Les Verts 2024 auraient sans aucun doute mérité d’être fêtés plus dignement que par un accueil spontané à leur descente d’avion à Bouthéon. On a le souvenir de la montée saluée par tout Geoffroy-Guichard en 1999, celle du groupe, improbable jeu de construction de Gérard Soler avec Ferhaoui, Subiat, mais aussi Ponsard et Fayolle. On avait en mémoire les buts de Carteron et Bridonneau, en 2004, la soirée de la bande de Frédéric Antonetti terminée au balcon de l’hôtel de ville. La première fois, les joueurs de Châteauroux avaient dressé une haie d’honneur aux verts, la deuxième fois, la même équipe avait surtout apprécié la folle ambiance des kops. Mais on ne pouvait pas demander aux Messins de partager la joie forézienne et on peut comprendre les pincettes du club à l’idée d’une réception dans une mairie aux couloirs enfumés. Dommage, même s’il est vrai que les présidents avaient autre chose à penser à moins de vingt-quatre heures de l’officialisation d’une vente signée depuis belle lurette et avec eux toute la direction, ancienne et nouvelle se découvrant.
Chambost et Rivera ont vite compris, d’autres les suivront
L’euphorie passée, les verres nettoyés au café, le Connemara ayant sonné la fin de la nuit, la page s’est tournée pour une bande sans doute pas la plus douée de l’histoire mais qui a rempli sa mission avec son cœur. De quoi susciter la bienveillance d’un coach qui n’a pas cassé l’ambiance à l’heure du bilan et d’une projection politique sur l’avenir. Pas question de dissolution totale, juste des ralliements souhaités. « Il faudra amener des renforts dans chaque ligne… de la maîtrise, de l’expérience, de la solidité » déclarait-il dans La Tribune-Le Progrès début juin.
Il a été entendu avec les arrivées d’Abdelhamid, Davitashvili, Boakye, sinon Ben Old et la prolongation de Moueffek. Cardona entrait aussi dans ses plans, mais tout cela ne suffira pas. Quand l’entraîneur évoque des arrivées dans chaque ligne, on les chiffre à trois par secteur de jeu. Deux latéraux, un défenseur central, trois milieux (en plus de Moueffek), trois attaquants dont un avant-centre, un gardien. Ce n’est pas faire injure à Petrot, Briançon, Tardieu, Sissoko, Green et bien sûr Chambost ou Rivera qui ont vite compris. Plusieurs suivront. « On va construire autour d’une base, mais des joueurs vont partir » avait poursuivi Dall’Oglio au Progrès.
D’autres calibres sont attendus et la baisse des droits télé est paradoxalement un argument pour les convaincre dans un marché atone. Le budget de l’ASSE qui sort de L2 est moins dépendant des diffuseurs puisque moins doté initialement. Et le club possède désormais un actionnaire rassurant, une équipe dirigeante plus convaincante. Plus seulement un entraîneur pour cacher la forêt » comme le dit Bernard Caïazzo en évoquant la période Galtier…
Didier Bigard