La Ligue de Football Professionnel a décidé de convoquer ce mercredi son conseil d’administration en urgence. En cause, le principal diffuseur de la ligue 1, DAZN, qui refuserait de payer sa quatrième échéance prévue ces jours-ci.
On pensait avoir tout vu. Et même tout lu, eu égard aux propos de Vincent Labrune, le président de la Ligue de Football Professionnel, accordés fin décembre 2024 à nos confrères du Parisien. Pas si lointain, certes, mais une toute autre époque, visiblement, pour l’homme fort de la LFP, jamais avare de certitudes et d’auto-satisfaction. DAZN, le principal diffuseur de la Ligue 1 ? « Ils ont réussi l’exploit de lancer en moins de deux semaines un produit sans bug ni écran noir. Après oui, ils ont peut-être fait une erreur en tapant un peu fort au départ sur les tarifs. Mais on apprend tous en marchant. On est à fond derrière eux. » Pour l’erreur stratégique (tarifs exorbitants), qui condamne toute entreprise dans la vraie vie, ou encore la couverture médiatique en dessous de tout de DAZN (journalistes, consultants), on ferme les yeux. On oublie tout, même, et on s’attaque au non-essentiel : le manque supposé de collaboration de certains clubs, dont on ne connaît pas l’identité…, et le piratage auxquels d’innombrables acteurs ont pourtant dû faire face par le passé.
On peut regarder DAZN, mais en coupant le son, tel est le souci
Des années durant, Canal + ou BeIN Sports, pour n’évoquer que la France, ont payé, diffusé, et avec qualité, sans jamais menacer qui que ce soit en dépit du piratage déjà existant. Une autre façon de faire, évidemment, une approche professionnelle et respectueuse du football français qui tranche avec les méthodes du service de streaming anglais. Trop facile, après tout, de sans cesse chercher des responsables à sa propre incompétence. DAZN, et il suffit d’en parler avec tous les amoureux du foot, ne séduit pas en raison de son insuffisance dans d’innombrables domaines. Une piètre couverture des matches, un manque criant de journalistes, et de caméras, sur certains stades, des consultants qui n’apportent rien, une fan-zone insupportable, la liste est longue. On peut regarder DAZN, mais en coupant le son, tel est le souci. Pas le piratage ou le supposé manque de collaboration de certains clubs…
Dans le business, on appelle ça une faute. Et généralement on vire les dirigeants
Les clubs, justement, dont la plupart, via leurs présidents, ont continué d’accorder une confiance aveugle au président de la LFP, Vincent Labrune. La manne CVC était pour certains (les plus gros) passée par là. Aucune raison, dès lors, de s’inquiéter de la suite. De la rémunération scandaleuse de Labrune ou, pire, de l’échec total du dernier appel d’offres des Droits TV avec 1 milliard d’euros attendu et deux fois moins dans les caisses. Dans le business, on appelle ça une faute. Et généralement on vire les dirigeants. Pas à la LFP, ni dans le petit monde de la Ligue 1, ou on se félicite de la venue de DAZN qui s’offre même le droit de résilier son contrat, en décembre prochain, si son nombre d’abonnés n’est pas suffisant. Lorsque deux partenaires pas au niveau signent un mauvais accord, il faut en accepter les conséquences. Et prévoir la catastrophe économique. Ni la LFP, ni les clubs, ni DAZN ne l’ont fait. Pas étonnant, dès lors, qu’un conseil d’administration soit convoqué ce mercredi en urgence. La suite, on pourrait presque déjà l’écrire….