But ! : André, vous écrivez actuellement vos mémoires…
André LAURENT : Tout à fait. Des amis me l'avaient suggéré et je suis à un âge où on commence à se retourner sur sa vie. J'ai commencé à écrire mes mémoires lors du confinement. Elles s'adressent à la jeune génération, pour lui dire que le monde est un lieu où il y a de belles choses à faire quand on se donne à fond et quand on est authentique. C'est également adressé à mes petits-enfants. On verra si l'on édite ou pas mais le titre est : « Grand-père, raconte nous l'histoire de votre vie ».
Quelle a été la place de l'ASSE dans votre parcours ?
C'était une aventure de dix ans, passionnante, inoubliable. Rien ne me destinait à devenir président. J'étais un enfant de la Loire, de Firminy. J'avais construit mon entreprise en partant de rien. J'ai démarré au Chambon-Feugerolles, dans un établissement où les fenêtres étaient cassées, avant de construire une usine de 10 000 m2 à La Ricamarie. Il m'a fallu dix ans. Avec les ouvriers, les cadres, les techniciens, on avait créé une ambiance de travail, de partage. Quand François Dubanchet, le Maire de Saint-Etienne, est venu me chercher en 1983 pour me proposer la présidence de l'ASSE, j'ai été le premier surpris.
Comment les choses se sont-elles passées ?
Je suis arrivé au cœur de l'affaire de la caisse noire. Dubanchet m'avait invité à déjeuner, dans un restaurant. Il m'avait demandé ce que je pensais de la situation du club. Roger Rocher avait été condamné, c'était la chienlit ! Je lui avait répondu que ce n'était pas bon pour l'image du club, de la ville. Et là, il m'avait dit : « Je cherche un homme nouveau, jeune, dynamique, qui a réussi. Et cet homme, c'est vous. C'est votre devoir ! » Dubanchet avait le sens de la flatterie, c'était son arme fatale !
Vous vous doutiez de ce qu'il allait vous proposer ?
Deux choses me le laissaient penser. Avec mes copains entrepreneurs, nous avions assisté à une assemblée où les Rocheristes et les pros-Buffard s'étaient engueulés. Nous n'étions pas dans un clan. Nous étions là en public, en supporters des Verts. Et mes copains m'avaient poussé à prendre le micro. J'avais donné mon point de vue et l'assemblée m'avait applaudi. A partir de ce moment, on m'avait un peu dépeint comme le leader d'une 3e force qui devenait indispensable. Et huit jours après, en sortant d'un rendez-vous à la banque, place de l'Hôtel de Ville, j'avais été interviewé par FR3, alors que je me rendais au Glasgow pour boire un café. Une équipe de la chaîne était en reportage et j'avais accepté de donner à nouveau mon point de vue. Après ça, j'étais devenu visible pour tout le monde. Il fallait une nouvelle voix, une nouvelle tête, pour incarner l'avenir et oublier le passé.