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Le président de l'OM, Pablo Longoria.
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OM : le club contre les instances, les précédents inquiétants pour Longoria

Ce n’est pas la première fois que l’OM part en guerre contre les instances, qu’il s’agisse de la Ligue ou des arbitres. Mais ça s’est systématiquement mal terminé pour le club et son président…

Ce mercredi soir, la commission de discipline va se pencher sur le comportement de Pablo Longoria samedi dernier à Auxerre (0-3). L’Equipe assure que le président de l’OM, malgré son mea culpa partiel lundi, va prendre très cher et sera certainement suspendu au-delà de cette saison. C’est vrai que les propos qu’il a tenus dans les couloirs de l’Abbé-Deschamps étaient graves. Même s’il s’est défendu par la suite en assurant que le mot corruption avait un sens plus large en espagnol et qu’il ne pensait pas que la Ligue ou l’arbitrage étaient corrompus, cela lui a valu beaucoup d’inimitiés. Pour preuve, plus d’une centaine d’arbitres vont porter plainte contre lui.

A priori, même s’il est longuement suspendu, comme l’a été son directeur sportif Medhi Benatia, Pablo Longoria n’a aucune intention d’arrêter le combat face à l’arbitrage. Il estime que l’Olympique de Marseille est lésé à ce niveau depuis le début de saison et il veut qu’une réforme ait lieu pour éviter qu’à l’avenir, un Jérémy Stinat ne soit par exemple désigné pour diriger un match de l’OM alors qu’il a été à l’origine d’une énorme polémique un mois plus tôt. Il aimerait également que les hommes en noir soient moins couverts par leur hiérarchie ou que le fonctionnement de la VAR soit un peu plus transparent. L’idée qu’un supporter du PSG, anti-OM, soit dans le camion pour la plupart des matches des Phocéens (au cours desquels il y a eu des soucis avec l’arbitrage !) a hérissé le poil de la direction.

Le souci dans tout cela, c’est que ce n’est pas la première fois que l’OM se dresse contre les instances. Mais il a systématiquement perdu ses combats, victime d’un système beaucoup trop puissant, qui fait corps lorsqu’il est attaqué. Et Pablo Longoria devrait y réfléchir à deux fois avant de continuer sa guerre : à deux reprises, cela a coûté sa tête au président phocéen de l’époque…

Leclerc, les étrangers et la trahison

Au début des années 70, l’OM de Marcel Leclerc remet en cause la suprématie stéphanoise sur le football français. Les Verts misent alors sur la détection et la formation. Les Phocéens ne peuvent rivaliser à ce niveau donc leur président, Marcel Leclerc, décide de recruter à tout-va. Et notamment dans les rangs de l‘ASSE. C’est d’ailleurs l’épisode Carnus-Bosquier au printemps 1971 qui va précipiter la perte de Marcel Leclerc. Avant cela, le président stéphanois, Roger Rocher, voyait d’un bon œil la montée en puissance de l’OM et le recrutement de stars comme Jean Djorkaeff, Josip Skoblar, Roger Magnusson, etc. Mais en venant débaucher son gardien et son défenseur, Leclerc a non seulement enfreint le gentlemen’s agreement de l’époque (il s’était mis d’accord avec les joueurs avant de contacter Rocher) mais il a en plus complètement déstabilisé les Verts. Ceux-ci filaient vers un cinquième titre consécutif avant que ce double transfert soit dévoilé. Après, ils se sont effondrés, laissant l’OM filer vers le sacre.

Roger Rocher et son fort caractère n’ont jamais pardonné cet épisode. Aussi, quand Marcel Leclerc fait le forcing, au cours de la saison 1971-72, pour que le Groupement (ancêtre de la Ligue) fasse passer le nombre d’étrangers autorisés dans chaque équipe de deux à trois, il met en place un plan qui va précipiter la chute du président de l’OM. Car ce dernier, en parallèle de ce combat, est en train de recruter un nouveau joueur à l’ASSE, et pas n’importe lequel : Salif Keita ! Avec le Malien, l’OM disposerait d’une attaque de rêve Keita-Skoblar-Magnusson. Sachant que les Phocéens foncent vers le doublé en 1972, ils deviendraient inarrêtables avec la Panthère Noire. Pendant des mois, Leclerc contact tous les présidents de D1 pour les convaincre de voter en faveur des trois étrangers. Mais il ne sait pas que Rocher en fait de même pour leur demander de dire non.

