L'ASSE cultive l'art de se saborder. Ce n'est pas nouveau. Mais hier, à Rodez, elle a vraiment démontré un savoir-faire exceptionnel en la matière. Les Ultras ont d'abord montré la voie en se tapant les uns sur les autres, dans leur parcage, retardant le coup d'envoi d'une heure. Des scènes de violence affligeantes qui devraient valoir aux Verts de jouer sans leurs supporters lors de leurs prochains déplacements. Ensuite, les joueurs ont trouvé le moyen de perdre pour la deuxième fois d'affilée dans le temps additionnel, après Grenoble, contre une équipe de Rodez pourtant limitée mais qui a su profiter de leurs errements et de leur incroyable passivité sur la dernière action du match. Zéro point en deux journées, voilà qui fait tâche pour un candidat déclaré à la montée. Et il y a aussi eu l'après-match, où Laurent Batlles a exposé au grand jour les tensions qui plombent le club en interne, avec cette réponse, concernant l'avancée du Mercato… « Le Mercato ? Parlez-en aux gens concernés. Est-ce que ça influe sur ce qu'il se passe sur le terrain ? Oui totalement. »
Romeyer déjà prêt à appuyer sur le bouton ?
Le message est clair : le coach des Verts n'est pas content de la tournure des événements, de cette passivité des dirigeants, de ce Mercato limité aux seules arrivées de Sissoko et Batubinsika, et du manque pour lui de solution au poste de piston gauche en l'absence de Nkounkou, désireux de quitter le club. Loïc Perrin est ciblé, tout comme Jean-François Soucasse. Les deux sont également dans le viseur de Roland Romeyer, de plus en plus agacé lui aussi. Au point de prendre des décisions, déjà ? Le timing ne s'y prête pas vraiment car il reste encore quinze jours de Mercato. Quinze jours pour se renforcer. Alors que Soucasse, tout sourire sur beIN avant Grenoble (0-1), affirmait samedi dernier que Nkounkou allait rester et que le Mercato était « bouclé à 90% », les dirigeants tableraient maintenant sur trois dernières recrues. C'est l'heure du « Panic Buy », si cher aux Verts depuis si longtemps, faute d'une vraie cellule de recrutement… La défaite à Rodez (1-2) a fait prendre un peu plus conscience des manquements de l'équipe. Le capitaine Briançon a pointé l'état d'esprit défaillant de ses troupes, à raison, mais il n'y a pas que les têtes qu'il faut remettre à l'endroit dans cette équipe, une stat le démontre puisque l'ASSE a perdu 296 ballons en deux matches ! Avec un jeu collectif qui s'est souvent résumé, à Rodez, à de longs ballons en profondeur pour Wadji, un énième but encaissé sur corner, un changement de dispositif à la mi-temps et pas mal de joueurs perdus sur le terrain, difficile de dédouaner Batlles. Sa responsabilité est forcément engagée. Il apparaît aujourd'hui isolé, et comme à un an seulement de la fin de son contrat il ne jouit ni du totem d'immunité de Perrin ni du parachute dorée de Soucasse, c'est sans doute lui qui se retrouve à présent le plus exposé à un possible coup de balai estival…
Laurent HESS