« Lorsqu’il avait été contacté par Roland Romeyer, Claude Puel n’avait pas cherché à différer son arrivée pour prendre la direction de l’équipe seulement après le derby dont il connaissait à la fois l’importance et les risques. Même Ghislain Printant ne pensait pas le voir arriver si vite, estimant qu’il était facile pour son successeur annoncé d’éviter ce sommet dont il pouvait chuter avant même d’y avoir planté un premier crampon. Mais l’ex-Monégasque n’avait pas fui le danger au profit d’un confort tout relatif. On connaît la suite avec un coup de poker qui avait vu Boudebouz sortir du placard et Beric devenir un héros. Les optimistes ont vite fait le parallèle avec la signature de Pascal Dupraz. Après tout, lui aussi prenait l’équipe pour un derby et lui aussi a gagné son premier match sur le banc des Verts avec un petit but qui vaut cher. Les plus mesquins relèveront que ce n’était que la Duchère qui était en face, pas l’OL, même si quelques chambrages ont rappelé qu’on était bien en terre lyonnaise. Les plus réalistes et honnêtes relèveront qu’affronter une formation qui évolue en National 2 n’est pas le plus périlleux des rendez-vous, pour une formation de l’élite, même pour sa lanterne rouge. Mais qu’il y avait quand même un piège, double, avec au delà d’une élimination, les retombées psychologiques à trois jours de la réception de Nantes. Un faux-pas dans le Rhône et c’était une plongée noire dans la Loire. Tous les plans de Dupraz pour redonner confiance à son groupe qui pouvaient tomber à l’eau. On comprend l’insistance de Youssouf à rappeler que « le plus important, c’était la qualification » après le succès étriqué de dimanche, « Peu importe la manière ». Sans doute Dupraz ne le démentira-t-il pas, publiquement du moins. Tout heureux de voir les supporters passer eux aussi une éponge qui aurait été plus grattante pour Puel après une telle prestation.
Un vrai communicant pour rompre avec l’esprit Puel
Il est vrai que le nouveau coach sait mieux s’y prendre. Si on moquait son prédécesseur dont on avait dit qu’il avait dû zapper les cours de communication, le Haut-Savoyard a, lui, tout compris des éléments de langage du métier. Il y ajoute même sa petite touche, un peu calimero dans ce monde impitoyable qui ne reconnaîtrait pas sa valeur, un peu Astérix dopé par un esprit de revanche plus cultivé que spontané. C’est peut-être ce qu’il faut aujourd’hui à ce Sainté aux airs de beausaigne, à ces Gaulois verts à l’accent aiguisé dans les eaux du Furan pour repartir en conquête. Pour l’heure la conquête modeste d’une place de dix-septième…
Le pari est moins coté au moins en nombre de points que celui tenté par cet entraineur que certains font rimer avec manipulateur quand d’autres le voient magicien pour avoir écrit une belle page de son histoire à Toulouse. Sa causerie avant le match décisif à Angers a fait le tour des écrans, après avoir fait vibrer un vestiaire habilement ouvert aux caméras. Le TFC jouait alors son va-tout. Lui aussi. Et il a gagné.
Il ne suffira pas de bons mots pour réussir un gros coup comme à Toulouse
De là à croire qu’il suffira à nouveau de quelques bons mots pour réussir un autre gros coup, il y a une marche que d’autres avant lui ont dû franchir, et elles sont hautes à Geoffroy-Guichard. Si Christophe Galtier avait réussi à extirper l’équipe d’une infernale descente, comme plus tard Jean-Louis Gasset, les deux hommes n’avaient pas misé que sur leur science, mais sur de réels renforts, Diakhaté pour le premier, Subotic, Debuchy, M’vila pour le second. Dupraz ne s’en sortira pas autrement, lui non plus. Que Jean-Francois Soucasse assure que les actionnaires suivent rassure. Dommage qu’ils n’en aient pas été convaincus dès cet été. Mais chut! Le remplaçant de Puel ne veut pas parler du passé. Il faut dire qu’il est lourd. »
Didier BIGARD