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ASSE – L’oeil de Denis Balbir : « Plus que jamais, c’est la fin d’une époque à Sainté »

Chaque lundi, Denis Balbir décrypte l’actualité des Verts. Notre consultant était dépité à l’issue d’ASSE – Reims (1-2) qui a vu les Stéphanois retomber parmi les relégables à une journée de la fin…

« En perdant face à Reims (1-2), l'ASSE est retombée à la 19e place et devient relégable avant la dernière journée. Samedi, on a vécu une soirée de cauchemar avec une équipe impuissante qui se marche dessus quand il ne faut pas, qui ne fait pas les bons choix, qui n'est même pas combattive… En face, il y avait une équipe beaucoup plus réaliste et, comme les manques défensifs ne sont pas réglés, cela donne une défaite logique.

J'adore les supporters de tous les clubs, et ceux de Saint-Etienne en particulier, mais ils se sont tirés une balle dans le pied en privant l'équipe de soutien sur ce dernier match avec ce huis-clos. Bien sûr, on ne sait pas ce que leur présence aurait pu changer dans ce match. L'ambiance qu'ils ont mis n'a pas suffi dans d'autres rencontres importantes. Mais quand on voit que, dans certains stades comme à Metz, les supporters étaient là pour pousser leur équipe et aller chercher deux victoires précieuses contre Lyon et Angers, on se dit que ça aurait pu aider. Les supporters messins étaient déçus de leur équipe cette saison, ils l'ont sifflé parfois, mais en attendant, eux n'étaient pas suspendus pour le sprint final.

« Aujourd'hui, à l'ASSE, tout va mal à tous les niveaux »

Aujourd'hui, à l'ASSE, tout va mal à tous les niveaux. Chez les joueurs, une sorte de démission collective s'est installée. Défensivement, c'est toujours aussi faible. Je ne comprends pas comment, avec 25 joueurs sous la main, on peut se retrouver avec une défense dans l'incapacité de tenir sur un ou deux matchs. Dans les buts, on a un gardien (Paul Bernardoni) qui n'a pas apporté comme il aurait dû et qui a peut-être coûté plus de points qu'il n'en a fait gagner. Dans les tribunes, Roland Romeyer est prostré. Le deuxième président ne vient même plus au stade depuis longtemps. On s'aperçoit aussi que le changement de coach ne change rien. Je veux bien que Pascal Dupraz fasse des conférences de presse avec les larmes aux yeux mais lui, il aura un avenir après Saint-Etienne. Les supporters, eux, ont plus que les larmes aux yeux…

«  C'est tout un club qui est malade et toute une région qui va en souffrir »

Plus que jamais, c'est la fin d'une époque à Sainté. Le navire est en train de couler petit à petit. On a beau écoper, les trous sont trop béants… C'est tout un club qui est malade et toute une région qui va en souffrir. J'ai une vraie pensée pour les supporters de longue date, pour les plus jeunes, pour les salariés du club. Il faut se préparer au pire. A une époque, j'avais dit que le pire était peut-être une bonne chose pour tout reconstruire. J'espère que ce sera le cas. Je n'en ai pas la certitude.

Même si mathématiquement les choses ne sont pas terminées et qu'il ne reste plus qu'un match à jouer pour éviter la chute en Ligue 2. Il faudra aller faire un résultat à Nantes. A titre personnel, je ne vois pas comment les Canaris pourraient être mis en difficulté par cette équipe de Saint-Etienne. Le FCN aura à cœur de bien finir à la Beaujoire pour ce qui est peut-être le dernier match d'Antoine Kombouaré. Vu la rivalité historique et l'engouement populaire que cette rencontre suscite, je ne vois pas les Nantais rentrer sur le terrain avec la tête en vacances. C'est dommageable d'en arriver là avant la 38e journée alors que Sainté avec toutes les cartes en mains pour être au moins barragiste.

« Je ne comprends pas comment on a pu se saborder de la sorte »

Je ne comprends pas comment on a pu se saborder de la sorte. Est-ce qu'à un moment donné, au cœur du mois de février ou début mars, l'ASSE a manqué d'humilité dans le discours ? Est-ce que la blessure de Falaye Sacko a enrayé la mécanique ? Je ne pense pas qu'il y a une seule explication. Pascal Dupraz imaginait sa fin de saison dans le Kop à fêter le maintien. Il en a parlé très tôt. Mais cela correspondait davantage à l'envie d'un entraîneur qui croyait en ses hommes et en sa dynamique. Ne soyons pas hypocrites : à l'époque, on y a tous cru ! Personne ne pouvait se douter que l'équipe allait lâcher de la sorte. Pour moi, Dupraz avait surtout trop confiance en ses joueurs et ces derniers ne lui ont pas rendu. Certains n'ont pas fait honneur au maillot. Mais c'est le problème de prendre des joueurs inaptes physiquement et qui n'ont pas joué depuis six mois…

« Bordeaux et l'ASSE en L2, ce n'est pas anodin »

Cette saison, j'ai vu des joueurs qui ont démissionné, qui, au fil des semaines, ont terni ce maillot. Cela me fait mal. En tant que supporter, j'ai déjà connu l'époque Division 2. J'étais dans les travées quand il y avait de formidables ambiances face au Puy ou d'autres. Sur le terrain, on avait des gens comme Roger Milla, comme le regretté Jean-Luc Ribar. C'était des gens qui enflammaient le public par leur débauche d'énergie. Aujourd'hui, à part quelques éclairs de certains et une bonne forme de Denis Bouanga depuis février 2022, on n'a même pas ça.

J'ai mal à mon football parce qu'on risque d'assister à la descente en Ligue 2 de deux monuments du football français avec Bordeaux et l'ASSE. Ce n'est pas anodin. Je n'ai rien contre Clermont, Troyes, Ajaccio ou Lorient mais quand on pèse l'histoire des uns et celle des autres, il y a une vrai disproportion. Maintenant c'est aussi la vérité du terrain qui a parlé. Certains se sont déchirés pour aller au maintien, d'autres ne l'ont pas fait. Ils sont sanctionnés. »

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