Le public stéphanois connaît bien le football, l’aime surtout. Par culture, plus encore que le beau jeu dont il a dû bien souvent se passer, il attend engagement et détermination de ses joueurs. Mais, cause à effet, il peut être sévère quand on ne lui sert pas ce qu’il attend, trop sévère, peut-être, comme samedi face au Havre. Après le coup de sifflet final des sifflets sont montés des latérales, même pas remplies, et il n’y avait personne pour les faire taire dans les kops fermés par la Ligue bien aimée, « pas plus qu’il n’y en avait eu sur le terrain », argueront les censeurs. Au moins n’a-t-on pas entendu le refrain si populaire la saison dernière « Direction démission ». « Pour l’instant » dodeline de la tête un proche du club, philosophe « Tout va très vite dans ce milieu ».
On ne va en effet pas l’apprendre au triumvirat Soucasse – Rustem – Perrin, exutoire de l’incompréhension quand elle rime avec déception. Olivier Dall’Oglio n’est pas non plus un perdreau de l’année. Il sait que les Dieux ne tiennent qu’au fil de la croyance dans les miracles qu’ils ont réalisés. Comme au printemps. Et qu’on oublie vite en ces temps de zapping. L’ASSE est en Ligue 1 qu’elle ne méritait pas réellement de quitter il y a deux ans face à Auxerre, mais qu’elle ne méritait sans doute pas de retrouver en juin, à Metz, comme on le concède au club.
On ne transforme pas une équipe, vaillante mais laborieuse, de L2, en un épouvantail de L1
On a savouré, exulté, fêté ce retour dans l’élite et on a espéré. Trop! On ne transforme pas une équipe, vaillante mais laborieuse techniquement, de Ligue 2, en un épouvantail au collectif subitement huilé à l’étage au dessus. Si les Havrais sont plus des candidats au maintien qu’à l’Europe, ils ont des mois qui sont autant de longueurs d’avance sur des Stéphanois loin d’être renforcés par rapport à l’équipe jadis emmenée par Cardona. Il faut se montrer lucide sur le sujet perdu, comme on aurait dû l’être quand Nkounkou a été transféré sans être remplacé dans la foulée. Data ou vieux feeling, la nouvelle direction en a forcément conscience, autant que de la réalité du marché et des finances. On a compris qu’il n’y a pas de baguette pour multiplier les dollars en euros, plutôt un projet à construire. Mais les fondations devront vite se révéler rassurantes sur ce sol truffé de galeries de mines, y compris sous Geoffroy- Guichard, au propre comme au figuré. Personne n’a été convaincu samedi et les réponses normandes sont venus des Foréziens avec pour leitmotiv un manque d´efficacité et de bagage technique qui fait oublier que solidarité et combativité peuvent compenser ces lacunes. Sans être totalement absentes, ces qualités ont été illusoires. La présence des kops aurait-elle aidé à une prise de conscience collective ? Ils auraient au moins montré une autre voix et d’autres voies que celles des sifflets. En attendant que sur le terrain les renforts en soient vraiment.
Pour résumer
Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard revient sur la défense de l’ASSe contre Le Havre (0-2), dans un Chaudron privé de ses kops, et sur le début de saison inquiétant des Verts, à l’image de celui de leurs premières recrues de l’été. Et en en attendant d’autres…