Pascal Dupraz est en passe de réussir son pari, maintenir l’ASSE en Ligue 1. En prenant neuf points en trois rencontres, son équipe est sortie de la zone la plus rouge et s’il n’y avait pas eu l’élimination de la coupe de France par Bergerac, son parcours depuis le début de l’année friserait la perfection. Ceux qui préfèrent les verres à moitié plein émettent l’idée que cette contre-performance est finalement productive parce qu’elle allège le calendrier.
Disons qu’elle a surtout permis de remettre à l’heure les pendules de quelques acteurs, un peu trop spectateurs. Même si, promis – juré, « le seul coupable était l’entraîneur » alors que ce sont les joueurs qui ont gagné à Clermont ! « Nous ne sommes plus derniers. Ça compte mais c'est anecdotique et le mérite en revient aux joueurs ». Belle leçon de modestie qu’il veut transmettre quand il recommande « On ne va pas faire les marioles ». Ce qui n’empêche pas, au passage, un coup de menton, le naturel revenant « C’est bien d’avoir damé le pion à cette équipe qui se réclame des préceptes de Pep Guardiola. Je suis content d’avoir montré à Pascal Gastien qu’un montagnard pouvait faire jouer son équipe. C’est un super garçon, mais il n’est pas fair-play. Il est toujours en train de couiner, en permanence, c’est énervant ».
L’image Dupraz peut servir après l’épisode un peu trop ronronnant tourné par Puel
Pas sûr que la polémique apporte grand-chose à l’analyse d’un match qui n’est un derby que géographique et entre amis. Mais l’image Dupraz en est renforcée et ses piques ajoutent un coup de projecteur médiatique à ses succès. Ce n’est pas à lui qu’on va apprendre l’utilisation d’un micro ou d’une caméra. Dans le contexte stéphanois, ça peut servir après l’épisode un peu trop ronronnant tourné par Puel.
L’essentiel n’est toutefois pas là. La victoire de dimanche a renforcé les sourires qui éclairaient les visages sur les marchés de la région pour saluer le renversement de situation face à Montpellier une semaine plus tôt. Parce qu’il n’y a bien qu’à Sainté qu’on peut voir les cœurs tourner du rouge au vert aussi vite, rebattre sous la seule stimulation d’un filet qui tremble du bon côté. Cela aussi le nouveau coach de l’ASSE l’a compris en ne ratant pas une occasion de saluer l’apport du public.
Certains y verront du calcul. C’est plus de l’intelligence, « la faculté de comprendre la nature des choses et la signification des faits », en clair le contexte stéphanois. C’est aussi ce qui lui a permis de vite appréhender ce qui se passe au dessus. A-t-il -il noté que les deux actionnaires ciblés par les ultras ont reçu peu de soutien de leur propre club depuis deux mois, comme auparavant, Puel ? Pascal Dupraz n’a pas manqué de leur adresser deux petites dédicaces, lui qui, dans l’organigramme a trois supérieurs Soucasse, bien sûr, mais aussi Samuel Rustem et Loïc Perrin. Bien loin des pouvoirs du manager qu’était Puel.
Olivier Markarian continue à tisser sa toile
Évoquer l'actionnariat amène à la vente. La remontée au classement si elle se confirme relancera les projets de reprise. Dans l’ombre pour ceux qui respectent les clauses de confidentialité comme dans tout autre secteur économique, ou dans la lumière dont certains ont plus besoin pour éclairer leur cheminement. Pour les uns comme pour les autres la condition non négociable à leur engagement est une place en Ligue 1, seul levier financier avec les droits télé et la future société commerciale de la ligue pour boucher les trous, rembourser les prêts et reconstruire une équipe. L’intérêt du fonds d'investissement américain 777 Partners pour le Red Star ne signifie pas que ses dirigeants tournent le dos aux vrais Verts, pas plus bien sûr qu’Olivier Markarian.
Plus silencieux depuis son dernier appel à la solidarité autour de l’équipe, il continue à tisser sa toile dans le giron stéphanois, fort de ses réseaux valentinois déjà très bien implantés au sein même du club et de son Conseil d’administration. Nous y reviendrons. Pour l’heure il y a encore quelques matches à gagner.
Didier BIGARD