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OM – EXCLU BUT! Frédéric Meyrieu : « Celui qui n’y a pas joué ne peut pas comprendre ce qu’est l’OM »

Formé à l’OM, où il a joué de 1985 à 1989, passé par le RC Lens entre 1993 et 1996, Frédéric Meyrieu évoque l’actualité de ses deux anciens clubs et se risque à un pronostic pour le match de samedi soir.

Bonjour Frédéric, vous êtes directeur sportif du club de votre enfance, le Racing Toulon : en quoi consiste ce poste et quelle est votre ambition ?

F.M. : C’est un club de jeunes. J’ai fait ça au départ pour rendre service. Je suis passé par le Racing quand j’étais gamin, avant d’aller à l’Olympique de Marseille. Patrice Eyraud en est sorti, Thierry Rabat, Didier Rabat, Frank Leboeuf, Nampalys Mendy, Alexandre Mendy… On ne fait que les jeunes, des U6 aux U19. Il n’y a pas de séniors. Ca a toujours été comme ça. C’est M. Revello, dont le nom a été donné au festival Espoirs de Toulon, qui en a décidé ainsi. J’ai repris le club il y a une quinzaine d’années. Mon fils voulait jouer au foot, je l’ai mis là et je me suis piqué au jeu. Le président d’alors a pris un peu de recul, j’ai donné un coup de main et je suis resté. On fait de la préformation. On mise sur le jeu et l’éducation. Il y a un état d’esprit Racing Club de Toulon. Il y a des valeurs qui sont le respect, l’éducation. Quand on voit ce qu’il se passe dans la société, je mets un point d’honneur à ce que ça se passe bien au niveau de l’éducation. On est en partenariat avec l’Olympique de Marseille, on est le seul club du Var dans ce cas. Le paradoxe, c’est qu’aucun de nos joueurs n’y a encore signé. Une fille y est passée pro et une autre a intégré le centre de formation mais pas de garçon. J’en ai quatre qui sont allés à Monaco, un à Saint-Etienne, deux à Montpellier, trois à Nice, mais pas à l’OM (rires).

Suivez-vous les matches de l’OM, qui a donc été votre club formateur et où vous avez connu votre première titularisation en D1 contre Nancy (2-3) le 16 août 1985 ? Qu’avez-vous pensé de la grande lessive estivale ?

C’est pas nouveau, ça ! C’est l’OM (rires) ! Déjà, à l’époque Tapie, c’était comme ça. C’est d’ailleurs pour ça que je ne suis pas resté plus longtemps. Après le doublé de 1989, il y a tellement de stars qui arrivaient… Pelé, Waddle, Stojkovic… Si j’avais voulu continuer à avoir un salaire intéressant, j’aurais pu rester sur le banc. Mais ça ne me suffisait pas. Il fallait que je joue. Mais à l’OM, il y a toujours eu beaucoup de mouvements. Quand j’y étais, même un Karl Heinz Förster a dû partir car Carlos Mozer arrivait. Même un Klaus Allofs a été envoyé à Bordeaux, avec moi d’ailleurs en prêt, pour faire venir Eric Cantona. Je suis resté cinq ans là-bas, j’ai vu passer beaucoup de très très bons joueurs, dont certains se sont d’ailleurs cassé les dents à Marseille.

Justement, comment expliquez-vous les difficultés au Vélodrome, est-ce une question de caractère ?

Bien sûr. J’ai connu des joueurs qui étaient des tops en France mais qui n’ont pas performé à l’OM à cause de cette pression. Je prends l’exemple de Patrick Delamontagne, qui ne va pas parler aux jeunes, comme William Ayache ou Bixente Lizarazu bien plus tard. Ce n’est pas passé pour eux à Marseille. Car il ne suffit pas d’avoir des qualités techniques ou physiques, il faut un mental. Pas un caractère, un mental à toute épreuve. A l’OM, il n’y a pas de match où on peut se laisser aller. Le jour où on est moins bien, il faut compenser avec la grinta. Ça arrive d’être moins bien, mais il ne faut pas décevoir.

Comprenez-vous que lors d’un match contre le PSG, par exemple, on ait l’impression que les Olympiens manquent d’envie ?

Ce n’est pas une question d’envie. Vous savez, ça se passe aussi chez les gamins. Quand il y a un derby, les minots jouent le match une semaine à l’avance. Dans la tête, à l’école, sur les réseaux sociaux désormais… Mais quand on arrive le jour J et qu’on se rend compte que l’ambiance est multipliée par dix par rapport à d’habitude, que la presse en parle beaucoup plus, dans la tête, ça se fissure. C’est l’OM (rires) !

