Ligue 1
ASSE – Exclu But : Christophe Josse : « Je suis plus optimiste pour les Verts que l’an dernier »
Commentateur vedette sur beIN SPORTS, Christophe Josse est aussi un suiveur assidu de l’A.S.S.E. Pour But!, il décrypte la dernière saison des Verts, se penche sur le Mercato et se projette déjà sur le futur des Verts.
But ! : Christophe, comment se passe la préparation de votre nouvelle saison sur beIN SPORTS ?
Christophe JOSSE : On est très impatient, ça va être sympa. La Ligue des champions, dont nous avons les droits, c’est la promesse de belles affiches sur les antennes de beIN SPORTS, qui diffuse l’intégralité de la compétition. C'est une compétition de prestige. C’est aussi la garantie, on va croiser les doigts, de retourner dans les stades avec les supporters. C’est une grande attente.
Malheureusement, la Ligue des Champions ne sera pas à Geoffroy-Guichard. Pour autant, vous rappelez-vous de votre premier match à Geoffroy-Guichard ?
C’est difficile, ça remonte à loin. À l’époque de mon lycée à Saint-Jean-de-Maurienne, j’organisais des trajets en bus pour aller assister à des rencontres. C’était souvent en deuxième division. J’ai beaucoup de souvenirs de cette période, les années 1980-1990. Parmi ceux qui m’ont marqué, je pense à la descente suite à la défaite lors du barrage face au Racing Paris. C'était douloureux.
Quel est votre meilleur souvenir de ces années dans le Chaudron ?
À l’époque, les grosses rencontres étaient face à Nice, Le Puy, là où le stade était plein. Le fameux match de Coupe de France face à Lille avec le record d’affluence… Le Chaudron était blindé, c’était vraiment particulier. Plus récemment, j’ai été marqué par le fameux 5-1 face à l’Olympique de Marseille. La période Alex-Aloïsio, c’était quelque chose ! Les deux faisaient vibrer Geoffroy-Guichard, c’était magique !
Outre les deux Brésiliens, d’autres joueurs vous ont marqué ?
J’aime bien la fidélité, et comme c’est d’actualité, je me dirige tout de suite vers un Romain Hamouma, un garçon très attaché au club. J’ai beaucoup aimé aussi Jessy Moulin et tous ses services rendus au club dans une période délicate.
Sur les antennes de beIN SPORTS, on se rappelle de votre coup de gueule sur le dossier Moulin – Ruffier à l’époque où le Basque avait été écarté…
C’était un coup de gueule d’homme, une question de respect humain. Je voulais rendre hommage à un garçon qui a vécu dans l’ombre d’un autre toute sa carrière. A l’honnêteté, l’intégrité de Jessy Moulin, qui n’a jamais rechigné à la tâche. J’ai voulu parler des valeurs de ce garçon.
« La fidélité, l’attachement au maillot, c’est très noble. On sait où l’on va avec un gars comme Hamouma. Ça m'aurait touché de le voir sous d'autres couleurs »
Jessy Moulin vient tout juste de quitter le club. Après Loïc Perrin l’an dernier, c’est à son tour de partir. C’est une page de l’histoire de l’A.S.S.E qui se tourne ?
Oui. Jessy a fait quelques piges en prêts dans d’autres clubs, mais oui. Il est évident que l’âge avançant de certains, on se trouve dans l’obligation de tourner des pages. Quand on aime ce club, on vit cela avec émotions. Il y a eu la page Jérémie Janot dans le passé. Ce sont des moments charnières dans un club. Il faut savoir renouveler les cadres, passer à autre chose, faire autrement. Évidemment, il y a toujours un brin de tristesse. On peut se dire : « Capitaine Perrin arrête, que va devenir l’A.S.S.E ? ». C’est un peu la peur du vide ! On s’attache tellement à ces joueurs-là qu’il est toujours difficile de s’imaginer le club sans eux, même si personne n'est irremplaçable.
Romain Hamouma a prolongé. C’est lui le dernier des Mohicans à présent, le dernier Vert à avoir remporté la Coupe de la Ligue en 2013…
Hamouma, j’adore le joueur. Il a l’air hyper affûté en plus ! J’aime bien ce genre de parcours, qu’on retrouve souvent à l’étranger, particulièrement en Italie. La fidélité, l’attachement au maillot, c’est très noble. On sait où l’on va avec un gars comme Hamouma. Ça m'aurait touché de le voir sous d'autres couleurs.
