Il ne faut donc pas grand-chose, aujourd'hui, pour taper sur l'équipe de France. Les vieux démons de 2010 ne sont pas si loin et la moindre étincelle fait l'effet d'une bombe dans le monde du football franà§ais. Au lieu de s'enthousiasmer sur le très bon match des Bleus en Espagne (1-1), on préfère aller taper sur les Bleuets, c'est tellement plus facile, tellement plus vendeur, tellement plus franà§ais.
Alors oui, partir en boà®te de nuit sur les Champs-Elysées entre deux matches capitaux face à la Norvège pour la qualification à l'Euro n'est certainement pas la meilleure manière de préparer un match décisif. Mais doit-on pour autant taper sur ces cinq gamins (MVila, Mavinga, Ben Yedder, Griezmann et Niang), coupables de leur insouciance ?
Certes, les joueurs de football ont un devoir d'image irréprochable. Mais jusqu'à preuve du contraire, il y avait bien onze joueurs sur la pelouse face à la Norvège pour la défaite cinglante (5-3). Il y en avait donc six qui n'étaient pas sortis ce soir-là ”¦ Imputer la défaite de l'équipe à ces cinq seuls joueurs, relativement offensifs qui plus est alors que c'est la défense des Bleuets qui était dans un premier temps pointé du doigt, serait déplacé. Ils méritent une sanction, mais pas un tel procès. Des joueurs qui sortent en boà®te de nuit, il y en a tous les week-ends. Et si les Bleuets avaient marqué un seul petit but dans les ultimes secondes de la partie, qualifiant ainsi le pays, toute cette histoire n'aurait pas eu lieu.
Il ne faut pas oublier que la plupart de ces joueurs étaient champions d’Europe U19 il y a deux ans en battant l’Espagne en finale (2-1). À l’époque, ils étaient considérés comme la génération dorée, celle qui allait permettre à l'équipe de France d'avoir de beaux jours devant elle. Il ne faudrait donc pas les blâmer aujourd'hui, à cause d'un seul match raté et d'un petit écart de comportement.
Mais comme à son habitude, dans ce tourbillon médiatique, tout le monde en profite pour se faire un peu de publicité et y aller de son petit commentaire. Màªme René Girard. Tiens donc ! Le màªme qui fait un doigt d'honneur à son adversaire en Ligue des Champions et qui ne trouvait pas cela si grave. Pour critiquer les joueurs, il faudrait déjà que les éducateurs soient exemplaires. Erick Mombaerts, lui, l'a bien compris en démissionnant de son poste d'entraà®neur des Bleuets. Prendre un peu de recul, à§a ne fait pas de mal.
Michaël LESCOT