A la sortie du stade, après la victoire sur Lille, un homme politique local d’expérience et pas langue de bois, du moins quand il parle football, nous faisait remarquer qu’il n’avait pas vu souvent les Verts franchir la ligne médiane. C’était sévère mais sa moue aurait dû en interpeller plus d’un. Au lieu de cela, on a senti un vent mauvais d’euphorie qui a fait s’envoler toutes les promesses. Olivier Dall’Oglio a dit vendredi soir vouloir « essayer de trouver des explications » après le désastre qui a fait exploser son équipe. Lucide il a assumé, à défaut d’avoir assuré et de rassurer « Le premier responsable, c’est moi ». Il a aussi implicitement conforté notre sentiment d’un excès de confiance, supposée juste « retrouvée » après le succès sur le LOSC « Je pensais qu’on était capable de rééditer la performance face à Lille ».
"Comme tous les observateurs, comme l’entraîneur, on aurait voulu plus de talents, plus d’expérience"
Quand l’entraîneur se trompe, que le capitaine qu’il a choisi n’arrive même pas à écoper, que les voies d’eau ouvertes à pleines vannes deviennent des flots sur lesquels voguent et virevoltent les attaquants adverses, le constat n’a pas besoin d’autre analyse. Sauf celle qui doit se réécrire sur une page blanche, en faisant fi des gribouillis de ceux qui ont aligné des noms sans vérifier que derrière d’éventuelles statistiques, il doit y avoir des personnalités. Et que justement, il n’y en a pas beaucoup dans cette équipe bâtie pour, au mieux de la Ligue 2.
Après Brest qui avait déjà fait entendre le tonnerre, on avait titré pour qualifier cet effectif « des joueurs de vestiaire, pas de caractère ». Comme tous les observateurs, comme l’entraîneur, on aurait voulu plus de talents, plus d’expérience. Mi juillet, on espérait « D’autres calibres… On les chiffre à trois par secteur de jeu». La semaine suivante, reflétant un sentiment général, on se montrait plus pressant et pressé « De l’expérience, de la qualité… et vite ».
La première prestation de Tassin et Ekwah, arrivés sur le fil, a laissé croire que le club avait tiré de bons numéros. C’était oublier que derrière le score resté étriqué face à Lille, il y avait d’abord eu un vrai collectif, des courses, des duels gagnés, un bloc, de la solidarité… et un manque de détermination en face.
Le football n’est souvent que relativité. Mais après Nice, impossible de relativiser. Ce serait abuser les supporters, une deuxième fois, après les acteurs ou plutôt figurants de ce que Petrot comme Dall’Oglio qualifie de honte. En d’autres temps plus glorieux, Gérard Simonian, ancienne plume référence du Progrès, aurait lancé le qualificatif de « Nazes ». Et il n’aurait même pas pris la peine de sortir sa machine à écrire pour pulvériser du vitriol. Nous on est trop gentil, et c’est trop d’honneur pour ceux qui ont marqué leur maillot des lettres du déshonneur.
Didier BIGARD