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Ligue 1

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Claude Puel sans défense »

Claude Puel, le manager général de l’ASSE, est au centre de la chronique de Didier Bigard cette semaine.

« Il y a dans l’environnement de l’ASSE des as du management. Ou quelques anciens qui ont retenu les leçons apprises il y a plus de trente ans: on peut souder une équipe avec une cible commune. La plus louable est un objectif collectif, mais quand les volontés s’éparpillent, rien de mieux qu’un bouc émissaire, quitte à s’autodésigner. Bien avant qu’elle soit enseignée,  Robert Herbin appliquait cette formule quand sa troupe battait de l’aile. 

On ne sait pas si Claude Puel l’a fait sciemment lui aussi, mais il cristallise les oppositions. Souder un groupe autour d’une même mire: il a fait mieux en faisant se rejoindre dans des actions combinées trois associations d’ultras. A moins que d’autres ne l’aient fait à sa place mais à qui cela profiterait-il?

« On va passer dans les faits divers »

Pas à l’équipe qui ne doit qu’à elle-même d’avoir réalisé une performance honorable face à un onze qui avait inquiété le PSG. Pas au maillot vert, noirci comme l’a été la pelouse hybride. Pas à son public qui va revivre des huis-clos après avoir tant attendu son retour dans les stades. Pas au mouvement ultra dont des acteurs, ont tenu de mauvais rôles depuis le début de la saison à Montpellier, Lens, Nice, Angers, Marseille, comme s’il y avait surenchère ou orchestration. Pas aux dirigeants, même si leurs responsabilités sont diluées. Pas à d’éventuels repreneurs inquiets de l’image du club même si  son prix a plongé vendredi soir. Pas à la Ligue qui rêve de revenus mondiaux pour oublier les cauchemars engendrés par ses mauvais choix nationaux. Pas au football, pas au sport, pas à la société.

Mais peut-être certains l’ont-ils cru? D’autres se sont étonnés de voir l’Etrat sans grande surveillance la veille du match jour d’affichage d’un ultimatum posé par les ultras sans condamnation de la direction du club. Difficile également d’ignorer le message qui circulait « venez camouflés, on va passer dans les faits divers ».

Bernard Caïazzo était venu à Saint-Étienne

C’est peut-être ce qui a fait dire à Puel « L'environnement, c'est aux dirigeants de le gérer ». La petite tape de Roland Romeyer n’avait pas dû suffire à le rassurer sur un soutien présidentiel, ni même le fait d’avoir été conforté dans ses fonctions après une réunion au sommet pour laquelle Bernard Caïazzo avait fait le déplacement à Saint-Étienne le lundi.

« Il n’a aucun affect, c’est le problème »

Il faut avouer que l’intéressé ne fait rien pour conquérir son monde. « Il n’a aucun affect, c’est le problème» tranche un proche du club, tandis qu’un autre estime « qu’il veut montrer que c’est lui qui décide et qu’il a tendance à tirer la couverture ». Un troisième le qualifie de « borné », et les observateurs ont du mal à suivre ses choix quand il persiste avec Krasso, un peu comme lorsqu’il alignait son fils avec Nice. Il ne doit rien attendre non plus d’anciens collègues devenus consultants, tel Roland Courbis s’étonnant de son dispositif face aux Angevins. Il braque, quand d’autres charment ou tentent de le faire. Lui a dû sécher les cours de communication. Son discours reste aussi froid que ferme, sincère sans nul doute, mais plus conforme à celui d’un éducateur de l’ombre que d’un coach d’un sport devenu spectacle. « Je n'ai pas envie de parler de mon cas personnel. Je suis là pour rester proche de mes joueurs et les voir gérer au mieux cette situation. Je reste concentré sur ma tâche pour aider le club à avoir des perspectives d'avenir avec des jeunes formés à l'ASSE ». Il n’a pas changé depuis son arrivée. Il est là « pour faire progresser ses hommes, quel que soit leur âge » aime-t-il expliquer. »

Cela ne suffit pas pour convaincre. On l’a déjà écrit. Il s’est coupé de ce qui fait la force de l’ASSE, de ses supporters, fidèles de l’Etrat qui sont autant de relais, de ceux qui suivent le club à travers une presse contrariée. Cela justifie-t-il l’exaspération, l’aversion, la détestation? Un technicien s’interroge sur un emballement d’une quinzaine de jours qui laisse Puel sans défense dans la vie comme sur le terrain. On n’a guère entendu que Xavier Thuilot pour le soutenir en rappelant sur Poteaux carrés, une des sources du problème, le départ de Fofana « ce n’était pas prévu mais sans cela, le club aurait disparu ». 

On en revient à la responsabilité des présidents et actionnaires, prompts dans le passé à remettre en cause le travail  de leurs directeurs généraux, Vincent Tong Cuong, Stéphane Teyssier, Frédéric Paquet, Xavier Thuilot. Mais on ne va pas désigner d’autres responsables. L’heure est plutôt à défendre le maillot vert. »

Didier BIGARD

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