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ASSE – L’oeil de Denis Balbir : « Tout ceux qui ont participé à ce fiasco doivent avoir honte »
Chaque lundi, Denis Balbir décrypte l’actualité de la Ligue 1. Retour sur le barrage pour le maintien, fatal à l’ASSE contre l’AJ Auxerre (1-1, 4-5 aux tab).
« A l'issue de l'ultime séance de penaltys dimanche soir (1-1, 4-5), l'ASSE est finalement tombée en Ligue 2, laissant sa place à l'AJ Auxerre, de retour dix ans après. Cette descente est malheureusement des plus logiques compte-tenu de la saison. Les Verts n'ont pas été au niveau. Il y a certes eu des moments d'espoir mais c'était bien trop cyclique pour permettre d'y croire réellement. A un moment donné, les joueurs se sont crus trop beaux, l'entraîneur aussi.
C'est une faute collective de haut en bas. Trop de joueurs sont limités techniquement dans cette équipe. On l'a encore vu à Geoffroy-Guichard lors du barrage retour. Je veux bien qu'il y ait de la fébrilité et de la peur mais il y avait aussi un vrai manque de caractère jusqu'à l'égalisation, un manque de justesse dans les centres, dans les coups de pied arrêtés. Cela manquait d'envie aussi. On a encore vu une équipe d'un très faible niveau, mental et physique.
« Le cocktail d'une descente méritée »
Au moment du bilan, on pointera du doigt un recrutement hivernal catastrophique, au niveau des recrutements depuis plusieurs saisons maintenant… Il y a aussi des cadres trop irréguliers (Khazri, Bouanga, Boudebouz) ou blessés (Hamouma, Maçon), un milieu de terrain pauvre en création, en impact et en volume de jeu, une défense inexistante, un gardien trop fébrile à des années-lumière d'un Curkovic ou d'un Ruffier. C'est le cocktail de cette descente méritée.
Comment ne pas parler d'une descente méritée quand vous finissez derrière Lorient, Troyes et même six points derrière Clermont ! Je n'ai rien contre Clermont mais quand même… On parle d'un club qui n'a ni les infrastructures, ni le poids du maillot des Verts. Même si les joueurs pensent d'abord aux vacances et à leur avenir, tous ceux qui ont participé à ce fiasco doivent avoir honte. Non seulement, ils n'ont pas fait honneur à ce maillot de légende mais en plus ils n'ont pas répondu aux attentes de supporters qui, eux, se saignent tous les week-ends pour y croire aveuglément. C'est un vrai manque de reconnaissance et d'humilité.
« Aujourd'hui, il ne faut pas discuter : il faut encaisser le coup »
Pour moi, il est trop facile de tout mettre sur le dos de Claude Puel, d'accuser le Castrais d'avoir plombé un club qui ne pouvait plus être redressé. D'abord c'est faux ! Claude Puel a fait avec les moyens qu'il avait, en intégrant des jeunes. Son adjoint Jacky Bonnevay me disait dès octobre que Saint-Etienne aurait beaucoup de mal à se maintenir avec cet effectif-là et il avait raison. Les entraîneurs ont fait ce qu'ils ont pu, pas toujours bien. Mais aujourd'hui, il ne faut pas discuter : il faut encaisser le coup.
Il faut faire en sorte d'imiter Toulouse en mettant les ingrédients pour remonter. Ce sera dur : certains comme Sochaux ou Caen galèrent depuis des années. L'an prochain, ce sera encore plus compliqué avec la réduction du championnat à 18 clubs et seulement deux montées. J'ose espérer que cette descente logique permette à l'ASSE de repartir du bon pied, sur des bases nouvelles. La Ligue 2 guettait le club depuis plusieurs années. On y est et maintenant il convient de reconstruire. Avec l'implication d'anciens joueurs comme Jean-François Soucasse et Loïc Perrin. Avec peut-être – sans doute – la mise en retrait de deux présidents qui ont, au final, fait plus de mauvaises que de bonnes choses.
« Laurent Batlles serait parfait pour la reconstruction »
Dans tous les cas, Sainté peut compter sur des finances assainies, qui ne sont pas dans le rouge vif contrairement à Bordeaux. En vendant quelques joueurs, il y aura sans doute un petit matelas pour la reconstruction. Maintenant il faudra utiliser le peu d'argent à bon escient. La remontée en Ligue 1 passe par le recrutement de joueurs chevronnés, de bons jeunes pour préparer l'avenir mais surtout par la venue d'un grand gardien et d'un grand buteur. Trouver un coach pour ce genre de projet est aussi primordial. C'est même la première priorité. Laurent Batlles, qui est un homme du club et un grand technicien du football, serait parfait pour ça. Mais on aura le temps de reparler plus tard de la complexité de ce plan de relance.
Cette semaine, j'ai surtout une grosse pensée pour les salariés du club, pour tous les supporters… Tout au long de la saison, le peuple vert a été extraordinaire. Jusqu'à la dernière minute du match d'Auxerre, ils ont poussé. Derrière, il y a eu les débordements inacceptables contre les joueurs et les tribunes. C'est la déflagration de supporters qui se sont fourvoyés. Rien ne justifie ce genre d'excès, surtout que ça pénalisera le club à l'avenir avec – à minima – un début de saison à huis-clos en Ligue 2 et peut-être des points en moins. Ce nouveau coup de colère incontrôlé montre combien le football français va mal, dans toutes ses largeurs. On s'aperçoit que c'est aujourd'hui le seul pays où on ne peut pas éradiquer ces violences… »