Quand arrive la réunion du Groupement, en fin de saison, Marcel Leclerc est confiant. Il tombe donc de très haut en apprenant qu’à la majorité, les présidents de clubs ont rejeté sa demande. Ce qui le place dans une situation très compliquée, vu que Keita a déjà signé. Cela signifie qu’une de ses stars étrangères devra cirer le banc à chaque match en 1972-73. Furieux, blessé dans son orgueil et se sentant trahi, le président de l’OM menace de porter l’affaire en justice. C’est là que les traditionnels opportunistes rôdant autour du club phocéen frappent : le 11 juillet 1972, les membres du comité directeur réclament et obtiennent sa tête au cours d’une réunion qui dure jusqu’à 4h du matin et qui entrera dans l’histoire comme la nuit des longs couteaux. Marcel Leclerc s’était fait beaucoup d’ennemis au sein du club comme en dehors. Mais c’est son échec dans la réforme du nombre d’étrangers et sa volonté d’en découdre avec le Groupement qui ont précipité sa perte, les autres dirigeants craignant que cela ne pénalise l’OM…

Tapie, seul contre tous

Pour Bernard Tapie, tout le monde sait que ce sont ses ambitions politiques qui l’ont conduit à sa perte. L’affaire OM-VA aurait-elle prise de telles proportions s’il n’avait pas lorgné la mairie de Marseille et, plus loin, la président de la République ? Sans doute pas… Ce qui est sûr, c’est que le Boss n’a certainement pas été soutenu par les instances du football français, avec lesquelles il était en conflit permanent quasiment depuis son arrivée dans le monde du ballon rond. Dès le printemps 1986, alors qu’il vient d’accepter de reprendre l’OM, il s’est mis Claude Bez à dos. Le président des Girondins, qui était très influent auprès de la Ligue et de la Fédération, lui a reproché de négocier, via Michel Hidalgo, qui était alors DTN mais allait devenir manager de Marseille, avec les meilleurs joueurs français, dont les siens (notamment Jean Tigana). Une première passe d’armes entre les deux hommes s’en est suivie, qui allait aboutir à l’épisode de la Cadillac rose de Bez au Vélodrome en 1989-90.

Visionnaire, Bernard Tapie souhaitait tout changer dans le football français. Mais les instances, traditionnellement conservatrices, ne partageaient pas sa vision. Les deux camps se sont souvent opposés, menacés et la Ligue a régulièrement sanctionné Tapie pour des méthodes que d’autres avaient pourtant inventées (contacter les meilleurs joueurs de l’équipe adverse une veille de match pour leur faire miroiter un futur transfert, c’est signé du Parisien Francis Borelli, par exemple !). Le football français de l’époque était déjà rempli de petits arrangements, comme Claude Simonet évitant la relégation de son FC Nantes malgré des finances désastreuses alors que les Girondins avaient subi ce sort pour les mêmes raisons ou Noël Le Graët validant la montée de Guingamp en D2 alors qu’en tant que petite ville, elle n’aurait pas dû accéder au niveau professionnel, tel Luzenac il y a quelques années… Mais Bernard Tapie n’entrait pas dans le moule. Et il n’a donc bénéficié d’aucun soutien en mai 93 quand a explosé l’affaire OM-VA…

Diouf, les Minots et les préfets

Plus près de nous, il y a eu l’épisode des Minots le 5 mars 2006. Le président de l’OM, Pape Diouf, s’insurge contre le nombre de places allouées à ses supporters pour le choc contre le PSG. Il décide donc d’envoyer la CFA2 au Parc des Princes, pour un résultat entré dans l’histoire (0-0). Diouf n’a pas attaqué frontalement les instances ou les autorités, c’est plutôt le PSG qui était dans son viseur. Et c’est ce qui explique que, contrairement à Marcel Leclerc ou Bernard Tapie, il n’a pas payé cher sa décision. Mais quand on voit le nombre d’interdiction de déplacements de supporters qui tombent chaque saison en Ligue 1 de nos jours, on ne peut s’empêcher de penser que son combat a été vain…

Il s’agit des trois exemples les plus parlants des combats de l’OM contre les instances. Deux fois sur trois, ça s’est mal terminé pour le président. De quoi inciter Pablo Longoria à revoir sa position concernant sa lutte pour la réforme de l’arbitrage ?

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