Ligue 1
ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Rarement un entraîneur aura été remercié aussi sèchement »
Didier Bigard met en avant la façon dont Kilmer Sports a annoncé l’éviction d’Olivier Dall’Oglio, six mois après la remontée de l’ASSE en L1, sous la houlette de l’Alésien. « Ni bienveillance, ni faux-semblants, c’est la méthode nord-américaine », écrit-il.
Un ange est passé et Dall’Oglio a été remercié. Lorsqu’après la défaite à Toulouse, Ambre Godillon et Charlotte Lorgeré ont conclu leur interview en lui donnant rendez-vous l’année prochaine, nous avons lu dans le sourire de l’entraîneur stéphanois un futur incertain. Il y avait trop de décontraction chez lui, comme déjà la veille lors de son point presse. Avait-il scellé son avenir en mettant des points d’interrogations sur les datas qui guident le recrutement du club depuis deux saisons? Sa réponse à un confrère était empreinte d’une sagesse qui a plus fait ses preuves que l’analyse de données par une intelligence artificielle qui brouille les vraies responsabilités. « Ce n’est pas moi qui me suis trompé, regardez les statistiques. Si ça ne marche pas, c’est de la faute… du coach ».
Depuis des semaines, on sentait Dall’Oglio en difficulté. «L’humain doit rester la priorité » avait-il asséné jeudi, comme une fin de non-recevoir à la déclaration de politique sportive du club. Il sait que l’homme n’est pas d’actualité dans le football où on compte tout, du nombre de passes sur le terrain à celui des fumigènes dans les gradins, pour appliquer la sentence la plus facile à prononcer. Elle est ciblée d’un côté parce qu’il est plus évident de virer un entraîneur que dix joueurs, elle est collective de l’autre parce qu’il est moins compliqué de fermer un kop que d’identifier un responsable.
Un nouvel entraîneur ne suffira pas sans joueurs
Curieusement, le technicien stéphanois avait été interrogé la veille du match sur une dissolution de groupes ultras. Il n’avait pas plus utilisé la langue de bois que ses dirigeants à l’heure d’annoncer son départ. Rarement un entraîneur aura été remercié avec la sécheresse du communiqué sorti samedi soir. Ni bienveillance, ni faux-semblants, c’est la méthode nord-américaine.
Celui qui avait réussi la montée contre toute attente, savait que son contrat ne tenait qu’au fil d’une équipe mécaniquement affaiblie par la différence de niveau, ses lacunes techniques, la perte de Cardona, les blessures de joueurs supposés donner de la profondeur au jeu, Wadji, Ben Old, les difficultés d’Abdelamid dont Dall’Oglio allait porter le chapeau. Ont suivi des consignes discutées, la recherche d’excuses arbitrales, le leitmotiv sur une équipe prétendument jeune « Il ne faut pas se décourager… Il faut qu’on progresse ». Et le bâton ne pouvait que tomber.
Les messages d’espoir tel « On a eu de la discipline tactique » ne passait plus depuis des semaines aux yeux de la direction (ou des directions) du club. Sa réflexion jeudi sur le rôle des préparateurs mentaux pouvait passer pour aveu d’impuissance « La pression fait partie de notre métier… C’est pour ça qu’il faut encore avancer dans ce domaine ».
Cela se fera peut-être, mais sans lui. À Toulouse, l’analyse du match par Ekwah ne laissait pas beaucoup de doutes sur les lendemains annoncés « La défaite n’est pas forcément inquiétante, mais il est vrai que terminer sur trois défaites, c’est compliqué. Maintenant, il faudra éviter de faire table rase du passé, mais plutôt apprendre et avancer. » Un nouvel entraîneur ne suffira pas, sans joueurs.
Didier Bigard