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ASSE – Exclu But ! : Jérémy CLEMENT : « L'ASSE redeviendra une équipe qui joue les premières places »

Actuel coach de Bourgoin, sa ville natale, en National 3, Jérémy Clément évoque son actualité et celle de l’ASSE. Un club qu’il garde toujours dans son cÅ“ur.

But ! : Jérémy, comment allez-vous ?

Jérémy CLEMENT : Ça va très bien, merci ! On prépare la nouvelle saison à Bourgoin-Jallieu. On est dans la poule de la réserve de l’A.S.S.E en National 3. Professionnellement, c’est au top avec pas mal de projets en cours, je suis toujours occupé. La reprise, c’est le dimanche 29 août, ça arrive vite.

Quelles sont les craintes, les attentes, après ces derniers mois difficiles marqués par la pandémie ?

J’essaie de ne pas imaginer la possibilité de ne pas reprendre. On doit être positif, sinon on ne peut pas avancer. La problématique sera autour des mesures : les joueurs vaccinés, les tests… On n’est pas structuré comme un club professionnel. Il faudra bien gérer tout cela. Mais l’envie, la motivation, tout y est ! On veut jouer des matchs, la compétition manque.

Quels seront les objectifs cette saison ? L’an dernier, vous étiez en tête avant l’arrêt du championnat…

Oui, mais on n'avait joué que six matchs. L’objectif est de jouer le haut du tableau. C’est difficile de parler de montée. Il faut être régulier, avoir de la réussite, que tout s’enchaîne bien. Il y a beaucoup d’équipes comme nous, prêtes au combat et qui veulent décrocher le billet pour la National 2. On est ambitieux, mais humble.

Une reconversion au poste d’entraîneur, ça vous a toujours titillé ?

Non pas vraiment. À Nancy, j’avais commencé à faire des formations autour du management des organisations sportives, sur les à-côtés du football. Mais ce qui me plaît, c’est le terrain et la compétition. Je ne sais pas quel sera mon avenir, mais je suis un compétiteur et je m’éclate dans ce rôle. Je passe mes diplômes, je suis novice et j’ai beaucoup de choses à apprendre. Le début de ma carrière d’entraîneur a été freiné par le Covid-19. La compétition me fait rester sur le carré vert. Aujourd’hui, je suis à Bourgoin-Jallieu, mais je reste ambitieux. Quand on a été joueur de haut niveau, on se doit de toujours viser haut. Les rêves ne sont pas tous possibles, mais il faut tout mettre en place pour les réaliser.

 

« Il y a beaucoup de jeunes. Il faudra  de la patience »

 

L'ASSE dans votre poule, ce sera l’occasion de belles retrouvailles…

Oui, avec le club, mais les jeunes, je ne les connais plus ! Sainté, c’est toujours particulier. Si un jour, j’affronte l’équipe première, ça me fera encore plus bizarre. Après, en regardant le match face à l’OM, je me rends compte que quasi toute ma génération est partie. J’ai un peu plus de mal à m’identifier. Je connais plus les personnes sur le banc, l'intendant, que les joueurs. Heureusement, Romain Hamouma a prolongé ! Mon époque est passée, je ne connais pas personnellement les joueurs actuels. Il y a quelques années, je regardais les Verts avec de la nostalgie : Loïc (Perrin),  Jess (Moulin)… 

 

Il ne reste que deux joueurs de votre dernière saison à l’A.S.S.E : Romain Hamouma et un certain Arnaud Nordin ! 

 Ah oui ! Arnaud, c’était un gamin. Il nous vouvoyait pour prendre la parole (rires).

 

Comment jugez-vous l’effectif construit par Claude Puel ?

Claude Puel a beaucoup plus d’expérience que moi dans ce domaine, donc c’est difficile de lui reprocher quelque chose. Il a des idées, des objectifs et des ambitions bien précises, et il compte sur les jeunes. Mais je pense qu’on fait de bonnes saisons avec des joueurs d’expérience. C’est mon fil conducteur par rapport au recrutement à Bourgoin-Jallieu. Garder les valeurs du club, avec des joueurs ayant fait leur formation ici et les encadrer avec des hommes d’expérience. Sans le vécu, c’est compliqué. À Saint-Étienne, il y a beaucoup de jeunes. Il faudra  de la patience. La jeunesse a des qualités, mais c’est loin d’être si facile.  C’est ce manque d’expérience qui pourrait m’inquiéter. 

 

Justement, avez-vous été surpris par les départs de Mathieu Debuchy, Kevin Monnet-Paquet ou encore Jessy Moulin ?

Comme je vous ai dit, je crois en l’importance des cadres. Après, ça doit être un deal entre le coach et les joueurs. Les anciens ont forcément envie de jouer, il faut leur faire comprendre qu’ils ne joueront pas tout le temps, qu’on a besoin d’eux dans le vestiaire. C’est le rôle de l’entraîneur : rendre importants les joueurs qui jouent moins. Être important sans être sur le terrain, c’est compliqué à accepter pour un joueur. Il faut avoir des gars qui imposent de la rigueur, de la bonne humeur, transmettre les valeurs du club, qui savent ce que c’est d’enchaîner et de gagner des choses, tout comme perdre. Claude Puel a énormément d’expérience donc je pense qu’il sait ce qu’il fait.

 

Quel est votre regard sur les deux dernières années difficiles des Verts ?

