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Ligue 1

ASSE – EXCLU Socios Verts : « Que les supporters puissent bénéficier d’un droit de regard »

En marge de la vente de l’ASSE, l’association Socios Verts a lancé depuis une dizaine de jours une souscription pour réunir tous les supporters. Son porte-parole Thierry Simonnet nous explique les arcanes du projet et le rôle qu’il espère pouvoir jouer dans le futur du club.

But ! Saint-Etienne : Thierry, comment est né le projet Socios Verts ?

Thierry Simonnet : L'idée est venue cet été après le match face à Lorient (1ere journée). Nous étions trois supporters présents à Geoffroy-Guichard et nous discutions devant l'un des camions à burgers autour du stade. On s'était dit qu'un projet Socios serait une belle idée à Saint-Etienne. Au début, nous n'étions que trois, puis cinq personnes supplémentaires sont venues se greffer au projet. A huit, nous avons commencé à travailler. Si le site internet (www.socioverts.fr) a été créé très rapidement grâce à l'un des membres de notre CA qui est programmeur informatique, il a fallu rédiger tous les statuts, créer l'association, qu'elle passe en Préfecture et que tout soit validé. Au total, on a mis deux mois à formaliser les choses et lancer les souscriptions pour le 3 novembre.

Si on s'en réfère aux informations sur le site, il s'agit d'une cotisation de 30€ minimum pour un particulier (300€ pour une entreprise) et une durée de souscription qui s'étend jusqu'en avril 2022. Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet et ses objectifs ?

Notre objectif mythique, c'est de remplir un Chaudron, à savoir atteindre les 42 000 souscripteurs avec une moyenne de 100€ la place. Si on attend les 4,2 M€, on sera très content. Maintenant il faut bien préciser que, pour l'instant, il ne s'agit pas d'argent réel. Comme pour le Téléthon, il s'agit d'une promesse de dons. Il n'est pas nécessaire d'avoir une carte bleue pour incrémenter le compteur. Ce ne sera qu'au moment du lancement du deuxième étage de notre fusée, à la fin de la période de souscription, qu'une demande sera effectuée.

Quid des divers groupes de supporters et d'Ultras ? Sont-ils derrière vous ? Vous ont-ils apporté leur retour sur le projet ?

Comme nous venons tout juste de démarrer, nous n'avons pas encore eu de retour officiel. On n'a pas encore eu le temps d'aller les voir mais nous comptons les solliciter. Ils feront partie intégrante du projet.

Vous-même, êtes-vous affilié à un groupe ?

Je ne le suis plus. J'ai été associé supporter à une époque avec mon fils, abonné dans le Chaudron pendant six ou sept ans à l'époque D2. Je me souviens notamment d'un match face à Gueugnon sous la neige, perdu 0-3 à Geoffroy-Guichard en ratant deux penaltys. J'étais là durant les soirées cauchemardesques… Même si j'en ai aussi connu des meilleures depuis. On est là quel que soit les résultats (rires).

« Nous souhaitons créer un modèle qui nous est propre »

Il y a quelques années, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer avaient envisagé ce type de projet Socios en lançant une carte de membre avant de l'abandonner. Qu'est-ce qui vous fait croire aujourd'hui que ce rêve Socios peut réellement fonctionner à l'ASSE ?

Pour moi, on ne parle pas de la même chose. Quand l'ASSE a lancé sa carte de membre avec une communication autour des Socios, c'était davantage une opération commerciale. L'idée de rentrer dans le capital du club n'a jamais dépassé le stade des mots. Si les dirigeants actuels avaient vraiment fait l'annonce en ce sens, ils auraient eu facilement 42 000 supporters prêts à s'investir…

Sur quel modèle voulez-vous bâtir les Socios Verts ? Le modèle espagnol que l'on voit au Real Madrid ou au FC Barcelone ?

Non. Nous souhaitons créer un modèle qui nous est propre. On souhaite prendre les bonnes idées un peu partout et les transposer à nos spécificités. Le modèle espagnol n'est pas forcément le bon car il ne peut pas se calquer en France. On regarde davantage ce qui se passe dans des projet Socios français. Les Kalon de Guingamp, ça nous intéresse. Le souci du groupe guingampais c'est qu'ils n'ont pas de membre au Conseil d'Administration. Si on parvient à peser et que le club accepte de nous rencontrer et de nous faire rentrer au capital, il nous faudra un siège. Le modèle qui se rapproche le plus du nôtre serait celui de Bastia. Eux sont au CA… Mais ils l'ont fait en 2017 au moment où il fallait recréer toute une structure (le Sporting était relégué par la DNCG en National 3, NDLR). A l'ASSE, on espère ne pas en arriver là. C'est pour ça qu'on aspire à un modèle 100% stéphanois.

Etes-vous rentrés en contact avec ces groupes Socios pour échanger ?

