AS Monaco : comment le fair-play financier a tué le projet monégasque

Le départ au Real Madrid de James Rodriguez, le meilleur joueur de l’AS Monaco, a de quoi soulever quelques questions quant à la crédibilité du ‘projet’ monégasque. Et si le club de la Principauté était la vraie victime du fair-play financier ?

Il y a trois semaines, lorsque la rumeur d’un intéràªt du Real Madrid pour James Rodriguez a surgi, peu d’observateurs y ont accordé la moindre importance. Il semblait alors absurde que l’AS Monaco ne scie la branche sur laquelle elle est assise en laissant filer celui qui devait àªtre le visage du club pour les saisons à venir. D’autant que rien ne pressait : sous contrat jusqu’en 2018, l’international colombien aurait très bien pu àªtre cédé au màªme prix, voire plus cher encore, dans un ou deux ans. Finalement, le gaucher a bel et bien rallié la capitale espagnole pour près de 80 millions d’euros.

La perte engendrée par ce départ est sportive, mais aussi médiatique : posséder dans ses rangs le meilleur buteur de la dernière Coupe du monde, quelle aubaine pour un club en mal de reconnaissance internationale (plus encore que le PSG, associé à la ville de Paris, Monaco à son environnement feutré peinent à se défaire d’une image de parvenus) ! Pourquoi alors le propriétaire de l’ASM Dmitry Rybolovlev freine-t-il le développement d’une équipe dont il voulait faire il y a un an l’une des sensations du football européen ? La réponse tient en trois mots : fair-play financier.

L’ASM ne fait pas ràªver les sponsors

Pour rappel, le fair-play financier ne sanctionne pas les dettes contractées ‘en arrière-plan’ par un club. Il s’attache en revanche à faire respecter l’équilibre entre les revenus et les pertes de celui-ci sur une saison. Ainsi, bien que très endettés depuis de nombreuses années, le Real Madrid ou le FC Barcelone échappent aux foudres de l’UEFA, leurs dépenses faramineuses sur le marché des transferts étant compensées par des droits télé, quelques contrats publicitaires et des recettes commerciales sans équivalent.

L’ASM, elle, possède un stade de Ligue 2 et ne peut s’appuyer sur un bassin de population suffisamment fourni. Surtout, l’enclave monégasque génère une image lointaine, floue, souvent réductrice – princes et princesses coupées du monde, lieu de passage plutôt que lieu de vie -, qui ne favorise pas l’identification des fans du monde entier. Autant d’éléments qui privent le club d’une implantation réelle dans le paysage footballistique et de l’attractivité dont découlent droits télé, produits dérivés et sponsors. Conséquence, Monaco est devenu un investissement bancal.

Moins de stars, plus de ‘bons joueurs’ ?

À l’heure où il s’appràªte à disputer la Ligue des Champions, s’exposant directement aux sanctions de l’UEFA, le club de la Principauté fait donc figure, bien davantage que le PSG ou Manchester City, de principale victime du fair-play financier. Faut-il craindre de ce fait un retrait de son mécène russe ? L’avenir le dira. Reste qu’a priori, la fiscalité du Rocher permettra d’attirer d’autres très bons joueurs (on parle de Rodrigo, Gaitan…).

Des stars ? C’est une autre question. Aux dernières nouvelles, Falcao pourrait s’en aller à son tour. Ce départ, s’il se concrétisait, validerait officiellement la nouvelle stratégie des dirigeants consistant à bâtir désormais une équipe solide mais sans noms ronflants. Une politique que semble déjà annoncer la venue de l’entraà®neur Leonardo Jardim, aux compétences reconnues mais à la notoriété confidentielle.

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