L'occasion pour le Champion du Monde 1998 de parler de l'équipe de France et du barrage face à l'Ukraine.
Youri, que vous inspirent ces barrages face à l'Ukraine ?
Youri Djorkaeff : On savait dès le départ que les Bleus auraient du mal à se qualifier directement avec l'Espagne dans le groupe. On est obligé d'en passer par les barrages. Pour moi, l'Ukraine est à la portée des Bleus. Ce sera un match difficile mais il arrive au bon moment. Je vois une équipe de France qui fait bloc, qui a un peu plus confiance en elle. C'est bon pour ce type de confrontation”¦
Il y a un statut de favori à assumer ”¦
Oui, ce n'est jamais évident ! Mais il vaut mieux àªtre favori que l'inverse. L'équipe de France par son statut et son passé doit l'àªtre. On a déjà joué des matchs comme à§a. Des matchs pièges. Oui, ce n'était pas les màªmes joueurs mais chaque équipe de France a amené sa pierre à l'édifice. Cela doit rejaillir maintenant !
Faut-il redouter un match du type Bulgarie 1993 ?
Ce sont des situations complètement différentes. 1993, cela nous a aidé pour les campagnes de l'Euro 1996, du Mondial 1998, de l'Euro 2000”¦ Oui, 1993 à§a a été un échec pour notre génération mais c'est aussi à partir de là qu'on a écrit le reste. Aujourd'hui, les Bleus ne sont pas dans la màªme situation. Ils sont dans une dynamique plus favorable : une grosse équipe, beaucoup de sérénit锦 Pour moi, ils doivent passer. Je suis assez optimiste.
« Le désamour est réel, palpable, logique”¦ »
C'est dans ce type de match que les grands joueurs doivent se révéler ?
Les grands joueurs se révèlent à tous les matchs mais ils attendent aussi ce genre de matchs parce qu'ils aiment la pression. Dans l'adrénaline des grands matchs, il y a un goût particulier. Mais un grand joueur fait toujours partie d'une grande équipe. C'est d'abord la grande équipe avant le grand joueur et non l'inverse.
La France se remettrait de rater ce Mondial ?
L'équipe de France, oui. Dans l'histoire du football, il y a toujours des échecs. La France s'en remettra comme elle s'est remis de 1993. Maintenant, pour nous, supporters, ce serait dur”¦ Tout le monde ràªve de la Coupe du Monde. En particulier de ce Mondial-là au Brésil.
Le désamour à l'égard des Bleus peut-il perdurer ?
Le désamour est réel, palpable, logique”¦ Quand, à un moment donné, il y a une accumulation de mauvais résultats et de la mauvaise communication, un décalage se crée”¦ Mais il n'y a pas que à§a. Les gens ne sont pas dupes. Ils regardent la télé, voient ce qu'il se passe sur le terrain”¦ S'il y a un désamour aujourd'hui, ce n'est pas par rapport aux déclarations des uns ou des autres. C'est d'abord ce qui passe sur le terrain. Revenons aux bases, qualifions-nous ”¦ La reconquàªte du public se fait par petite dose. à‡a ne doit pas àªtre forcé ! Si on va à la Coupe du Monde, je suis persuadé qu'il y aura tout un peuple derrière son équipe.
Vendredi, vous serez où ?
A Décines, chez mon père, devant la télé à supporter les Bleus.
Recueilli par Alexandre CORBOZ, à Décines.