2022-23, une saison charnière pour la Ligue 1… et la Ligue 2
Aujourd'hui, l'ASSE est encore loin d'avoir assuré son maintien et pourrait même être contrainte, en mai prochain, à passer par la case barrages pour le valider. S'il n'est jamais bon pour personne de descendre en deuxième division, l'exercice 2022-23 s'annonce encore plus compliqué avec la refonte des championnats pour passer à 18 clubs. L'an prochain, si les Verts évoluent encore en Ligue 1, il faudra composer avec quatre descentes. S'il faut remonter de Ligue 2, il n'y aura que deux places et aucun Play-off. Les places seront quoi qu'il arrive chères et Saint-Etienne, qui reste sur deux maintiens in-extrémis, ne pourra pas se permettre de jouer trop longtemps avec le feu et les limites imposées par la faiblesse de son effectif.
La manne CVC, un cadeau empoisonné pour les Verts
Le football français durement frappé par les épisodes du Covid et Mediapro, personne ne peut réellement se permettre de cracher la manne apportée par le fonds d'investissement CVC Capital Partners, lequel a investi 1,5 milliards d'euros pour devenir actionnaire minoritaire de la société commerciale de la LFP. Mais cette manne, qui représente 33 M€ sur deux ans pour les Verts (16,5 M€ cet été, 17,5 M€ dans un an), a un revers de la médaille : celle-ci est arrivée à un moment où l'ASSE est dans le creux de la vague – piégée comme Bordeaux dans le bas de tableau de Ligue 1 – et n'est bien évidemment pas à la hauteur de la notoriété du club quand Nice, Rennes ou encore Lille récupèreront chacun 80 M€.
Le principal problème n'est toutefois pas qu'elle creuse – à compter de 2024 – les inégalités entre riches et pauvres de Ligue 1, mais qu'elle redonne surtout du souffle au tandem Caïazzo – Romeyer. Alors que le peuple vert appelle de ses vœux – et depuis de longs mois – au départ du duo présidentiel (départ envisagé depuis le 15 avril 2021 rappelons-le), le « pactole CVC » réinjecte directement des liquidités. Plus obligés de remettre au pot sur leurs deniers personnels pour payer leurs dettes bancaires et sauver le club, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer ne sont plus aussi pressés à l'idée de trouver un successeur. Comme révélé dans nos colonnes la semaine passée, le tandem n'envisage d'ailleurs plus de passer la main et est revenu à la quête d'un actionnaire minoritaire pour les épauler. Un statu-quo désastreux pour l'ambition du club, lequel est reparti pour plusieurs mois à naviguer à vue…
Un organigramme qui travaille… sans perspectives claires
Cet hiver, Jean-François Soucasse, le président délégué nommé en juillet dernier par Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, a revu l'organisation du club suite au départ de Claude Puel. Désormais sans Manager général concentrant tous les pouvoirs, l'ancien dirigeant du Téfécé a promu l'ancien Stadium Manager Samuel Rustem en Directeur Général délégué et Loïc Perrin en Coordinateur sportif. Un attelage de fortune bâti sur six mois et qui n'a toujours pas été conforté dans ses fonctions.
Le club étant toujours officiellement en vente (bien que les investisseurs ne se bousculent pas au bureau du cabinet KPMG) et la priorité étant donné au maintien, les rôles de chacun n'ont pas fait l'objet de nouvelles discussions. En fin de saison, si l'ASSE reste en Ligue 1, il y a fort à parier que les rôles seront entérinés. En attendant, difficile de réellement anticiper les choses. Loïc Perrin l'a bien fait en allant chercher Ilan pour la cellule de recrutement afin de répondre au départ de Jean-Luc Buisine mais c'est quasiment le seul mouvement structurel d'envergure qu'il était possible de faire. C'est donc avec une cellule de recrutement à deux têtes (Ilan, Anthony Gillot) – qui apprend tout juste à se connaître – et un chef des opérations (Loïc Perrin) – sans certitudes sur sa continuité – que les Verts travaillent aujourd'hui à l'anticipation de l'avenir. Dans une bataille des fins de contrat où chaque club jouera sa carte une fois le maintien acquis, l'ASSE prend vraiment beaucoup beaucoup de retard…