On ne va pas vous rechanter couplets et refrain louant l’ambiance de Geoffroy-Guichard. Celle-ci ne supporte pas les fausses notes, qu’elles viennent de tribunes trop institutionnelles ou de la pelouse quand l’institution verte bégaie. Personne n’ignore plus depuis longtemps qu’ici gradins et terrain ne font qu’un. On gagne et on exulte ensemble, on perd et on pleure ensemble. La seule question que des ignorants se posent encore dans d’autres stades où on contrefait l’enfer d’hier est « Qui donne le ton? Supporteurs ou joueurs? ». Paradoxe de l’œuf et de la poule. Un Aristote du football s’en inspirerait mais on évitera lâchement les méandres de l’esprit pour répéter «Mais puisqu’on vous dit qu’à Sainté, il y a osmose, influence réciproque. Le philosophe nous expliquerait que chronologiquement, le public est le premier arrivé et donc le premier en action, mais logiquement, c’est bien pour l’essence que représente l’équipe qu’il s’est déplacé et a entonné ses premiers slogans, déployé ses tifos. Et pour remettre les pieds sur terre, jouer avec les mots: si le plein de carburant nécessaire à 90 minutes d’échange est bien fourni par les spectateurs, ce sont les acteurs qui font tourner le moteur. Comme Davitashvili samedi.
Quel chauffeur de stade ce Zuriko !
Quel chauffeur de stade que le Géorgien! Son hat trick l’a fait entrer dans le cercle des buteurs d’un soir ou plus qui ont fait lever Geoffroy-Guichard tels Mekloufi, Herbin, Larqué, les Revelli, Platini, Larios, Tibeuf, Mendy, Blanc, Alex, Payet, Hamouma, Aubameyang, Khazri, Krasso. Des très grands pour certains, des promesses, des éclosions pour d’autres, des malentendus parfois mais toujours le même trait commun, un entrain, de la combativité, de la détermination, des courses, de la justesse dans le dernier geste et derrière tout ça un collectif. Comme face à Auxerre.
Ce n’est pas un hasard si Olivier Dall’Oglio a lié dans ses louanges le rentrant Cafaro, Old, Sissoko, Ekwah, Stassin et même l’absent Abdelhamid. Pas un hasard non plus si Moueffek s’est tourné vers les kops « Quand le chaudron est comme ça, c’est magnifique », que Ben Old ouvrait des yeux d’enfant « Je n’ai jamais rien connu de tel » ou que Zuriko, le héros, partageait espoirs « d’un début de quelque chose » et le mérite de ce succès « Merci de votre soutien ». Dans un tel match, on ne fait qu’un.
Didier BIGARD