Real Madrid : l’incroyable lettre d’un rugbyman qui se paye Cristiano Ronaldo comme personne

La semaine dernière, après la courte victoire du Real Madrid en Bulgarie contre Ludogorets, l'attaquant portugais avait critiqué la pelouse locale, en la comparant à un vulgaire « champ de patates digne d’un terrain de rugby ». Il n'aurait pas dû. Alerté par cette douce moquerie, Fermin de la Calle, journaliste mais aussi joueur de rugby, lui a destiné une lettre pour lui expliquer toutes les valeurs de son sport de prédilection. Une leà§on de morale fine, sur les footeux en particulier et le football en général qui vaut le détour. La voici, traduite dans son intégralité :

« Cher Cristiano,

J'ai pris connaissance de tes malheureuses déclarations affirmant que tu avais joué sur un terrain de rugby parce qu'un adversaire t'avait donné un coup par derrière sans se soucier du ballon. Je voulais t'éclairer sur le fait qu'au rugby, il est formellement interdit de frapper un adversaire et que toute action de ce type est sanctionnée d'une expulsion. Si le joueur est exclu, en plus d'àªtre sanctionné par son club et les instances, il doit faire ses excuses dans le vestiaire à ses coéquipiers pour les avoir laissés en infériorité numérique et avoir hypothéqué le travail de toute une semaine.

Le rugby est un sport de contact, dur et agressif, mais jamais violent. Il existe une règle de bonne conduite que nous respectons tous scrupuleusement. C'est pour cela que tu ne verras jamais un joueur de rugby simuler une faute ou une agression. On a l'habitude de dire que le seul mensonge permis pour un rugbyman est qu'il dise au médecin qu'il va bien pour continuer à rester sur le terrain. La semaine dernière, par exemple, un joueur a reà§u un coup dans le visage, une partie de sa pommette a été déchiquetée et il a continué à jouer pendant une heure pour que son équipe ne soit pas pénalisée.

Tu auras remarqué que nos maillots ont des numéros mais pas de noms parce que ce n'est pas important pour nous. L'important, c'est juste que chacun fasse son travail, seulement son travail, mais tout son travail. C'est pour cela que quand nous inscrivons un essai, personne ne le célèbre en criant son nom. Nous le fàªtons avec les coéquipiers mais nous ne délivrons jamais de Ballon d'or et n'avons pas màªme de Pichichis. De plus, nous appelons toujours l'arbitre « Monsieur » et ce sont seulement les capitaines qui lui parlent. Nous ne l'accusons jamais de la défaite parce que nous sommes conscients que nous nous trompons plus souvent qu'eux.

Je te dirai aussi qu'au rugby, la continuité prime sur le reste, la philosophie de jeu impose de toujours laisser vivre le ballon. C'est pour cela que quand tu vois un placage, le plaqué a l'habitude de laisser le ballon pour le libérer. Le ballon doit toujours àªtre en jeu pour que ce soit toujours le meilleur qui gagne à ce petit jeu. L'anti-jeu est sévèrement puni, sanctionné avec exemplarité pour que l'on ne voit jamais des joueurs perdre du temps ou simuler des blessures.

Au rugby, le rival est un adversaire sur le terrain mais un compagnon en dehors. Il n'est jamais notre ennemi parce que nous avons une passion en commun et un code de conduite que nous respectons au-delà du terrain. C'est pour cela que nous faisons une haie d'honneur en fin de match, que l'on gagne ou que l'on perde et que nous partageons une boisson mousseuse lors de la troisième mi-temps.

Pour tout à§a, Cristiano, je crois que ta déclaration fut maladroite, juste par méconnaissance de notre sport. Aussi, je t'invite à assister à un match de rugby où et quand tu voudras. Tu seras toujours le bienvenu, toi et qui tu veux. Et, évidemment, tu seras invité à partager une boisson mousseuse lors de la troisième mi-temps. Sans rancune, santé et rugby »

JP