C'était au mois de juillet dernier. Alors que le peuple vert, nécessairement, s'était préparé à dire au revoir à Romain Hamouma, attaquant en fin de contrat qui ne semblait plus intéresser son entraîneur, Claude Puel. En dépit des déclarations de ce dernier, envers un joueur qui "puait le football", rien, vraiment rien, n'indiquait que l'ASSE allait finalement proposer une année de plus à celui qui venait de passer neuf années sous le maillot vert. Mais parce que le technicien castrais change souvent d'avis, ce sera également le cas pour M'Baye Niang, virage à 180 degrés et signature surprise de l'attaquant. "Est-ce que je m’imaginais faire 10 ans chez les Verts ? Non pas du tout. Quand j’ai signé mon premier contrat, mon but c’était de faire le maximum. Je ne me projetais pas vraiment, j’étais là, je voulais jouer, progresser. Il a fallu travailler et s’accrocher, donc pour moi c’était une réussite de signer dans un tel club. Surtout que ce club-là parle à tout le monde, tous les anciens, toute cette génération de supporters. Je suis très heureux de rester ici en tous cas. C’était une évidence de continuer à l’ASSE. Je ne savais pas que j’allais autant m’installer. Dix ans, c’est énorme. C’est mon club, je suis très bien ici. J’ai envie de continuer à travailler pour l’équipe. J’attends impatiemment les retrouvailles avec le Peuple Vert. Le Chaudron plein me manque. J’ai envie de faire descendre les tribunes, je ne pense qu’à ça."
Neuf matches plus tard, et une place de bon dernier de la L1 pour sa formation, Romain Hamouma doit quelque peu déchanter. Certes, son expérience est trop grande pour ne pas imaginer qu'il s'attendait, comme certains de ses partenaires, à une saison galère. Mais ce qui interpelle davantage, ce sont ses statistiques, son état de forme et le rendu de ses prestations. Premier constat, Claude Puel, adepte du turn over permanent et des changements tactiques incessants, ne lui a pas fait confiance à chaque match. Bien au contraire. Hamouma, c'est en effet 5 titularisations et 4 présences sur le banc de touche depuis le début de saison. Dont la dernière pour le derby tant attendu face à l'OL. Peu importe qu'Hamouma soit l'un des rares attaquants à "avoir du ballon" et que son entente avec Khazri, décisive la saison passée, porte régulièrement ses fruits. Puel pense aussi, et surtout, au travail défensif de ses attaquants, choisissant parfois de titulariser Bouanga et Nordin sur les ailes avec le seul Tunisien en pointe.
"Les prochains matches, décisifs pour les Verts dans la course au maintien, devraient être l'opportunité pour lui de se montrer. Et d'ouvrir son compteur buts. Car avant de conseiller les futures gâchettes de l'ASSE, il y a un présent à consolider."
Autre constat, tout aussi évident, Hamouma n'a pas encore retrouvé son allant des derniers exercices. Il n'a pas marqué le moindre but, paraît moins juste dans ses frappes et crée moins de décalages. L'âge ? La confiance ? On opterait plutôt pour une préparation estivale tronquée, en dépit du fait que le joueur se soit entretenu de son côté, et notamment avec un ancien Vert, Kévin Monnet-Paquet. On se demandera aussi pourquoi Claude Puel, car c'était lui le seul décisionnaire, a attendu autant de temps pour prolonger un attaquant qui ne souhaitait qu'une chose : rester en Vert. Ce n'était pas rendre service à Hamouma, ni au club, que de laisser traîner le dossier, le joueur étant loin de l'Etrat lorsque la reprise a été sonnée pour le reste du groupe.
Hamouma, qui la saison prochaine, intégrera logiquement le staff afin d'épauler les attaquants, a une carte à jouer dans les prochains mois. Notre ligne offensive manque trop de certitudes, et de technique, pour se passer de lui. Les prochains matches, décisifs pour les Verts dans la course au maintien, devraient être l'opportunité pour lui de se montrer. Et d'ouvrir son compteur buts. Car avant de conseiller les futures gâchettes de l'ASSE, il y a un présent à consolider et une institution à maintenir dans l'élite. Avec Hamouma, c'est jouable.
Benjamin DANET