers ?

Julien Demets

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