« C’est presque une bonne chose que ce match raté arrive à la 6e journée. Il y a eu là une prise de conscience et certains doivent maintenant s’inscrire dans notre projet ». Ces propos sont ceux d’Olivier Pantaloni après la défaite de Lorient à Pau (0-1) et avant la réception d’Ajaccio, son ancienne équipe. Si on s’éloigne de l’Etrat, ce n’est pas seulement parce qu’on suit de près la carrière de l’ancien milieu de terrain de l´ASSE et qu’il fait toujours preuve d’un bel esprit d’analyse. Mais parce que cette réflexion est tombée le même jour que celle, étrangement parallèle, d’Olivier Dall’Oglio lors de son point presse avant le déplacement à Nantes. Celle-ci nous avait fait sursauter, car venant après la déroute niçoise. Le coach des Verts avait osé une interrogation « Peut-être qu’on a gagné du temps en connaissant cette difficulté ».
Le substantif susnommé paraissait bien léger pour un 8-0 qui aurait mérité un tirage au sort parmi des synonymes de raclée, naufrage, désastre. C’était risqué, imprudent ou impudent dans la bouche d’un technicien qu’on disait sur un fil à l’équilibre ténu et tenu par un balancier tanguant entre la Beaujoire et Geoffroy-Guichard où Auxerre et son souvenir douloureux est annoncé.
On y a beaucoup repensé dimanche à la mi-temps, imaginant déjà les titres et commentaires, billet d’adieu ou homélie pour un nouvel enterrement d’entraîneur à Saint-Étienne. Mais miracle d’un côté, déconvenue et déconfiture de l’autre, Sissoko a mis une déviation à la Cardona sur un centre de Davitashvili jouant les Cafaro. Bernard Lions pouvait étaler un « Les Verts, retour d’enfer » dans l’Equipe quand le Progrès barrait sa Une d’un « Revenus de si loin » évocateur et ne laissant aucune place à un optimisme béat, même si le quotidien salue la rébellion verte.
Surtout ne pas rêver
Le point a été pris dans la douleur, soulignée par Petrot qui symbolise autant la combativité retrouvée que les lacunes techniques persistantes de l’équipe. La VAR a fait souffler un vent d’incertitude que Kombouaré a trouvé bien mauvais ce qui ne signifie pas que le nul est discutable. Il est le fruit d’un état d’esprit qui avait tant manqué la semaine précédente… et d’un relâchement adverse qui va aider à relativiser et rafraîchir des têtes qui avaient eu
tendance à rêvasser après le succès sur Lille. « Ce n’est pas évident quand on a vécu pas mal d’années en Ligue 1 de vivre un Championnat de Ligue 2 avec tout ce que cela demande » avait expliqué Pantaloni avant la victoire de Lorient sur Ajaccio. Paradoxalement, Dall’Oglio a le même problème avec des joueurs qui eux, découvrent la Ligue 1. « Ils ont les clés pour réagir mais ça peut prendre un peu de temps » relève le Lorientais quand le Stéphanois affiche sa confiance « l’équipe va progresser et est capable de se maintenir ». On veut le croire même s’il sait, comme le dit le Breton « À un moment donné on tranchera». A Saint-Étienne, trancher signifiera d’abord «recruter un latéral ou un offensif ». Pour aider son coach à garder l’équilibre…
Didier Bigard
