Infos But
OM – REPORTAGE Le club vu des quartiers Nord
L’OM a dit vouloir passer sérieusement à l’action dans les quartiers nord de la ville pour aider la population à sortir de la misère.
Mais qu'en pensent les résidents ? “But! Marseille” est allé à la rencontre des habitants de plusieurs quartiers. (Extrait de But ! Marseille octobre 2013)
Il est 20 heures, mardi 17 septembre. Le soleil se couche sur Marseille. La ville, elle, s'éveille. Dans le quartier des Arnavaux, qui comprend plus de 6.000 des 250.000 habitants des quartiers nord, Salim ouvre son commerce de proximité. Nous allons à sa rencontre. Au premier abord, l'homme ne souhaite pas s'exprimer par peur de représailles. Puis, enfin, après plusieurs minutes de discussions, il se décide : “L'OM, dans cette ville, c'est plus qu'un club, c'est une identité. Il n'y a qu'à voir au fond de mon magasin, je vends des trucs du club, màªme ici dans les quartiers nord. C'est dire l'importance qu'a cette équipe dans notre vie. On ne pourra jamais changer à§a. Par contre, eux changent notre vie. On vit au rythme de l'OM. Mais de là à dire que le club peut nous aider à nous sortir de cette situation, je ne pense pas. Le problème est bien plus profond”.
“L'OM ne me fait pas manger”
Dans les quartiers nord de la ville, qui regroupent les 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements, le taux de chômage dépasse les 20 % en moyenne. De quoi désespérer les plus entreprenants. Un peu plus loin, dans la cité de La Castellane, qui a vu grandir un certain Zinédine Zidane, le décor est encore plus dépaysant. Dernièrement, la police y a effectué une opération coup de poing pour enrayer un trafic de stupéfiants. En pleine rue, deux amis d'une vingtaine d'années, maillot de foot sur le dos, effectuent quelques dribbles. Nous nous approchons pour tenter d'en savoir plus auprès de ces jeunes directement touchés par le fléau de la violence. La réponse est cinglante : “De toute faà§on, ici, c'est la jungle ! L'OM n'y peut rien, sourit “Zelette”. Dans la cité, on vit du business, c'est à§a qui nous rapporte de l'argent. C'est le seul moyen de gagner de la thune vu d'où l'on vient”. Màªme son de cloche chez son ami Kader : “Moi, à§a me fait trop rire quand j'entends les gens dire que le Stade Vélodrome réunit toutes les classes sociales. Les pauvres sont dans les virages, les riches en Ganay. Et après, on nous fait croire qu'il n'y a pas de différences. Y'a juste à regarder le prix des billets pour le voir ! Faut que les gens arràªtent de croire que l'OM peut jouer un rôle dans notre ville. C'est un club de foot, point barre. Rien de plus. Ce n'est pas l'OM qui va nous faire bouffer moi et ma famille. Ils ne peuvent rien pour nous”.
“On a besoin du club”
C'est alors rempli de doutes que nous quittons le quartier. L'OM peut-il réellement avoir un rôle à jouer au sein d'une population qui semble désespérée ? L'espoir revient lorsqu'on effectue un ultime détour par le quartier de La Rose dans le 13e arrondissement. En bas d'un supermarché, nous interpelons Yaya avec ses deux enfants. Lui semble beaucoup plus optimiste à l'idée de voir l'OM s'impliquer pleinement dans son quartier : “On n'en peut plus. On nous stigmatise mais c'est une minorité qui fout la m”¦ Le reste de la population travaille et essaye de s'en sortir. Et je pense qu'au vu de l'impact de l'OM à Marseille et partout en France, les dirigeants pourraient nous aider en agissant pour notre bien. En tous cas, je n'y vois que du positif. Mes enfants vont grandir ici, je n'ai pas envie qu'ils tournent mal”¦”. Mais finalement, le mal pourrait àªtre plus profond et d'ordre national. Car en cette année 2013, Marseille est capitale européenne de la culture. Pourtant, dans ses quartiers délaissés, aucun panneau ne l'indique, contrairement aux autres arrondissements de la ville, décorés et ornés de panneaux aux couleurs de Marseille-Provence. Y aurait-il deux poids, deux mesures dans ce que tout le monde appelle la ville la plus populaire de France ? D'un point de vue moral, une remise en question s'impose”¦
Michaël LESCOT, à Marseille