ASSE - Le rendez-vous de Didier Bigard : "Des joueurs de vestiaire, pas de caractère"

« Brest va jouer la ligue des champions, ce n’est pas un hasard, mais le résultat d’une longue course en tête en Ligue 1 la saison dernière. Ce n’est pas parce qu’on a plus parlé de son stade non homologué par l’UEFA que de son sprint final balbutié, pas parce que le mercato a saigné des postes clés qu’il fallait l’oublier. Certains avaient pas perdu la mémoire immédiate en évoquant ce déplacement supposé débloquer le compteur points de l’ASSE. N’avaient-ils pas vu la tristesse du spectacle fourni devant Le Havre ? Olivier Dall’Oglio avait pourtant essayé de ramener les optimistes sur terre en rappelant que devant les Normands, le nombre de frappes était illusoire tant celles-ci avaient été stériles, improductives, gentillettes. Les sifflets des seules latérales auraient dû résonner un peu plus loin que Geoffroy-Guichard. Jusqu’au Finistère par exemple, terre inhospitalière pour les Verts, Stéphane Ruffier peut en témoigner. Les ultras qui se sont payés quatorze heures de bus aussi. Ils méritaient mieux que ce 4-0 sans réponse ni répondant comme l’a concédé un Aïmen Moueffek attendu comme un messie dans ce groupe sans âme. On aimerait feindre être rassuré quand les acteurs tiennent le rôle de critiques.

« Le groupe n’a pas gagné en qualité »

Comme Yvann Maçon dans l’Equipe « On n’a pas été au niveau de la L1 ». Ou Dennis Appiah dans Le Progrès « On peut parler de tactique, de technique, de tout ce qu’on veut, mais au départ, c’est un rapport de force. On est en Ligue 1, plus en Ligue 2. Il faut vite se comporter comme des hommes, pas comme des enfants. » Le groupe n’a pas gagné en qualité, mais a perdu en combativité, solidarité, efficacité. Ce sont que des mots difficiles à entendre quand on a vu les maux soufferts sur le terrain. Il va falloir provoquer une mise au point collective, comme la saison dernière après Dunkerque si on en juge la réflexion de Maçon « Peut-être qu’il faut changer de système et passer en zone » quand Olivier Dall’Oglio évoque, lui, des responsabilités individuelles « les coups de pied arrêtés, ce sont des attitudes. On les travaille énormément mais beaucoup de joueurs ne sont pas encore prêts, là-dessus ». Les sujets de débat ne vont pas manquer pendant cette trêve, sur le recrutement, les compositions d’équipe, les erreurs, lacunes, insuffisances. Même Gauthier Larsonneur auquel on a glissé un numéro deux plus rassurant pour le staff que pour lui, y est allé de sa bourde après s’être montré nerveux face au Havre. Pour le reste de l’équipe, pas vraiment de surprise, sinon sur la feuille de match avec les titularisations d’Ayman Aiki et Lamine Fomba ou le positionnement d’un Zuriko Davitashvili aux prestations bien loin de celles fournies avec la Géorgie. 

Mathieu Cafaro a eu quelques éclairs illusoires, Ibra Sissoko a été sans poids. On ne pouvait pas demander à Mathis Amougou de tout régler ni des miracles à Pierre Cornud qui a débarqué sans rien embarquer au sein d’une défense où Dylan Batubinsika reste en apprentissage à accélérer avec ou sans Mickaël Nadé. On en arrive à celui qui devait apporter toute son expérience au point d’être nommé d’emblée capitaine par son entraîneur. Erreur de casting ou problème d’acclimatation, de forme ou plutôt de méforme? Yunis Abdelhamid déçoit, ne fait pas mieux qu’Antony Briançon. On parle de joueurs de vestiaire? On préférerait des talents sur le terrain. L’effectif est pléthorique, parce qu’il n’a pas été allégé et sur ce qu’on a vu il n’a pas gagné en qualité mais a perdu en combativité, solidarité, efficacité. » 

Didier Bigard

Pour résumer

Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard revient sur la lourde défaite de l’AS Saint-Étienne à Brest (0-4) mais aussi sur le début de saison inquiétant des Verts. Selon lui, il manque de vrais leaders dans l’effectif d’Olivier Dall’Oglio.

Rédacteur
Bastien Aubert