"Il se passe toujours quelque chose quand Stéphanois et Marseillais se rencontrent. Même quand les préfets prennent tous les arrêtés qui sont litanies pour éviter que le rendez-vous ne dérape sur une aire d’autoroute ou à un péage. Même quand les joueurs adverses ne restent pas bloqués dans leur vestiaire ou ne sont pas obligés de se tapir sur le plancher de leur bus aux vitres explosées. Même quand aucune canette ne vole au dessus du crâne d’un Papin, même quand le terrain n’est pas envahi parce qu’un but a été refusé à un certain Djorkaeff. Même quand il n’y pas de fraîches retrouvailles avec des Carnus-Bosquier ou que le bras d’un génial et gentil Keita ne touche pas l’honneur d’un Roger Rocher pas plus poétique quand il s’agit de pousser un Bereta sur la Canebière. Même quand un Alex ne joue pas à la panthère pour renvoyer des phocéens à la maison dès la mi-temps. Ce ne sont là que quelques épisodes d’une belle histoire dont une page s’est écrite dimanche avec une encre indélébile. Pas la même hélas que celle employée par Puel quand Hamouma et Bouanga mirent fin, dans un vélodrome désert, à 41 ans de disette. Et bien sûr il y a parfois de la neige à Geoffroy-Guichard, par exemple le 6 mars 2005 qui n’avait pas empêché de jouer et l’ASSE de s’imposer 2-0 grâce à Feindouno et Hellebuyck. Habib Beye s’en est souvenu sur le plateau de Canal. L’avion de l’OM avait décollé avec deux heures de retard et lui s’était fait braquer sa voiture à l’arrivée.
Bel hommage à Roby et les fumis sont restés au frais
Les temps ont changé, on reporte quand le temps se brouille, on tergiverse sur l’horaire ce qui a irrité Sampaoli, on déneige pelouse et gradins, mais on ne change pas les bonnes habitudes. Il faut qu’il se passe un truc un peu spécial. Cela aurait pu être l’animation du kop Sud pour l’anniversaire des Green mais si le tifo avec hommage à Robert Herbin a fait chaud au cœur de sa sœur, les fumi sont restés au frais. Alors, c’est sur le terrain qu’ont été gravées quelques lignes à garder en archives. A l’aller, Kolodziejczak avait inscrit un but porteur d’espoir. Cette fois, ce fut celui d’un désespoir que Pascal Dupraz s’est promis de combattre pour faire oublier à son capitaine les sifflets qui ont suivi. Avoir « le meilleur public de France » comme le clame le speaker n’interdit pas l’exigence et on a été loin du compte pour ce week-end des cadeaux. C’est le terme choisi par Crivelli évoquant « les gentils penalties ». Payet qui a buté sur Bernardoni aurait pu, parler, aussi, d’offrande de son propre gardien sur l’ouverture du score. Mais à la différence d’une équipe dont la situation l’attriste « J'espère de tout coeur qu'ils se maintiendront», Marseille a une force de frappe offensive pour rattraper ses bévues défensives. De là à tout miser sur le renforcement des lignes arrières, il y a un pas que Dupraz assume avoir franchi en interpellant les « brillants analystes qui vous diront qu’on aurait dû attaquer plus ». Lui qui a aligné deux lignes de cinq sans véritable pointe n’en démord pas. « Je suis convaincu qu’en défendant mieux, on attaquera mieux ».
On attend beaucoup du retour de Khazri… et des débuts de Crivelli
Peut-être, mais il vaudrait mieux retrouver très vite un Khazri en forme à défaut d’espérer Hamouma, et que Crivelli enfile sans attendre le maillot de l’avant-centre qu’on guette depuis des mois. C’est un refrain connu à l’ASSE que les prédécesseurs de Dupraz auraient aussi aimé mettre en musique. Un refrain tel celui des interrogations qu’il a sur « une espèce de manque de jus ». Mais pas de quoi entamer les certitudes du coach qui fait appel à la mémoire « à l’issue de la 21e journée on était dernier à six ou sept points du barragiste». Il assure que sur le plan mental « Depuis mon arrivée il n’y a pas grand chose à jeter » et donne rendez-vous vendredi à Lorient « Le Pascal Dupraz qui vous parle » a de bonnes raisons d’y croire. Et ne lui parlez pas de relâchement. « C’est peut-être vous (les journalistes) qui vous êtes relâchés. Dans ce cas, ce n’est pas grave."
Didier BIGARD