But ! : Gilles, avez-vous lu la sortie médiatique d’Anthony Lopes dans L’Equipe ?
Gilles Rousset : Je l’ai lu en partie. Je n’ai pas vu l’article entier de L’Equipe mais j’ai lu quelques entrefilets à droite à gauche comme quoi le club ne lui avait rien dit, que jamais les choses n’avaient été claires…
Est-ce que ça vous attriste de voir son déclassement et cette « guerre médiatique » qu’il livre désormais à l’OL ?
Bien sûr ! Maintenant cela fait partie des relations du football moderne (il souffle) Moi, j’ai du mal à comprendre comment on peut en arriver là. Comment on peut traiter un joueur comme Antho de la sorte… Oui, ça m’attriste car j’ai de l’affection pour Antho. Le voir ne même plus être dans le groupe, ça me fait mal. On sait tous qu’il va falloir tourner la page.
Moi, j’ai vécu ça en Ecosse, à Hearts of Midlothian. Le club avait eu la possibilité de faire signer Antti Niemi, qui était plus jeune et arrivait des Rangers. Le coach m’avait parlé, je n’étais pas content. Mais bon, à l’époque, on m’avait dit : « tu es important dans le groupe, on va te prolonger pour accompagner Antti ». J’avais fait une année comme ça avant de partir à la retraite. Il y a quand même des manières de faire. Certaines sont correctes et d’autres qui me semblent plus compliquées. Je n’ai pas tous les tenants et aboutissants pour Anthony. La vérité du club n’est pas celle d’Antho et inversement. Dans tous les cas, je trouve que la situation a été mal gérée. Pour moi, le problème du club l’an dernier ne venait pas d’Anthony. C’est même lui qui a tenu la baraque plus d’une fois. J’ai du mal à comprendre comment les choses se passent.
« Il devrait plutôt être traité comme une légende du club que comme un paria »
Pour vous, cette sortie médiatique ne s’apparente pas à un csc ?
A un moment donné, il faut que ça sorte ! Aujourd’hui, c’est une date particulière. C’est son anniversaire. Il a 34 ans. Il faut que ça sorte ! Tu as de la rancœur (il réfléchit) Tu as les boules quoi ! C’est un gamin qui n’a connu que l’Olympique Lyonnais, qui a donné tout ce qu’il pouvait. Moi, je l’ai eu de 15 à 20 ans mais il était déjà là depuis ses 8 ans ! Antho est arrivé à l’OL en 1998, tu te rends compte ? Il devrait plutôt être traité comme une légende du club que comme un paria. Et après on va l’accuser de mettre une mauvaise ambiance au club ? C’est ça qui me dérange… Tu le mets dans une situation qui va mal vivre.
Vous n’avez pas peur que cela écorne son image ? Beaucoup de supporters n’ont pas compris sa sortie…
Sincèrement, je pense que les supporters le comprennent… Il n’y a que ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un vestiaire, qui ne savent pas vraiment ce que ça représente qui ne comprennent pas. On sait que c’est un business, on sait qu’on n’est pas éternel, on sait qu’un jour on va devoir céder la place mais il y a des manières de faire.
Est-ce qu’on est préparé à ce que la fin arrive justement ?
Jamais ! Jamais !
Personnellement, je compare ça à la fin de Cris à l’OL. Êtes-vous d’accord avec ça ?
Oui … sauf que Cris est parti en Turquie à l’époque des fameux « dinosaures ». A l’époque, je pense que s’il n’était pas parti, le club l’aurait réintégré au groupe quitte à le mettre remplaçant. Là, non seulement Antho est encore là mais il n’est même plus sur le banc alors qu’il y a trois gardiens sur le banc. Il est complètement écarté. Le club s’est créé un problème là où il ne devrait pas y en avoir…
« Rémy Vercoutre est pris entre le marteau et l’enclume »
Vous pensez que Lucas Perri vit effectivement mal tout ce qui se passe ? Est-ce qu’il a une pression particulière du fait de l’amour des Bad Gones pour Lopes ?
La chance qu’a Lucas Perri, c’est qu’il est étranger et qu’il ne comprend pas tout. Je ne pense pas qu’il lise beaucoup les réseaux sociaux… Peut-être qu’aujourd’hui il commence un peu à parler français (Isabelle Diaz, la prof de langue historique des Brésiliens à Lyon, lui donne des cours depuis son arrivée, NDLR) mais il ne doit pas bien comprendre tout ce qui se dit autour. C’est un avantage pour lui. Maintenant oui, ça lui met forcément une pression supplémentaire. Ce qui se passe aujourd’hui n’est vraiment bon pour personne. Ni pour Antho, ni pour Lucas Perri, ni pour le club, ni pour Pierre, ni même pour Rémy Vercoutre…
Justement, quel est l’œil de l’entraîneur des gardiens pour un entraîneur des gardiens qui doit gérer ce qui se passe avec Anthony Lopes aujourd’hui ?
Aujourd’hui, Rémy est vraiment pris entre le marteau et l’enclume. Antho, il l’a vu grandir aussi. C’est lui qui a fait la passation. C’est compliqué car quand on est entraîneur des gardiens, on noue une relation très particulière avec nos poulains. Il y a quelque chose : de l’affection, de l’amour, parfois même de la haine… En tout cas, il se passe des choses. Je n’en ai pas parlé avec lui mais je pense que Rémy doit très mal vivre tout ça. A titre personnel, si j’étais à sa place, j’aurais beaucoup de mal.