Sur le plateau de Laure Boulleau, pendant la Coupe du monde, Samir Nasri a avoué que lorsque Didier Deschamps lui a fermé les portes de l’équipe de France en 2014, il lui avait été impossible de supporter les Bleus, de vouloir la victoire de celui qui avait brisé son rêve. Les bien-pensants prétendront que ce ce n’est pas sportif, d’autres que c’est l’expression d’une belle franchise dans ce monde du football si policé.
Par définition, cette contradiction entre un esprit de cocarde et un cœur meurtri ne devrait pas poser d’états d’âmes chez les supporters dont la raison d’être est de supporter. Pas sûr pourtant que les âmes gardent toute leur couleur quand elles ont le même sentiment de trahison qu’un joueur criant à l’injustice. Quand les groupes d’ultras, ou non, boycottent les gradins, expression de leur désappointement devenu découragement et renoncement, on n’est plus trop sûr de leur inconditionnel soutien. Le même doute que celui qu’on émet quand on évoque, à tort ou à raison un entraîneur lâché par ses joueurs. La bienséance veut, bien sûr que cela n’existe pas dans ce milieu de gentils…
Soucasse bat le rappel mais la seule vérité reste celle du terrain
Jean-Francois Soucasse qui a pas mal bourlingué à défaut d’avoir toujours brillé sait ce qu’il en est, réellement et c’était bien le sens de son discours supposé rassembleur avant le match à Annecy, appel implicitement adressé aux journalistes autant qu’à tous les fans du club. Comme si la subjectivité pouvait se commander autrement que par des résultats dans le sport, quelqu’il soit. Plus encore autour d’un ballon gonflé à la passion. On suppose que le fonds du discours s’adressait également aux joueurs même si la formule « Je suis le seul responsable » plusieurs fois assénée par le Directeur général des services semblait presque les exonérer. Comme si la seule vérité n’était pas celle du terrain, de l’équipe, du staff, de l’entraîneur élément le plus important dans un club où tout dépend de ses compétences et surtout de sa capacité à imposer ses idées. A ses joueurs et à sa direction!
En Haute-Savoie, après une prestation qu’il est préférable de ne pas avoir eu à commenter, les doutes n’ont fait que se creuser, et l’avenir de Laurent Batlles est resté en suspend malgré le nul arraché, devant Caen, par Gaëtan Charbonnier. Les interrogations sont d’autant plus pressantes que les questions les plus simples restent sans réponses comme celle du choix de Boubacar Fall dans les buts vendredi, ou l’absence de Matthieu Dreyer dans le groupe. Était-il si difficile d’officialiser ce que des proches du club révélaient avant le coup d’envoi, un avion raté et un retour de vacances en retard? Réel motif ou prétexte après le but gag encaissé à Annecy?
Ce qui est sûr, c’est que la gestion du poste de gardien se fait à vue depuis un an. Le recrutement de Paul Bernardoni avait matérialisé le manque de confiance en Étienne Green, comme cet été celui de son soi-disant remplaçant devenu titulaire intermittent. D’autres sont entrés dans cette valse hésitante, à droite, à gauche, au milieu, devant. Et que dire de l’axe? Ce n’est pas le public qui tremble, c’est bien toute l’équipe ce qui amène à méditer sur un extrait d’interview pioché dans l’Equipe. Au sujet du boxeur Yoka défait par Bakole, le new-yorkais James Ali Bashir expliquait « Tony doit retrouver la confiance au fond de lui. Dans ses os, dans sa chair et son sang. La renforcer par son travail, son audace. Une confiance fabriquée, ça s'écroule au premier coup de poing. » Après Caen, on veut croire que les Verts ne sont pas de ces illusionnistes.
Didier Bigard