Pas encore ! Nous n'avons qu'une existence de quelques jours. C'est encore léger. Mais nous sommes très bien informé par un membre de l'association. Il travaille sur la question depuis pas mal de temps … Il est évident que nous irons vers eux dans les semaines à venir. Cela fait partie des actions que nous souhaitons mener durant la phase de souscription qui s'étend jusqu'à avril 2022.

A Nantes, un projet Socios se monte également mais il se heurte au désintérêt d'un président (Waldemar Kita) qui leur ferme la porte. Comment voyez-vous la situation à l'ASSE avec un possible nouvel actionnaire dans les prochaines semaines ?

Evidemment, c'est la grosse inconnue de notre équation. Aujourd'hui, on décide de partir de la base de supporters. On donne de notre temps, on travaille beaucoup pour bâtir une base de 42 000 Socios, pour constituer un monstrueux fichier de fans de l'ASSE. Si on atteint ce nombre, il me paraît impensable qu'un dirigeant de club, nouveau ou pas, ne l'entende pas. Après si la direction – quel qu'elle soit – nous reçoit et nous ferme la porte, on patientera. Tout ce que je peux dire, c'est que l'engouement qu'on suscite est assez hallucinant…

Cela va au delà de vos espérances ?

Oui. Nous sommes sur une base de 300 souscriptions par jour alors que nous venons tout juste de nous lancer. Sincèrement, je suis surpris. Je ne pensais pas que cela démarrerait aussi fort et que je me retrouverais sollicité par la presse tous les jours (rires).

« Quand le club et les supporters marchent main dans la main, c'est beaucoup plus facile »

Avez-vous été approché par des potentiels repreneurs ou par des personnes au sein du club ?

Pas encore ! Mais aujourd'hui on fait en sorte de créer la structure juridique spécifique aux entreprises afin de s'adresser à elles (ce qu'a fait « le Collectif nantais » emmené par les sponsors du FC Nantes notamment, NDLR). Nous sommes encore en pleine phase de recrutement. En tout cas, on a une belle machine de guerre. Pour être présent au quotidien, il nous fallait un siège. Depuis jeudi dernier, nous en avons un. Les Ligériens souhaitant s'informer du projet pourront le faire au bar « Le Tom Sawyer », rue Gabriel Péri à Saint-Etienne.

On a bien compris que dans un projet d'entrée des Socios Verts au capital, vous visez une part minoritaire au sein du club. Comment faire entendre la voix des supporters face à un actionnaire qui aura peut-être 60-70% des parts de l'ASSE ?

Imaginons qu'on puisse disposer de 10% des parts du club, cela fait toujours un siège au moment des votes au Conseil d'administration. Ce qu'on souhaite, c'est que les supporters puissent bénéficier d'un droit de regard et faire entendre leur voix. On peut aussi servir de boussole à un dirigeant qui n'est pas forcément au fait du contexte ligérien. Le plus important dans tout ça, c'est que ça nous offrirait la possibilité de communiquer en interne, à tous les Socios, ce qui se passe réellement. Il y aura aussi la possibilité de mener des sondages en interne sur des sujets importants à court, moyen ou long terme. Je pense que ce serait une vraie force pour le club. Cela permettrait de savoir ce que pensent réellement les supporters…

Cela correspond aussi à une volonté de transparence dans un milieu du foot parfois illisible…

Bien évidemment ! La transparence est importante pour que les supporters se sentent valorisés, choyés… C'est important de pouvoir dire aux gens qu'ils peuvent aider le club. Quand les actionnaires se trompent de direction, que les supporters ne sont pas d'accord, on en arrive à des situations de tension. Cela peut engendrer des soucis tel qu'on les connait actuellement. En impliquant les supporters dans le projet, on peut éviter d'en arriver à certains extrêmes comme des jets de fumigènes sur le terrain ou des envahissements de pelouse. Quand le club et les supporters marchent main dans la main, c'est beaucoup plus facile. Actuellement, ce n'est plus le cas et c'est vraiment dommage.

Un dernier mot au peuple vert ?

J'invite tous les Stéphanois et à tous les supporters de l'AS Saint-Etienne de France à nous rejoindre. C'est le bon moment. Si on attend davantage, on va laisser passer le train. Il faut que la future direction stéphanoise se rende compte de l'importance et de l'unité des supporters des Verts. S'ils arrivent et qu'on ne pèse pas assez, peut-être que l'opportunité d'innover et de s'ouvrir à un projet Socios ne se représentera plus avant 15 ou 20 ans. C'est maintenant qu'il faut agir. J'ai eu vent de certains remous nous accusant de venir de je ne sais où et d'être piloté par je ne sais qui. La réalité, c'est que nous sommes des supporters indépendants, des fans lambdas qui se sont réunis. Nous venons de la base.

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