Equipe de France
Affaire Benzema – OPINION Manifeste pour un foot sans politique
Encore une fois, un Ministre tente de dicter la marche à suivre au sélectionneur national Didier Deschamps sur l’affaire Benzema – Valbuena.
Trop, c'est trop.
S'en est lassant. Manuel Valls avait déjà largement outrepassé ses fonctions de Premier Ministre en évoquant l'affaire de la sextape pour laquelle Karim Benzema a été mis en examen. Patrick Kanner, notre très cher Ministre des Sports, s'est lui aussi permis, lundi, de donner son avis sur la question et de prôner une mise à l'écart maintenue de l'attaquant du Real Madrid malgré la levée par la justice du contrôle judiciaire. Des propos qui ont poussé une nouvelle fois Manuel Valls à sortir du bois … Et Karim Benzema à réagir.
Peu importe nos positions sur l'affaire Benzema – Valbuena, cette nouvelle « intrusion » des hommes politique dans le paysage du football franà§ais est de trop. Déjà parce que nos « politiques » sont censés s'occuper de choses autrement plus sérieuses que des choix du sélectionneur national Didier Deschamps ou de son président à la FFF Noël Le Graët. Comme l'a très justement souligné l'UNFP dans son communiqué hier, « on se croirait presque revenu quelque six ans en arrière quand la secrétaire d'Etat aux Sports (Roselyne Bachelot, NDRL) condamnait les « révoltés » de Knysna à la radiation à vie ».
Ministère du café commerce, un nouveau poste à Matignon ?
Avoir des responsabilités politiques ne veut pas dire se substituer à la justice ou la rendre en se prenant pour Salomon. Karim Benzema répondra de ses actes en temps voulus devant les tribunaux (qui le condamneront ou non comme ce fut le cas lors de l'affaire Zahia où, mis en examen, il avait été relaxé). En attendant, nos fabuleux « ronds de cuir » – dont l'unique compétence aujourd'hui sur le ballon rond se résume à publier des arràªtés préfectoraux sans queue ni tàªte – feraient mieux de s'occuper des affaires du pays que de participer aux questions du café commerce. Encore une fois, l'UNFP a très bien résumé la chose : « Que diraient les politiques si, pour telle ou telle raison, le monde sportif venait à dire, à tout bout de champ, qu'untel ou untel ne devrait pas ou plus àªtre ministre ? »
Et si la FIFA nous punissait pour à§a ?
Cette pression indirecte du gouvernement est en soi une faute condamnable aux yeux de la FIFA. C'est écrit dans l'article 13.1i. des statuts de l'organisme international : la FFF doit « diriger (ses) affaires en toute indépendance et veiller à ce qu'aucun tiers ne s'immisce dans leurs affaires » et l'article 13.3 va màªme plus loin : « La violation de l'al.1i entraà®ne également des sanctions, màªme si l'ingérence du tiers n'est pas imputable au membre concerné ». Par le passé, des pays ont payé d'une suspension d'avoir vu leurs hommes politiques vouloir contrôler le sens dans lequel tournait le ballon rond. En France, nous ne sommes ni dans une République bananière, ni dans une dictature. Alors, de grâce, Messieurs les Ministres, hommes et femmes politiques de tous bords confondus, ne donnez pas votre avis sur un sujet qui n'est pas de votre compétence ni de vos responsabilités.
Alexandre CORBOZ