Un match amical réunissant les héros de la montée de 1999 : l’idée avait trotté dans la tête de Philippe Masseguin ancien photographe de l’ASSE, ami des joueurs et fidèle d’Alain Bompard. Patrick Guillou, Lionel Potillon et Mickaël Bozon pour la logistique ont repris le flambeau, ont organisé contre vents et Covid les retrouvailles de cette bande d’un passage de siècle éprouvant et emballant. Bâti par Gérard Soler, avec Robert Nouzaret aux manettes, ce groupe avait brossé en trois saisons le tableau écorné ou coloré de tout ce que le football peut transpirer, la peur, la déception, l’espoir et le bonheur. L’ombre de Philippe qui a quitté les terrains de cette terre en 2019 pour ceux d’un monde où son objectif nous scrute encore a donc plané samedi entre Cavaillon et le Lubéron où la famille Bompard est entourée de vignes et d’amis. Mais Philippe n’aurait pas admis jeter un voile sur cette journée dont il avait rêvé et qui a réuni une bande de joyeux drilles, bien Verts, et ce n’est pas un jeu de mots. Qu’ils aient porté ce maillot depuis leur enfance jusqu’au monde des pros comme Fred Mendy « Ah mais moi, c’est chez moi Saint-Etienne » ou juste une saison comme Damien Bridonneau « Je ne suis pas resté longtemps mais ça m’a marqué », tous ont gardé ou fait voyager l’âme de Sainté.
Alors quelle belle idée que cette fête autour d’Alain Bompard qui a reçu ses anciens joueurs chez lui, avec son épouse Michèle et son fils, Alexandre pour que chacun reprenne des forces après un après-midi sous un soleil de plomb à tenir tête à une formation d’anciens de PACA « un peu plus jeunes » à l’image d’Hilton. Cette sélection mise sur pied par Piocelle avait belle allure avec Elana, Cocard ou Zubar et le buteur Cubaynes, auteur d’un triplé. Mais c’était sans compter sur la furia verte et un retournement de situation soldé avec un 3-3 sous le sifflet de Philippe Malige arbitre devenu ami de Guillou qui lui avait pourtant fait voir rouge au cours de sa carrière « Ce jour-là, ce n’était pas facile ».
Le petit mot d’Alain Bompard sur Gérard Soler… et le clin d’œil de Patrick Guillou à Alexandre
Tout est anecdotes et anecdotique avec l’homme du match désigné bien avant, dans le bus conduisant l’équipe au stade! Nestor Subiat, « deux ballons touchés et un but »… « oui mais au physique en porcelaine ou en carton », a eu droit à sa coupe et à l’hommage de Guillou en meneur d’hommes « Avec le coach, on sait qu’il y aura des déçus, mais on est payé pour ça. Le seul qui mérite le 10 est Pascal Feindouno. Bon, on va jouer avec des faux pieds mais jouez comme vous voulez. En première mi-temps vous tenez et après on fait rentrer nos jeunes, et c’est là qu’on va les surprendre ».
Bravo pour le scénario parfaitement respecté, avec le très sûr Perraud, l’impérial Leclerc, l’affûté Zanotti, un Fayolle facile comme au golf, l’artiste Feindouno, le relais Sarr qui a fini avec des adducteurs en feu, Dernis tranquille, Pedron juste un peu court, Mendy qui va trop vite pour ses copains, Riou qui a mis un coup de jeune, Mamoun plus cool que jamais, Revelles encore déroutant, Bridonneau junior qui a épaulé la paternal, et un renfort Garcia dont Guillou assure qu’il est « le seul gitan à jouer au foot sans guitare ». Tous méritent la même note que Potillon, la meilleure, celle d’une amitié et d’un respect martelé par des dizaines de « Merci Président » qui ont humidifié le coin de l’œil d’Alain Bompard, un peu plus encore à l’évocation du « talent et du brin de folie de Philippe Masseguin », des buts précieux de Fabrice Lepaul ou du soutien indéfectible de Guy Lavaud ou Santo Domingo, tous disparus.
C’était une aventure humaine forte, un pari risqué « un gros chèque » dont Michèle Bompard sourit aujourd’hui « il a fallu vendre notre chalet », jalonnée de souvenirs ancrés dans la souffrance ou l’espérance. « Des heures incomparables avec Robert Nouzaret et Gérard Soler éternelle étrangeté à l’immense talent dont j’ai énormément profité » dira Alain Bompard pour résumer ce retour en arrière de vingt ans. Avec un dernier clin d’œil de Patrick Guillou remettant le ballon du match dédicacé par les vedettes du jour « Mais c’est juste, Président pour que vous le transmettiez à votre fils Alexandre, comme un passage de témoin… » Tout le monde avait le droit de rêver, on était en fin de soirée…
Didier BIGARD