On parle des anciens, mais il y a aussi une belle bande de jeunes dans le Forez, avec notamment un duel Bajic-Green pour le poste de gardien…
Il vaut mieux avoir deux bons gardiens qu'aucun ! Et il ne faut pas oublier Boubacar Fall. Quand il y a de la concurrence, c’est toujours mieux, mais il ne faut pas que ça soit anesthésiant. Si c’est constructif, que c’est sain, ils progresseront ensemble. Par contre, si l’état d’esprit n’accompagne pas la croissance sportive de ces garçons, ils iront droit à l’échec. On a à faire à des gardiens qui ont envie de montrer leurs capacités au plus haut niveau.
Est-ce risqué de la part de Claude Puel d’avoir dit adieu à plusieurs cadres comme Debuchy, Monnet-Paquet, Moulin ?
Les garder aurait aussi pu être risqué aussi, non ? C’est une question que l’on peut se poser. Claude Puel a des choix à faire. Il a le mérite d’avoir une ligne de conduite très claire. Il s’y attelle. En tout cas, il y a une cohérence et une logique dans ce qu’il fait. Si l’on prend en compte tous les paramètres actuels, les contraintes financières, la volonté inévitable de développer la jeunesse pour ce genre de club… Aujourd’hui, Saint-Étienne est une écurie qui ne peut pas faire sans sa formation. La pérennité économique passe par là.
« Ce n’est pas de tout repos de gérer un club comme l’A.S.SE. Il faut être hyper vigilant sur l’identité, la qualité, la solvabilité et l’état d’esprit des repreneurs. Les exemples d’échecs sont nombreux »
Mais l'effectif ne manque-t-il pas de cadres ?
Mais il y a toujours des cadres. Il faut s’appuyer sur des Miguel Trauco, Gabriel Silva, Romain Hamouma, Wahbi Khazri. Ce ne sont pas des tricheurs. Ils sont à même d’encadrer cette jeunesse. Ça peut offrir un bon mélange. Il faut savoir faire cette transition. Toute proportion gardée, il faut regarder ce qu’a fait Mancini avec la sélection italienne. Une transition sans grande star, avec une génération au crépuscule de sa carrière, et l’autre en train d’émerger. Parvenir à créer du collectif et du liant entre ces hommes-là. L’effort à fournir est plus important du côté des jeunes. Il faut accepter d’entendre des choses qui ne font pas plaisir. Ils ont des choses à prouver face à des « anciens » qui ont déjà beaucoup prouvé, et qui gardent ce désir d’exemplarité.
Les deux dernières saisons ont été difficiles…
Oui, mais on va peut-être encore se battre pour le maintien cette saison. Ce serait encore douloureux, certes, et je ne le souhaite pas, mais il ne faut pas omettre cette possibilité. Une chose est claire : il ne faut pas jouer avec le feu.
Votre pronostic pour cette saison ?
Je ne sais pas trop. J’espère que ça va fonctionner, mais il y a encore beaucoup de jeunesse. J’espère que ça ne sera pas trop la politique du « tout jeune », car c’est risqué. Mais compte tenu de la fin de saison dernière, une place dans la première partie de tableau est envisageable. C’était assez encourageant. Il faut espérer voir des cadres en forme, pas trop de blessures, que le vestiaire soit sain. On ne part pas sur des certitudes. Il faut effacer les inconnus pour éviter un accident. Mais je suis plus optimiste que l’an dernier.
Claude Puel a annoncé que l'ASSE devrait prendre un tournant en 2022 avec la vente du club. Cette dernière vous apparaît-elle comme inévitable ?
Elle est inévitable à partir du moment où les propriétaires-actionnaires ont acté la décision de vendre pour passer dans un autre modèle. Il peut y avoir une lassitude chez Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, une volonté de prendre du recul, ce qui s’entend. Ce n’est pas de tout repos de gérer un club comme l’A.S.SE. Il faut être hyper vigilant sur l’identité, la qualité, la solvabilité et l’état d’esprit des repreneurs. Les exemples d’échecs sont nombreux. Des spéculateurs qui viennent pour faire de l’oseille sur le dos d’un club. Saint-Étienne a une bonne tête de club sur lequel faire de l’argent. Là, on parle de l’A.S.S.E, mais c’est valable pour ailleurs. Après, ça l’est peut-être plus ici qu’ailleurs. Il y a tout un contexte historique, populaire, social, et entrepreneurial à prendre en compte. C’est une terre de football particulière. L’histoire du club s’est construite à la méritocratie avec des joueurs au goût de l’effort. Il faut respecter tout cela. Il ne faut pas dire « je m’appelle untel, je suis américain, je fais de la spéculation et je veux racheter un club ». Ça ne suffit pas.
Propos recueillis par Antoine CHIRAT