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Ligue 1

ASSE – Girondins : Jean-Louis Gasset, son retour dans le Chaudron en 10 questions

Un peu moins de deux ans après son départ, Jean-Louis Gasset est de retour à l’ASSE ce week-end avec Bordeaux. Un retour que But ! met en avant à travers dix questions…

Son avenir est-il à Bordeaux ?

Rien n'est moins sûr… Pendant la trêve internationale, Gasset a fait part de ses questions sur les Girondins, de ses doutes. Difficile pour lui de se projeter, de mener à bien son projet, face à l'opacité actuelle du club. La notion de plaisir est très importante pour lui, à 67 ans, et du plaisir, il ne semble pas trop en prendre en ce moment. Si la tendance ne s'inverse pas, il est probable qu'il écourte l'expérience bordelaise pour rentrer chez lui, à Montpellier, profiter tranquillement de sa famille et de ses petits-enfants.

 

Pourquoi ne réussit-il pas mieux aux Girondins ?

Ces dernières saisons, plusieurs coachs se sont cassés les dents à Bordeaux, à commencer par Paulo Sousa, le Portugais, ou avant lui Gustavo Poyet, l'Uruguayen. Les Girondins sont plongés dans une crise institutionnelle, avec une fronde des supporters envers King Street, le propriétaire US, et celle-ci dure. Pas simple de naviguer sereinement dans ce contexte. De plus, contrairement à ce qu'il avait pu faire à Saint-Etienne, Gasset n'a guère eu de moyens pour remodeler l'effectif à sa guise. Seul Ben Arfa l'a rejoint. Et l'ancien niçois marque le pas après des débuts prometteurs. Il a glissé vers le banc et s'est attiré les critiques de certains coéquipiers, dans un vestiaire miné par les clans. Lors des dix dernières journées, Bordeaux ne s'est imposé qu'une fois, à Dijon, pour un match nul et huit défaites. Et les Girondins ont été éliminés dès leur entrée en lice en Coupe de France par Toulouse. L'équipe est en souffrance depuis la grave blessure d'Otavio, son milieu brésilien, cet hiver, malgré l'arrivée de Jean-Michaël Seri, l'ancien niçois.

 

Pourquoi avait-il réussi chez les Verts ?

A l'ASSE, Gasset avait hérité d'une équipe malade, aux portes de la relégation, et il avait redressé la barre grâce à l'aide de recrues confirmées (Debuchy, Subotic, M'Vila), assurant un maintien tranquille avant de finir 4e et de permettre aux Verts de retrouver l'Europe, portés notamment par Rémy Cabella et Wahbi Khazri. Le coach à la casquette avait construit un groupe soudé, talentueux, expérimenté. Les dirigeants lui en avaient donné les moyens.

 

Quelles étaient les vraies raisons de son départ de l'ASSE ?

Gasset avait évoqué la fatigue au moment de décider d'arrêter l'aventure. Il s'était dit « exténué ». Le Montpelliérain avait beaucoup donné de sa personne. S'il a arrêté, c'est aussi parce que certaines tensions étaient apparues. Avec Roland Romeyer surtout. Au moment d'acheter Khazri notamment, mais surtout par rapport à certains reproches sur son fonctionnement, ses aller-retours à Montpellier. Gasset avait sans doute aussi compris qu'en finissant 4e, il lui serait difficile d'amener l'ASSE plus haut, ses moyens rendant ses ambitions limitées. Le transfert d'Ole Selnaes en Chine en janvier 2019, alors qu'une qualification en Ligue des champions était envisageable, l'avait contrarié.

 

Les critiques envers sa politique coûteuse sont-elles justifiées ?

Oui et non. Il est vrai que l'ASSE n'avait pas lésiné sur les moyens pour satisfaire les demandes de Gasset, quitte à vivre à crédit, et que le coach à la casquette avait parfois dû mettre la pression pour arriver à ses fins. La masse salariale a explosé lors de son mandat, c'est certain, mais il n'était pas le plus haut décideur. Et les résultats parlaient pour lui. Le seul flop en matière de joueur recruté qui lui est imputable est l'arrivée en prêt de Ntep, vite reparti. Mais lui mettre sur le dos le déficit actuel de l'ASSE, qui a vendu pour 100 M€ de joueurs en deux ans…

 

Quels souvenirs a-t-il laissés dans le vestiaire et au club ?

Un super souvenir. Difficile de trouver un joueur ou un employé de l'ASSE, ou un journaliste qui couvre l'actualité du club, qui ne dira pas du bien de Gasset. L'homme imposait le respect pour sa connaissance du foot et sa personnalité. Entier, ouvert, investi, boudeur parfois, souriant le plus souvent, il avait conquis tout son petit monde à L'Etrat !

 

Est-il parti en bons termes avec les présidents ?

Oui et non. Malgré les frictions, Gasset avait gardé une certaine estime pour Romeyer, pour Caiazzo aussi. Mais les déclarations de Romeyer à l'encontre de Ghislain Printant au moment de se séparer de lui l'ont déçu.

 

Quel impact a-t-il eu sur certains départs ?

Un gros impact. On peut imaginer que Rémy Cabella serait resté si Gasset n'était pas parti. Et que certains joueurs comme Yann M'Vila ou Stéphane Ruffier ne se seraient pas relâchés…

 

Que peut-on vraiment lui reprocher à l'ASSE ?

Difficile de reprocher quoi que ce soit à un coach qui a fait grimper l'équipe de la 17e à la 4e place de la L1 en 18 mois… Lui reprocher d'avoir fait flamber la masse salariale, peut-être, à la lecture de certains salaires. De ne pas avoir intégré certains jeunes ? Non, c'est lui qui a lancé Saliba, à 17 ans, qui commençait à intégrer Benkhedim, Fofana… Lui reprocher d'être parti ? Non, il avait ses raisons, ce n'était pas lâche. Lui reprocher d'avoir poussé pour que Printant lui succède ? Ce serait sévère, là encore. Qu'aurait-il dû répondre quand il lui a été demandé si son bras droit et ami ferait un bon successeur comme n°1 ?

 

Etait-il vraiment proche de revenir à Saint-Etienne la saison dernière ?

Oui. Printant en difficulté, Gasset était prêt à accepter de revenir, à la demande de Bernard Caiazzo. Il s'était reposé pendant l'été. Il se sentait la force et le devoir de venir aider Printant et de redresser une seconde fois l'ASSE. Mais c'est finalement vers Claude Puel que la direction avait choisi de se tourner. Pour débuter une nouvelle ère. Et tirer un trait.

 

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