« A l’OM, il y a un grain de folie qu’il n’y a pas ailleurs »

Quel conseil donneriez-vous aux Olympiens actuels pour répondre présent dans ce genre de match ?

C’est difficile de donner des conseils à des joueurs… Je leur dirais de rester dans leur bulle. Parce qu’à Marseille, c’est l’OM, l’OM… Il faut réussir à faire abstraction. Deux-trois jours avant, il faut changer un peu ses habitudes, rester à la maison, relativiser. Et le jour J, il faut y aller, sortir ses machines (rires) et répondre présent. Mais tout ça, c’est un travail psychologique, mental. Quand on entend parler de l’OM, on entend que c’est un club à part. Mais celui qui n’y a pas joué ne peut pas comprendre. Tant qu’on n’y a pas joué, on ne peut pas savoir. Là, toute la semaine, les joueurs entendent parler du Classico. Ils rentrent sur le terrain pour l’échauffement, il y a l’ambiance. Pour peu qu’ils aient raté des choses basiques pendant l’échauffement, ils peuvent douter, ensuite pour peu que l’arbitre siffle contre eux, ils peuvent douter… ça va vite ! Habituellement, dans une même situation, un joueur tenterait une ouverture de 40m. Mais là, il va donner le ballon au collègue le plus près. Ça s’appelle déjouer. Et quand on déjoue, la qualité du joueur est remise en question. Tout ça, c’est un travail dans la tête.

Que pensez-vous du travail de Roberto De Zerbi ?

Déjà, je dis respect car il n’y a pas beaucoup de clubs en France qui peuvent attirer un entraîneur de ce niveau. Mais après, De Zerbi, il a fait Brighton et Sassuolo… Quand je dis que l’OM, c’est l’OM, ça vaut pour les entraîneurs comme pour les joueurs ! L’OM, pour ce qui est de l’ambiance, c’est facile niveau Champions League. Beaucoup d’entraîneurs sont arrivés avec une belle réputation et sont repartis sans avoir rien fait car c’est particulier, ici. Ils doivent être surpris de voir qu’il y a autant de monde à l’entraînement, que le Vélodrome est un volcan… Parce que ça a toujours été un stade exceptionnel, avec de la folie. J’ai connu Lens où c’était top, avec un public plus britannique, plus tolérant vis-à-vis de ses joueurs. Mais à l’OM, il y a un grain de folie qu’il n’y a pas ailleurs.

« De Zerbi se rend compte que l’OM est un club à part »

Auriez-vous fait les choses différemment cet été au niveau du recrutement ?

Pour reprendre l’exemple de Bernard Tapie, quand il est arrivé à l’OM, il ne comprenait rien au foot. Mais pour sa première campagne de recrutement, il a pris Karl Heinz Förster et Yvon Le Roux. C’est-à-dire qu’il a construit des fondations solides pour la maison. Et après, il a fait venir Carlos Mozer. Un truc que je ne comprends pas, c’est que l’OM ne soit pas capable de faire un Kevin Danso. J’ai beaucoup de respect pour Lens, où j’ai adoré jouer, mais l’OM devrait faire signer ce genre de joueurs, surtout que Danso est depuis trois ou quatre ans chez les Sang et Or. Cet été, on a fait venir plein de bons joueurs offensifs et des milieux, c’est très bien. Mais quand on fait redescendre Kondogbia en défense, on envoie un mauvais signal à Brassier et aux autres, à mon sens.

Que peut espérer l’OM cette saison ?

L’objectif, c’est la qualification pour la Champions League. Cette saison, il n’y a pas la Coupe d’Europe en milieu de semaine. Le public va être assez exigent. Ne pas être européen deux années de suite, ce serait dur. Est-ce que les joueurs vont supporter la pression ? Et l’entraîneur ? Il a fait des déclarations surprenantes après Auxerre… De Zerbi, il se rend compte que l’OM est un club à part, que ce genre de déclarations fait beaucoup de bruit.

Quel est votre pronostic pour le match de samedi ?

Oh, c’est toujours compliqué, ça ! Surtout que quand je donne un pronostic, c’est l’inverse qui se passe… L’OM, c’est mieux à l’extérieur qu’à domicile car il y a moins de pression. Je vois une petite victoire de l’OM ou un match nul.

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