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OL – ENQUETE Au cÅ“ur de la formation lyonnaise
Consacré deuxième meilleur centre de formation d’Europe en décembre 2012, l’Olympique Lyonnais peut se gargariser de produire chaque année quantité de champions.
Enquàªte au sein d'une institution. (Extrait de But ! Lyon janvier 2013)
La statistique révélée par le site Sporting Intelligence sur la base d'une étude réalisée par le CIES Football Observatory est édifiante. Sur les cinq plus grands championnats d'Europe, l'OL arrive au deuxième rang des clubs qui forment le plus de joueurs professionnels (31). A 7 éléments de la prestigieuse « Masia » du FC Barcelone et devant la « Cantera » du Real Madrid (29 joueurs). Un résultat flatteur qui ne surprend pas vraiment Rémi Garde : « C'est un travail de très longue haleine qui fait partie de l'ADN et de la culture du club. La récompense arrive aujourd'hui mais s'est construite sur la durée avec des gens compétents, fidèles qui ont donné toute leur vie professionnelle pour créer à§a. Aujourd'hui, on en récolte les fruits. » Mais comment l'OL est-il devenu une institution reconnue et respectée de la formation ? La réponse est historique.
La stabilité, clé du succès
« Un virage a été pris à la fin des années 80 avec Raymond Domenech, commente Robert Valette, ex-entraà®neur de la réserve entre 1997 et 2011, formateur depuis 1989 : A un moment donné, on s'est posé et on a regardé ce qui se faisait ailleurs. A Auxerre notamment. Pourquoi ils parvenaient à attirer les meilleurs jeunes ? Parce qu'ils avaient des titres et étaient reconnus. José Broissart, Gérard Drevet ou encore Alain Thiry ont initié la méthode. Puis ils ont formé leurs successeurs. C'est pour à§a qu'il y a un suivi de l'institution. Il y a des références à l'OL qui n'ont pas changé depuis 15-20 ans. »
Au niveau du cadre, José Broissart a rapidement compris que pour convaincre les meilleurs jeunes, il fallait que les familles soient séduites par un projet de vie global. Surtout en cas d'échec dans une carrière professionnel. « On a été les premiers à comprendre que l'éducation et l'école pouvait avoir une grande incidence sur les résultats sportifs. C'est pour à§a qu'on a aménagé un Sport-Etudes conciliant avec l'entraà®nement », raconte Broissart, aujourd'hui à la retraite et qui a passé 23 ans de sa vie à la formation à l'OL (1979-2002) avant que l'histoire se finisse en eau de boudin devant les prud'hommes.
L'école Broissart
Toujours est-il que le sérieux de la méthode a convaincu les meilleurs jeunes de Rhône-Alpes de venir dans la Capitale des Gaules. Ces màªmes jeunes – les Garde, Roche ou Génésio – constituent la base des éducateurs actuellement au club. Des hommes intelligents qui portent en eux une éducation particulière que Robert Valette et ses 43ans à l'OL décrit avec justesse : « Cela se rapproche de la mentalité grande famille d'un club à l'Anglaise où l'amour du maillot veut dire quelque chose. L'exemple concret, c'est Malbranque, qui, à 32 ans, est heureux comme un gamin d'àªtre revenu chez lui. »
« Pour nous qui sommes issus de la formation, on a à cÅ“ur de pérenniser les valeurs qu'on nous a enseigné », confie Stéphane Roche, seul directeur du centre de formation depuis 2011 et qui a été biberonné à l'école José Broissart. Pour Armand Garrido, l'institution ne se résume pas à une seule méthode : « Ce n'est pas que l'école Broissart c'est l'école Olympique Lyonnais. Le flambeau a été repris par Alain Olio, puis Georges Prost, puis Rémi Garde, puis Stéphane Roche”¦ Que des mecs qui sont passés par l'Olympique Lyonnais et qui ont à la fibre de ce club. Broissart a été l'instigateur de l'école lyonnaise mais elle s'est pérennisée. Elle coule désormais dans notre sang. »
Innovation et tradition
Et le sang lyonnais, sa formation et sa stabilité, les décideurs actuels n'ont pas foncièrement envie d'y toucher. Sinon pour l'embellir. « Je retourne encore de temps en temps voir les éducateurs à Tola Vologe et je m'aperà§ois que les grandes bases sont toujours les màªmes. Tout ce qui change, c'est les détails », commente José Broissart. « La formation marche tout seul. C'est ancré dans les gènes du club », poursuit Georges Prost, directeur du centre entre 2007 et 2010, aujourd'hui recruteur chez les jeunes à l'OM.
A 80%, la formation lyonnaise fonctionne comme il y a une décennie. Les 20% restants, ce sont les améliorations nécessaires. Cela se passe au niveau du recrutement (voir papier sur le savoir-faire lyonnais), des méthodes pédagogiques mises en place par Jean-Yves Ogier (ex-Conseiller technique régional de Rhône-Alpes) ou encore du sang frais apporté. « Aujourd'hui, il n'y a pas que des gens du sérail à la formation. L'idée, c'est aussi de s'ouvrir à d'autres personnes qui ont une expérience différente. L'exemple, c'est Christophe Delmotte. Cela nous permet de ne pas rester autocentrés sur ce qu'on a vécu », confie Stéphane Roche.
Mais le plus important subsiste, les piliers sont toujours là pour le plus grand bonheur de Robert Valette : « Prenez le cas de Nantes. Un grand nom du football, qui perpétuait un jeu bien à lui et sortait des jeunes. Ils ont viré les gars qui étaient les garants de la tradition. On a coupé les racines. Mais un arbre sans racine, il ne pousse pas ! Regardez où est Nantes aujourd'hui”¦ »
La finalité avant les résultats
Si les résultats actuels et la qualité des joueurs formés donnent raison à la méthode OL, cela ne suffit cependant pas à la Direction Technique Nationale pour désigner Lyon comme le meilleur centre de formation franà§ais. En 2012, l'OL n'arrivait màªme qu'en troisième position – derrière Sochaux et Rennes – selon les critères de la DTN. Que ce soit au niveau des structures, des contrats professionnels, des titres remportés en équipe de jeunes ou màªme de la prestigieuse Coupe Gambardella que Lyon n'a plus remporté depuis 1997.
« Il faut toujours regarder la finalité. Chez nous, elle est d'apporter des joueurs compétitifs pour l'équipe fanion. Avoir des résultats d'équipe en jeunes n'est pas notre priorité. L'an dernier par exemple, on est sorti au premier tour de Coupe Gambardella. On aurait pu choisir de retenir Mohamed Yattara mais nous avons privilégié l'évolution du joueur qui avait une opportunité de jouer en Ligue 2 », conclut Stéphane Roche au sujet d'une politique qui porte ses fruits dans la pratique plus que sur le palmarès.
Alexandre CORBOZ
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