C’est compliqué de faire une vraie saison complète qu’avec des jeunes, mais parfois, on est obligé de faire avec. Je pense notamment à l’aspect économique. Sainté ne pouvait pas faire autrement. Je parle beaucoup des joueurs d’expérience, mais cela coute cher. C’est la réalité du football, du moment. Sainté n’a pas des ressources illimitées, ils doivent composer avec un budget serré. On est dans une période de transition. On peut voir l’importance de l’expérience à Lille : André, Yilmaz, Fonte… mais la réalité économique, à cause du Covid-19, fait souffrir les clubs. Quand on est dans ces périodes de transition, on s’appuie sur les jeunes du centre. Il ne faut pas se plaindre de cela. Souvent, on critique le fait que la formation ne soit pas assez mise en avant, car certaines équipes n’ont pas la place pour les jeunes.

 

La prolongation de Romain Hamouma va dans le sens de conserver des joueurs d’expérience… 

C’est génial pour l’A.S.S.E. Déjà, Romain, c’est un joueur décisif, talentueux. Il connaît le club, il sait comment ça marche, l’équipe en a besoin. Il pourra continuer d’encadrer les jeunes. Gagner deux matchs, c’est bien, mais le 3e est le plus important. Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a fait. C’est ce que Christophe Galtier nous disait : les matchs les plus importants, ce sont ceux qui arrivent. Ce qui est passé est passé, on ne peut plus revenir dessus. Quand on est jeune, on a parfois trop tendance à tomber dans la suffisance.

 

« Sainté, ça respire le football. C’est une ville de ballon. Ça sera toujours un club important, à part »

 

On parle d’une possible reconversion au poste d’entraîneur des attaquants pour Hamouma, trouvez-vous cela logique ?

Il faut voir ! En tout cas, Romain doit savoir que le métier de coach est complètement différent de celui de joueur. C’est le jour et la nuit. C’est toujours un plus d’avoir des joueurs de cette qualité dans un tel rôle. À lui de savoir s’il peut transmettre ou pas. Romain est quelqu’un de talentueux plus que besogneux. Ça pourrait être une bonne opportunité pour lui comme pour le club.

 

Est-ce que vous allez essayer d’attirer d’anciens Verts dans vos filets à Bourgoin-Jallieu ?

J’aimerais ! Après, le niveau que je propose n’est pas forcément en adéquation avec les ambitions de certains. Si j’avais pu recruter Romain (Hamouma) ou Kevin (Monnet-Paquet), je l’aurais fait sans hésiter. En plus, Kevin est originaire de Bourgoin.

 

Avez-vous bon espoir pour la saison qui arrive ?

Bien sûr, il faut toujours être positif. Sainté, ça respire le football. C’est une ville de ballon. Ça sera toujours un club important, à part. Le football est cyclique. Actuellement, ils sont un peu moins bien, mais ça va revenir. On a fait de belles choses à l’époque. Il y a des séries où tout se passe bien, d’autres non. Il faut s’accrocher quand ça n’est pas évident, surtout dans la transition dans laquelle se trouve le club. L’A.S.S.E redeviendra une équipe qui joue les premières places.

 

Le club est-il obligé de passer par une vente pour franchir un nouveau pallier ?

Je pense qu’il est important que les présidents sachent laisser le club au bon moment pour repartir sur un nouveau projet. Toutes les équipes ont besoin à un moment de trouver un nouveau souffle. Il faut avoir de la poigne et de la force pour inculquer une nouvelle dynamique. Un rachat, un nouveau projet, peut faire du bien, même si ça n’est pas une science exacte. C’est la magie du football. Ça n’est pas parce qu’on rachète un club avec beaucoup d’argent que tout va rouler. Le football est compliqué. Il faut aussi savoir relativiser. Même si on est compétiteur, il faut arriver à se dire que c’est un sport kiffant, en se rendant compte qu’il y a des choses plus graves autour.

 

Le facteur X, ça peut être le retour du public dans le Chaudron ?

Forcément. La folie des jeunes aussi peut amener un nouveau souffle dans le Chaudron. Avec un peu de réussite, une bonne dynamique… tout est possible. On sait que Paris sera devant, c’est sûr, mais qui aurait dit que Lens ferait une aussi belle saison, que Lille serait champion ? 

 

Beaucoup de jeunes du club n’ont jamais connu un Geoffroy-Guichard plein, avez-vous un conseil à leur donner ? 

Ce n’est pas facile à appréhender. On est poussé par le public, mais il est exigeant. Si les jeunes ne sont pas prêts à être parfois chahutés, ils doivent trouver un autre club. Si on a envie d’avoir une vraie ferveur, mais aussi de la pression, Sainté est le bon endroit. Ça fait du bruit, et quand c’est dans le bon sens, c’est impressionnant. On vit pour ça en tant que joueur de foot : jouer de grands matchs et avoir 40 000 personnes autour de moi.

 

Durant votre passage, outre la fameuse épopée en Coupe de la Ligue, avez-vous un autre souvenir fort ?

J’ai joué six ans ici, c’était six grandes et belles années. Égoïstement, je pense à mon retour face à Milsami en Coupe d’Europe après ma grave blessure. Franchement, c’était un souvenir incroyable, très fort en termes d’émotion. Sinon, je repense à l’aventure humaine globale que j’ai vécue.

 

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

 Un jour, d’entraîner Sainté (rires) ! 

 

C’est dans un coin de votre tête ?

Non pas forcément. Mais bon, on ne sait pas l’avenir. Un jour, je me suis dit pourquoi ne pas revenir entraîner dans un club dans lequel tu as joué. C’est une belle manière de boucler la boucle. Être entraîneur avec un tel public, c’est beau. J’ai besoin de ça.

 

Entretien réalisé par Antoine CHIRAT

 

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