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Ligue 1

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Ce public stéphanois est unique et on l'oublie »

Le derby a rappelé combien l’ambiance de Geoffroy-Guichard est unique. C’est ce que rappelle Didier Bigard dans sa chronique hebdomadaire sur l’actualité de l’ASSE.

 « La force du public, Alex Soderlund, Robert Beric, Wabhi Khazri l’ont mesurée dans le derby, comme avant eux Hervé Revelli et les héros de la légende, dans des matches autrement plus difficiles que les promenades de santé face aux Lyonnais de l’époque qui donnaient des boutons à Fleury Di Nallo, Raymond Domenech et Bernard Lacombe. Cette force du public, on l’a ressentie souvent aussi dans des salles de sports. Ce samedi encore à Saint-Just-Saint-Rambert où dans sa Bonbonnière les locaux de La Pontoise ont remonté seize points en un quart temps avec un trois points pour coiffer au buzzer leurs voisins du BCM. On ne s’éloigne pas du football, rassurez-vous. Cette parenthèse qui aurait pu s’ouvrir à Roanne, Saint-Chamond, Montbrison ou Feurs met en exergue une ferveur qui porte le nom de Sainté et a conquis bien des stars poussées par une passion partagée, avec le maillot des jaunards de Clermont, le bleu des filles de l’équipe de France de foot ou, dans une autre vie, le rouge des volleyeurs du CASE. La Loire c’est toujours champion.

Ici, on aime le sport, les stars qui ne sont pas obligatoirement artistes, mais artisans d’un labeur dessiné avec le cœur. Ici, on aime l’effort, pas les tricheurs, on aime la victoire comme ailleurs, mais on accepte la défaite si elle a été combattue jusqu’au bout ses forces. Alors, les tribunes se lèvent, douzième ou quinzième homme de onze joueurs qui comprennent que même sans le refrain de Liverpool, ils ne marcheront jamais seuls.

C’est cette communion si naturelle ici qui a fait perdre les pédales à Anthony Lopes et Denayer lors du derby. C’est elle qui a fait chavirer Geoffrey-Guichard plus encore que le point arraché qui a fait sourire Sydney Govou, chambreur comme on les aime « A la fin du match j’ai cru que L’ASSE avait gagné, ça m’a fait sourire. Mes potes du Puy m’ont envoyé un écriteau de Saint-Étienne avec le message : “je t’aime autant qu’un but de Khazri à la 95eme ”. Ils n’ont pas gagné, il faut le leur dire». Twitter avait aussi ouvert les vannes, mais, parmi les réactions on a surtout retenu que Peter Boz assimile vite le parler des gones, les subtilités d’un langage, message pernicieux que la commission de discipline décortiquera « L’ambiance était super, sauf les mecs qui entrent sur la pelouse ».

Ici, ce n’est pas Paris

On verra quelle suite sera donnée à cette soirée, d’abord festive avec une osmose traduite par Camara qu’on pouvait croire descendu du kop, « fier des supporters et d’être stéphanois ». Comme s’il avait suffi d’un match, pas comme les autres, pour retrouver une union sacrée qui a fait souffler Claude Puel «C’est important que les supporters voient que leurs joueurs s’investissent ». Oui, mais, cela ne peut pas suffire et on aimerait que le grand patron du sportif comme ses dirigeants comprennent que, loin de réduire la fracture du Covid, ils l’ont jusqu’à présent aggravée par un excès de précaution qu’on assimilera à un excès de protection.

Si le derby a attiré 33 643 spectateurs, la moyenne des affluences reste basse et n’est pas seulement liée aux résultats. L’équipe a été coupée de sa base, une hérésie à Saint-Étienne où la transmission de la passion ne peut pas être virtuelle. La communication, c’est se croiser, se parler, se connaître, c’est transmettre. En fermant le centre d’entraînement cet été qui aurait dû être celui d’une respiration retrouvée, en contrôlant à l’excès la com à travers des médias choisis, des sites orientés, l’ASSE perd son âme. Ici, ce n’est pas Paris. Sous l’ère Galtier ou Gasset, on pouvait compter un demi millier de supporters à l’Etrat. Ils étaient une demi dizaine jeudi et vendredi.

Formé à la discrétion monégasque, renforcé par une école lilloise qui n’est pas lensoise, confortée par une culture lyonnaise aux antipodes des racines qui ont nourri la légende des verts, Puel n’avait pas les codes et personne n’a songé ou osé les lui donner. On l’a conforté dans un rôle de nouveau Sphinx en oubliant que ce sont les victoires qui protègent des coups de griffes. »

Didier BIGARD

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