Lundi 30 septembre, un conseil d’administration extraordinaire du FC Barcelone a validé les comptes pour la saison 2023-24 et arrêté ceux pour celle en cours. La plupart des voyants sont désormais au vert, après des années à flirter avec la banqueroute. Le club a enregistré de nouveaux records pour les rentrées publicitaires (210 M€), pour le merchandising (110 M€, +72% par rapport à 2018) et de profits sur les transferts (+80 M€), le tout en allégeant la masse salariale de 170 M€, puisqu’elle est passée de 670 M€ à 500 M€.
Elu en mars 2021 alors que le pronostic vital du patient blaugrana était engagé suite à la gestion calamiteuse de Josep Maria Bartomeu, Joan Laporta a fait le taf. Il fallait un bulldozer pour déminer le terrain catalan, il l’a été, en commençant par la tâche la plus ingrate et improbable qui soit : mettre Lionel Messi à la porte. Cela lui a valu la haine éternelle du clan de l’Argentin ainsi que l’inimitié de nombreux socios mais il s’agissait d’un mal nécessaire pour espérer redresser les finances. Après quoi, Laporta et son équipe ont actionné divers leviers financiers pour épurer la dette et relancer la machine, tout cela en lançant le chantier de rénovation du Camp Nou. Cette mission aussi impossible qu’ingrate, Joan Laporta l’a menée à bien et il faut lui reconnaître ce mérite.
De Jong, la face sombre de la gestion Laporta
Mais il y a tout le reste, tous ces à-côtés négatifs qui ternissent l’image du club. Et le plus parlant a été l’interview de Frenkie De Jong à Barça One, dont des extraits ont été diffusés dimanche 28 septembre. Dedans, le Néerlandais, qui se remet d’une longue blessure, regrette toutes les rumeurs fausses qui ont circulé sur son compte, de son salaire annuel estimé à 37 M€ à sa prétendue volonté de ne pas se faire opérer de sa cheville douloureuse, ce qui aurait retardé son retour à la compétition. De Jong dit tout cela avec beaucoup de sérénité et le sourire aux lèvres. Pourtant, dans sa situation, il y aurait de quoi être en furie contre la direction du club. Car qui fait fuiter ce genre de ragots auprès des médias dans le seul but de le faire partir ? A l’image de ce qu’a fait Bartomeu en son temps, Laporta n’hésite pas à verser dans la diffamation pour servir ses intérêts et ceux du club. Il fait pareil avec Xavi, accusé aujourd’hui de ne pas avoir su préparer physiquement ses troupes ou d’avoir mal géré Pedri, alors que la direction était prête à tout pour le prolonger au printemps…
Dénigrer ainsi ses joueurs n’est pas digne d’un club comme le FC Barcelone. Et s’il n’y avait que ça ! Depuis son retour au pouvoir, combien de fois Joan Laporta a-t-il menti en assurant que le club était de retour au sommet et que ses ennuis financiers étaient terminés ? Encore cet été, alors qu’il tentait de ferrer Nico Williams, il jurait que c’était bon avec le fairplay financier, que le Barça pouvait recruter comme il voulait. C’était un mensonge, un de plus… Pourquoi tenter de vendre du rêve alors que tout le monde est pleinement conscient de la réalité économique du club ?
Il est trop obnubilé par le Real Madrid
Cette volonté d’attirer des stars, qu’il a depuis son premier mandat, est incompréhensible car le FCB voit émerger une génération incroyable. Son potentiel jeunes est le plus intéressant d’Europe, Hansi Flick pourrait sans problème aligner une équipe compétitive 100% issue de la Masia. Mais Laporta continue de vouloir recruter à prix fort des joueurs pour faire parler de son club et ne pas donner l’impression qu’il s’est laissé distancer par le Real Madrid. Ça donne un Ferran Torres recruté pour 55 M€ en janvier 2022 alors que le club était au bord du précipice. Un Torres qui floppe depuis bientôt trois et a exaspéré tous les supporters samedi dernier lors de la défaite à Pampelune (2-4)…
Laporta semble oublier que depuis quarante ans, le FC Barcelone, c’est avant tout un style, celui imposé par Johan Cruyff. Et les meilleurs ambassadeurs de ce style sont les pépites de la Masia, élevées au bon grain du 4-4-3 depuis leur plus jeune âge. Plutôt que de vouloir dépenser des fortunes dans des stars pas du tout adaptées à ce football (on pense au pauvre Lewandowski, qui n’est toujours pas à l’aise avec ce jeu, malgré ses buts), le président du Barça devrait faire en sorte de revenir aux fondamentaux ayant permis au club de sortir de l’ombre du Real Madrid depuis la fin des années 80. Mais on doute que ce soit sa volonté, obnubilé qu’il est par les lumières des gros transferts. C’est pourquoi, même si les prochaines élections n’auront lieu qu’en 2027, on a envie de dire « Merci pour les travaux, Joan, mais il est temps de laisser la place » !
