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PSG – EXCLU Entretien avec l'architecte du Parc des Princes
Quarante ans après son inauguration, le Parc des Princes est devenu l’un des stades les plus mythiques de l’Hexagone.
Alors que son avenir est aujourd'hui incertain, son architecte, Roger Taillibert, revient pour “But! Paris” sur sa vision du “Parc de demain”. (Extrait de But ! Paris novembre 2013)
But! Paris : M. Taillibert, racontez-nous l'origine du projet de construction du Parc des Princes ?
Roger TAILLIBERT : A l'époque, je m'étais distingué par la construction de la piscine de Deauville. La Mairie de Paris m'a ensuite contacté pour établir un stade de 100.000 places à Paris. Après plusieurs recherches, on s'est vite aperà§u que cela n'était pas possible. L'étude menée a conclu à la possibilité d'un stade de 55.000 places en lieu et place de l'ancien vélodrome du Parc des Princes. Tout à§a avec des moyens limités.
Comment voyiez-vous le stade de demain à l'époque ?
Mes déplacements à l'étranger m'ont beaucoup apporté pour savoir de quelle manière le Parc des Princes allait àªtre construit. Je suis allé à Barcelone, en Allemagne et en Finlande pour étudier les grands stades européens. 55.000 places assises dans un espace aussi restreint correspondaient à un véritable défi, il fallait donc faire un certain nombre de recherches en parallèle.
Quelles sont les particularités architecturales du Parc des Princes ?
Le permis de construire a été délivré en 1967 et, à ce moment-là , les gens ne savaient pas exactement à quel chantier correspondait la construction d'un stade. L'utilisation du béton a coà¯ncidé avec une révolution architecturale qui fait encore aujourd'hui du Parc une antre mythique. Je voulais véritablement sortir de l'architecture banale que l'on trouvait en France dans le domaine des infrastructures sportives.
On parle actuellement beaucoup de la rénovation du Parc des Princes, avez-vous un droit de regard ?
Le stade fait partie du patrimoine de Paris. J'en suis à l'origine, je suis donc obligé de regarder car le Parc est un bâtiment spécifique de la ville. C'est comme si on touchait à Notre-Dame ! Je suis régulièrement en contact avec Jean-Claude Blanc, que je croise souvent lors des matches.
La question qui revient le plus est celle de l'agrandissement de la capacité du Parc. Selon vous, jusqu'où peut-on aller ?
Vous savez, les contraintes liées à l'agrandissement du Parc sont connues de tous. Avec le périphérique en dessous, màªme en démolissant l'enceinte, c'est presque impossible d'aller au-delà de 60.000. Après, en gardant la structure actuelle, je pense qu'on peut se rapprocher d'un stade de 60.000 places. On sait ce qu'il faut faire pour, en tout cas.
“Je ne pense pas que le Paris Saint-Germain puisse quitter le Parc. Les deux sont tellement liés que cela me paraà®t compliqué.”
A l'image du stade à Lille, la rénovation du Parc peut-elle àªtre freinée par des actions menées par les habitants du quartier ?
C'est une évidence. Dans ce quartier, peu de personnes vivent les matches au Parc avec le sourire. Certes, cela s'est amélioré ces derniers temps, mais tout de màªme, il y aura des actions c'est une certitude. Mais l'inconvénient de ce quartier pour le Parc, c'est son manque d'espace. Rien qu'au niveau des parkings, il n'y en a presque pas aujourd'hui. Alors imaginez si on agrandit encore la structure”¦
Quelles sont les motivations qui poussent, selon vous, les dirigeants parisiens, à rénover le Parc ?
Je pense qu'ils souhaitent avant tout augmenter le nombre de loges. Une partie des revenus liés à la billetterie concerne de plus en plus ces places de luxe. Mais attention, un stade trop grand n'est souvent pas propice à réaliser des bénéfices. 60.000 places, c'est un nombre idéal sur le plan économique. Egalement pour évacuer le stade en peu de temps.
En rénovant le Parc, n'avez-vous pas peur qu'on touche à son identité ?
C'est possible, mais j'y veille. Quand je vois ce que me disent les joueurs ou les supporters quand je vais au Parc”¦ Tout le monde me dit que ce stade est magique ! J'espère qu'il conservera ses caractéristiques principales, qui font de lui un lieu connu dans le monde entier.
Le PSG peut-il quitter le Parc des Princes ?
Je ne pense pas. Les deux sont tellement liés que cela me paraà®t compliqué. Je pense d'ailleurs que les dirigeants, et Jean-Claude Blanc en premier, souhaitent rester au Parc. Il y a une atmosphère si particulière qui apporte un vrai plus aux joueurs et aux supporters. Quand on rentre au Parc des Princes, on sent qu'il se passe quelque chose.
Dans votre idéal, comment voyez-vous le Parc des Princes de demain ?
Je crois que pour un stade réussi, il ne faut pas dépasser la capacité de 55.000-60.000 places. Au-delà , la qualité visuelle ainsi que l'acoustique perdent en qualité. En ce qui concerne l'extérieur, j'aimerais qu'on enlève les grilles présentes autour. Mais de manière générale, il faut veiller à ne pas changer la structure pour ne pas changer ce qui fait la force du Parc, à savoir son architecture et son acoustique.
Propos recueillis par Benjamin TRYOEN
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