« Le maintien de l’ASSE passera avec les joueurs que vous avez vus ce soir sur la pelouse. On ne peut pas en changer ». Derrière cette petite phrase de Pascal Dupraz après la défaite face à Monaco n’y avait-il pas le même regret que celui chanté par les tribunes, réclamant « une équipe digne de son public »? On reviendra sur cette revendication mais la priorité reste celle du terrain. C’est ce qui nous préoccupe au sens propre. Comme cela préoccupe forcément l’entraîneur stéphanois dès lors qu’il se défait de l’optimisme à tout crin qu’il manifeste officiellement. Au point de paraître s’emballer un peu après les victoires en ressortant les chiffres de la remontée de l’équipe depuis sa prise de fonctions. « Avec quinze points on a l’air un tout petit peu moins cons qu’avec douze » se félicitait-il après Angers en relevant que ses hommes « ne lâchaient pas ». Depuis, il tient ses comptes en entonnant la donnée initiale, implicitement la situation laissée par Claude Puel. Ce n’est plus un refrain, c’est un tube, mais pour le chanter, beaucoup attendront que le petit orchestre qu’il dirige joue plus régulièrement la marche en avant.
Kolo le KO, Kop le chaos
Depuis cinq journées on est plutôt dans le piétinement, voire un surplace qui en football signifie souvent un recul. Devançant les rencontres du dimanche, finalement pas défavorables du tout, Dupraz relevait la veille que l’ASSE avec ses 31 points était barragiste et assurée de le rester encore une semaine. Mais difficile pour lui de faire l’impasse sur le premier sujet abordé par nos confrères dans cette conférence de presse: dix-sept buts encaissés sur les cinq derniers matches. « Saint-Étienne doit retrouver une défense de Ligue 1 » sous entendu pour y rester. La victoire arrachée sur Brest (2-1) avait éloigné la tempête et le nul ramené de Bordeaux (2-2) était une autre bouée après les naufrages face à Marseille (2-4) et Lorient (2-6). Soyons clair, on n’attendait pas d’exploit devant un Monaco revenu à des ambitions conformes à son budget, le plus important de son histoire et le deuxième du championnat avec 225 millions d’euros. Mais au delà du résultat, il y a la manière. Elle n’a pas déplu qu’aux supporters. On a senti plus que de l’agacement chez Dupraz, plus souvent enclin à encenser ses joueurs. « Ce n’est pas faute de visionner, de travailler. Si on voit les quatre buts, dès lors qu’il y a un centre, les attaquants adverses ont la position préférentielle alors qu’on a trois défenseurs centraux, ce n’est pas possible. On est dans le domaine du comportement et de l’attitude ».
Peut-être est-on aussi dans le domaine des choix. Le Haut-Savoyard accepte au passage sa propre responsabilité. Ou ses tâtonnements avec la sortie de Silva qu’on imaginait mal pouvoir enchaîner trois matches en une semaine et un Kolodziejczak baladé, lui qui est loin de se promener. Pas un hasard si son entraîneur a pris sa défense après les sifflets et insultes descendus des tribunes. Il est le mieux placé pour savoir que csc ne veut pas dire coupable, seul coupable. Bras en croix sur la pelouse, en pleurs dans le vestiaire, Kolo était KO et risque bien d’être out pour le reste de la saison.
Le cas et le K permet de glisser vers ce kop glorifiant le passé tout en prenant le risque assumé d’hypothéquer l’avenir de l’équipe en la privant de son soutien pour des rendez-vous, Reims et peut-être un barrage, qui risquent de coûter bien plus cher que les amendes de la discipline. Dupraz dont le rêve était d’aller sauter avec les ultras a préféré éluder le sujet « Les supporters ? J’ai déjà beaucoup à faire à m’occuper du rectangle vert » et reprendre sa calculette « Il reste douze points à prendre. J’espère que la vérité de nos derniers matches ne sera pas celle des quatre prochains ». Nous aussi… »
Didier BIGARD