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OL – EXCLU BUT! : son retrait du monde pro, la situation à Lyon, le cas Lopes, Grégory Coupet a des choses à dire
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Par
Benjamin Danet
L’ancien gardien emblématique de l’OL, Grégory Coupet, a accepté pour notre site de revenir sur la chaude actualité de son club de coeur. Un entretien au cours duquel celui qui a été évincé du poste d’entraîneur des gardiens aux Girondins de Bordeaux au mois de février 2022, évoque sa distance prise avec le monde professionnel.
Avant toute chose, Grégory, que devenez-vous ? On ne vous voit plus sur les terrains de football depuis des lustres…
Grégory Coupet : Les choses sont claires : le football se limite désormais pour moi à des stages pour jeune gardiens. Afin de les former, de les éduquer. Le reste, et notamment le monde professionnel, c’est terminé. Tout ça a beaucoup trop changé à mon goût.
C’est à dire ?
G.C. Déjà, je ne me reconnais plus dans les gardiens que je vois à l’oeuvre. Ou sont ceux qui sortaient dans les pieds, qui jouaient haut, prenaient des risques ? Je ne vois plus que des mecs sur leurs lignes, grands, costauds, qui ne jouent pas en mouvements. Les Olmeta, Huard, Janot, pour ne citer qu’eux, me manquent dans ce que je vois de temps à autre à la télévision.
C’est le monde du football ou le poste de gardien qui a véritablement changé, selon vous ?
G.C. Les deux. Bien entendu que le monde du foot a changé. Et pas en bien, croyez-moi. Lorsqu’à Bordeaux, pour ma dernière expérience en tant qu’entraîneur des gardiens, on vous licencie par mail et que personne ne vous donne ensuite la moindre explication pour vous dégager, c’est qu’il y a un gros problème sur le plan humain, non ? On nous a longtemps dit que les grands présidents du passé, Claude Bez, Bernard Tapie, Louis Nicollin, n’étaient pas toujours recommandables, mois je me demande plutôt pourquoi ils ne sont plus là…
Impossible, donc, de vous retrouver à l’avenir dans un club de L1 en qualité d’entraîneur des gardiens ?
G.C. Je ne crois pas, non. Je suis vacciné sur ce poste, presque rincé. Les staffs avec une bonne bande de potes, ça n’existe plus…
L’un de vos anciens protégés à l’OL, Anthony Lopes, vit une situation pour le moins particulière cette saison, n’apparaissant même plus dans le groupe professionnel de Pierre Sage…
G.C. Ça aussi, il faudra m’expliquer. La situation d’Antho, ça m’échappe complètement, je ne comprends pas. Ce que je constate, c’est qu’il est passé du statut d’icône du club, de titulaire à part entière à plus rien. Anthony a été balayé d’un trait, dans l’indifférence la plus totale et sans que personne ne monte au créneau. C’est juste ahurissant. Pas la peine de vous faire un dessin sur l’évolution du monde du football….
« Qui a parlé à Antho en début de saison, les yeux dans les yeux, pour lui dire qu’il y n’aurait pas concurrence sur le plan sportif ? Personne. Je dis bien personne. Il était pourtant prêt à se battre sportivement… »
N’a-t-il pas tout simplement perdu sa place au détriment de Lucas Perri ?
G.C. Attention, et il faut être clair, je n’ai rien contre Perri. Mais qui a parlé à Antho en début de saison, les yeux dans les yeux, pour lui dire qu’il n’y aurait même pas de concurrence sur le plan sportif ? Personne. Je dis bien personne. Il était pourtant prêt à se battre sportivement, pas de problème. Il aurait essayé par tous les moyens de récupérer sa place de numéro 1. Mais ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé.
Restons sur l’OL et sa brûlante actualité. Avez-vous suivi le dernier derby face à votre club formateur, l’ASSE ?
G.C. J’ai suivi ça d’un oeil distrait, oui. Je redoutais surtout que ça se passe mal sur le terrain ou en dehors, que ça parte en cacahuètes. On a la sensation aujourd’hui que le foot ne résume plus qu’à des problèmes, avec la violence dans les stades ou les affaires extra-sportives de certains joueurs. Pour revenir au derby, j’ai donc été heureux de voir que ça s’était bien passé, et content que l’ASSE n’ait pas été humiliée, comme le voulait le président lyonnais, John Textor. Un bien curieux propos, ça aussi…
Pour rester sur John Textor, on se doit forcément de vous demander ce que vous inspire la situation économique de l’OL et le risque de rétrogradation en L2 annoncé par le Direction National du Contrôle de Gestion (DNCG) ?
G.C. Déjà, j’ai connu des investisseurs américains à Bordeaux et on a vu comment ça s’est terminé par la suite…Quand un club est rayé de la carte, ce n’est jamais dû au hasard. Donc oui, je suis inquiet, triste même par rapport à ce que vit mon club. Ça me touche, forcément. J’ai la sensation que le businessman américain John Textor n’a pas encore compris qu’il était en France, avec des règlements, des lois, et une DNCG qui lui rappelle ses devoirs.
On sent dans son discours beaucoup d’optimisme sur la suite des événements
G.C. Oui, il rassure tout le monde face aux médias. J’ai donc moi-aussi envie de le croire ! Mais attention, ce n’est pas la première fois que ça se passe mal avec la DNCG et quand on lit certaines choses, il y a vraiment de quoi être inquiet. J’ai lu les propos de Sidney Govou qui estimait que Textor n’avait pas récupéré un club très sain sur le plan économique. C’est sans doute vrai. Mais attention, l’OL est une institution qu’il ne faut pas abîmer. Et personne dans ce club ne doit se croire au-dessus des règlements, ni de la DNCG.
Recueilli par Benjamin Danet